Le Conseil de sécurité de l’ONU planche ce jeudi 26 mars sur le mandat de la Mission de Nations Unies pour la stabilisation du Congo, MONUSCO en sigle. Au moment où le processus électoral semble enclenché avec moult incertitudes et des risques réels d’explosion, la décision qui viendra de New-York City revêt une importance capitale sur l’évolution de la situation politique en RDC. Pour ne pas subir les événements, Samy Badibanga Ntita, président du groupe parlementaire UDPS et Alliés a, d’ores et déjà, pris les devants en vue de faire entendre la voix de l’opposition congolaise au plus haut niveau de l’organisation mondiale.
Leader de l’opposition parlementaire congolaise, Samy Badibanga Ntita a déployé une grande activité diplomatique à la veille de la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en République Démocratique du Congo. Ainsi, après le Quai d’Orsay et le Foreign Office – ministères des Affaires étrangères respectifs de France et de Grande Bretagne – il s’est rendu à Washington aux Etats-Unis à l’invitation de la Cohen & Woods International, aux côtés d’autres opposants congolais. La délégation des opposants de la RDC a été reçue le 9 mars 2015 au Département d’Etat par David Gilmoor, sous-secrétaire d’Etat en charge des Questions africaines. Par la suite, ils ont participé à un déjeuner-conférence à l’Atlantic Council avec des notabilités américaines du monde politique, intellectuel et scientifique, avant d’être reçus au Congrès. Accompagné de tout le staff américain en charge des Grands
Lacs africains, David Gilmoor a rencontré Samy Badibanga le 10 mars pour mieux approfondir les questions abordées la veille.
Constitution respectée
Le mercredi 11 mars 2015, c’est au tour de Mme Michelle Thoren Bond, Acting assistant du Secrétaire d’Etat et donc responsable du Bureau diplomatique au Département d’Etat, de recevoir à son tour Samy Badibanga. Tous ces interlocuteurs américains se sont montrés très impressionnés par les événements du 19 au 21 janvier 2015 par lesquels des manifestations populaires réprimées dans le sang ont empêché le pouvoir en place d’adopter un calendrier électoral qui conditionnait la tenue de la présidentielle à l’organisation du recensement de la population. Ils ont également échangé sur le processus électoral en cours ainsi que le calendrier qui le sous-tend. Avec le leader congolais, ils ont aussi fait le point sur l’état des droits de l’homme et des libertés des citoyens en RDC, ainsi que sur la volonté du peuple congolais de voir la Constitution du pays respectée.
Après Washington, cap sur New York City où Badibanga a porté la voix de l’opposition congolaise au plus haut niveau. En effet, le vendredi 13 mars 2015, en l’absence de Ban Ki-Moon parti inaugurer la Troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction de risque de catastrophe à Sendai au Japon, il a conféré avec le chef de cabinet du SG de l’ONU, Mme Suzanna Malcorra. Au menu des entretiens : le respect des droits de l’Homme, le renouvellement du mandat de l’ONU, et le processus électoral avec le calendrier actuel contesté.
Clarification du mandat
Sur ce, le député élu de Kinshasa/Mont-Amba a plaidé pour le renouvellement certes, mais avec une nette clarification du mandat de la MONUSCO. Selon lui, au regard de la situation actuelle caractérisée par les opérations contre les FDLR, la présence des ADF-NALU, l’insécurité à Beni, la multitude des groupes armés tels que ACPLS, Raïa Mutomboki, Raïa Mugombozi et d’autres, ainsi que les élections qui profilent à l’horizon dont l’opposition appréhende des contentieux et des troubles, en plus de la problématique du découpage du pays en 26 provinces, il est impérieux de maintenir un contingent important de la MONUSCO en RDC. Avant d’ajouter que, même si certains réclament la fin de cette mission, il ne faudra pas retirer plus de 10% (soit 2.000 hommes) du contingent actuel, mais ne se limiter qu’au personnel non essentiel. Sur le même sujet, Samy Badibanga a soutenu que, conformément aux résolutions 2098 et 2147 du
Conseil de sécurité, le rôle du Représentant du SG de l’ONU doit être maintenu et renforcé pour ce qui est de sa mission de bons offices, afin de lui permettre de lancer des discussions sérieuses entre la majorité, l’opposition et la société civile, en vue d’élections libres et transparentes avec la fixation d’un nouveau calendrier réaliste.
Concernant les élections elles-mêmes, Samy Badibanga a, dans un premier temps, soutenu que le processus électoral doit se tenir en conformité avec la Constitution de la RDC. Ensuite, il est important de se consacrer aux élections dont les délais sont fixés par la Constitution, c’est-à-dire la présidentielle. En clair, tout doit converger vers un objectif majeur : la tenue de l’élection présidentielle à la date prévue par la loi fondamentale du pays.
Après ce vigoureux plaidoyer, les yeux des Congolais restent tournés vers New York City. Aujourd’hui dans la soirée, le Conseil de sécurité fera connaître sa décision qui aura, dans un sens ou dans un autre, des conséquences sur le futur proche de la RDC.
B.M.
(C.P.)