Révision constitutionnelle

Mardi 16 septembre 2014 - 13:38

Image retirée.La rentrée parlementaire et l’éternel débat autour de la révision constitutionnelle sont les deux principaux sujets qui ont retenu l’attention des quotidiens kinois, ce mardi 16 septembre 2014. En effet, ce vieux débat était au cœur des discours prononcés au cours de la cérémonie officielle de rentrée des deux chambres du Parlement, qui s’est tenue hier à Kinshasa. Selon la presse, si le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, a clairement exprimé son opposition à toute modification des articles «verrouillés» de la constitution, notamment l’article 220, son homologue de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, quant à lui, a plutôt choisi de rester nuancé, et de s’en remettre à la décision du peuple, qui demeure, selon lui, «le souverain primaire de tout processus constitutionnel».

Révision constitutionnelle

Selon La Référence Plus, pendant queKengo dit non, Minaku reste indécis. Dans son argumentaire, le président de la chambre haute du Parlement a rappelé que les délégués aux Concertations nationales s’étaient mis d’accord pour sauvegarder le pacte républicain par le strict respect de la constitution, nous dit le journal. «Il ne faut pas tirer prétexte de la révision constitutionnelle pour aboutir à un changement de constitution : cela n’est pas prévu par la constitution en vigueur», a soutenu le président du Sénat, qui se demande aussi comment une constitution qui prévoit des dispositions intangibles peut autoriser les institutions issues d’elle de modifier lesdites dispositions sans tomber dans un cas flagrant de violation intentionnelle de cette constitution. En tant que juriste, Kengo Wa Dondo estime que toute modification de l’article 220 de la constitution correspond à la violation de cette constitution. Pour rappel, l’article 220 stipule que «la forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre de mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle [...]». La Reference Plus souligne que Kengo wa Dondo a ainsi rejoint de nombreux autres Congolais qui se sont prononcés contre la révision des «dispositions intangibles» de la constitution.

La Tempête des Tropiques abonde dans le même sens et souligne que, en tant que co-président des
Concertations nationales, Kengo wa Dondo a attesté que tous les délégués à ces concertations s’étaient mis d’accord et s’étaient engagés à consolider la cohésion nationale et à sauvegarder le pacte républicain, notamment par le strict respect de la constitution, particulièrement dans ses dispositions voulues intangibles. Pour soutenir son argumentaire, le président du Sénat a cité un passage du discours que le Président Kabila avait prononcé à l’occasion de la clôture des concertations nationales : «Comme les délégués à ces assises, je suis pour le respect par tous de l’esprit et de la lettre de la constitution de la République dans son ensemble, telle qu’adoptée par le référendum populaire de 2005», avait dit le Président Kabila. Par conséquent, Kengo wa Dondo invite la classe politique congolaise au respect des engagements, à la culture de la paix et de la réconciliation, à l’esprit de tolérance et d’alternance.

La Tempête des Tropiques souligne que, contrairement au président de la chambre haute, celui qui dirige la chambre basse du Parlement entretient le flou. Selon ce journal, Aubin Minaku a déclaré que l’agenda de l’Assemblée nationale prévoit l’examen et l’adoption du projet de loi relatif aux élections des députés provinciaux, qui appelle au préalable une révision constitutionnelle touchant l’article 197. Le quotidien ajoute que M. Minaku a précisé que dans la mesure où son bureau n’a reçu aucune demande de révision concernant les autres articles de la constitution, il ne saurait programmer une séance dans ce sens. « En tant que représentants directs du peuple, nous allons trancher par adoption ou rejet des projets de lois concernés par les enjeux de l’heure», a dit le président de la chambre basse du Parlement, au cours de la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire.

Pour sa part, Le Palmarès évoque la rupture annoncée entre Kengo et Minaku. «Le duel au couteau faisant rage entre la Majorité et l’Opposition autour de la révision constitutionnelle a éclaté hier et menace la cohésion du parlement», indique le journal qui rapporte que, «au nom de sa famille politique, Minaku a attaqué et prévenu que rien n’était impossible tant que l’on s’en remet au peuple». Pendant ce temps, «relayant le discours de l’Opposition, Kengo a dénoncé avec véhémence tout projet visant à toucher aux articles verrouillés». Le quotidien souligne que « la hache de guerre est loin d’être enterrée. Kengo et Minaku ont porté devant l’opinion la réalité du grand duel de l’ombre qui se déroule en ce moment entre la Majorité et l’Opposition». Le journal conclut que «à ce rythme, il y a risque de voir cohabiter au sein du gouvernement de cohésion nationale deux thèses antagonistes qui vont finalement constituer une menace sérieuse pour la suite du processus».

 

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