Kinshasa - Un soldat congolais et un rebelle ougandais ont péri mardi soir dans l'attaque d'une position militaire près de Beni, localité de l'est de la République démocratique du Congo théâtre d'un récent massacre qui s'apprête à accueillir le président Joseph Kabila.
Les ADF (Forces démocratiques alliées, rébellion islamiste ougandaise) sont venus attaquer le camp de Mayi-Moya. Ils sont venus en commençant à tirer. Heureusement, les militaires étaient prêts et les ont repoussés rapidement. Un ADF a été abattu, a déclaré à l'AFP Amisi Kalonda, administrateur du territoire de Beni, situé dans l'instable province du Nord-Kivu.
Une source officielle a confirmé à l'AFP une attaque (...) par les ADF à Mayi-Moya (40 km au nord de Beni), précisant que le bilan était de un militaire tué et un rebelle ADF tué.
Ce bilan a été confirmé par le président de la fédération d'associations Société civile de Beni, Teddy Kataliko.
Il a ajouté qu'une autre attaque avait ciblé une station essence à Ngadi, près de Beni, où un militaire et un rebelle auraient là aussi été tués. La source officielle n'a évoqué de son côté que quelques tirs sur des citernes de carburant pour les faire exploser.
Les deux attaques, contre la position militaire et la station essence, se sont déroulées presque simultanément, selon cette source.
Les ADF sont actifs depuis 1995 dans une région montagneuse du territoire de Beni où ils se livrent à de lucratifs trafic, notamment de bois, et commettent de graves exactions (meurtres, enrôlement d'enfants, pillages...) contre les civils.
Depuis janvier, l'armée et la mission locale de l'ONU (Monusco) ont attaqué plusieurs fois la rébellion, qui en est sortie affaiblie mais reste nuisible. En octobre, elle a été accusée d'une série de massacres ayant fait environ 80 morts en moins de deux semaines, dont une trentaine à Beni même.
Beni s'apprête à accueillir le président Joseph Kabila, en tournée depuis samedi dans la région, qui ne s'est pas exprimé publiquement depuis les massacres.
Plusieurs haut responsables sont présents à Beni pour attendre le chef de l'Etat. Les forces de sécurité sont largement déployées dans la ville et ses environs.
On a observé un relâchement des opérations militaires contre les ADF depuis juillet. On attend du président qu'il les relance, souligne M. Kataliko, regrettant une visite tardive.
Pour le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, les attaques de mardi ne sont pas liées à la visite présidentielle. Pour lui, les ADF veulent briser le mariage entre les FARDC (armée congolaise) et la population, et entre la population et la Monusco, en démontrant que toutes les forces en présence sont incapables de protéger les civils.
La semaine dernière, après les massacres, la Monusco a été la cible de violentes manifestations dans le territoire de Beni.
La foule en colère demandait le départ de la Monusco, qui dispose de quelque 20.000 hommes, essentiellement déployés dans l'Est, pour neutraliser les dizaines de groupes armés locaux et étrangers qui y sévissent depuis parfois deux décennies.
(©AFP / 29 octobre 2014 10h44)