Des agents de la prison de Kinshasa ont tenté samedi matin de retirer aux détenus leur poste de télévision pour qu'ils ne s'inspirent pas de la révolution qui a poussé à la démission le président du Burkina Faso, selon des sources concordantes.
"Vers 5H30 (04H30 GMT), les responsables de la prison ont (commencé) à confisquer les téléviseurs dans les cellules au motif qu'ils permettaient aux détenus de suivre la situation politique au Burkina Faso", a déclaré à l'AFP un détenu de la centrale de Kinshasa.
"Mais lorsqu'ils sont arrivés au pavillon 2 - le plus explosif, où sont logés des officiers, des gens qui ont fait la guerre, des condamnés à morts - ils ont rencontré une résistance farouche. Ces officiers ont refusé de céder leurs téléviseurs et ont menacé tout ceux qui tenteraient de venir les prendre", a-t-il ajouté.
Selon lui, cette situation a créé une vive tension et "obligé les responsables de l'administration pénitentiaire à rendre les téléviseurs déjà confisqués".
L'information a été confirmée à l'AFP par un avocat d'un détenu.
"C'est exact. Des agents (...) ont ordonné qu'on saisisse tous les téléviseurs dans les cellules privées ou dans les hangars. Mais il y a eu une réaction de la part de certains détenus qui ont menacé même de faire une mutinerie", a-t-il dit, sous couvert d'anonymat.
Les agents, qui ont renoncé après ces menaces, "n'ont pas expliqué (le motif de la mesure) mais d'autres agents ont confié à certains détenus qu'un ordre est venu d'en haut pour qu'ils ne puissent pas suivre les événements au Burkina Faso."
Interrogée, une source pénitentiaire s'est contentée de rire.
Même réaction chez un responsable du ministère de la Justice. "Non, il n'y a pas eu de directives de genre-là. C'est faux. C'est peut-être une initiative personnelle, mais je ne pense pas: comment peut-on retirer aux gens leur télévision ? Les gens sont en train de spéculer."
Le président burkinabè Blaise Compaoré a été poussé vendredi à la démission par une insurrection populaire, après 27 ans au pouvoir.
La RDC doit entamer en 2015 un cycle d'élections qui doit s'achever en 2016 par la présidentielle. Le chef de l'Etat congolais Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut pas briguer un troisième quinquennat, selon la Constitution actuelle, mais l'opposition soupçonne le camp présidentiel de vouloir la modifier.
Depuis la chute de M. Compaoré, plusieurs opposants ont appelé les Congolais à prendre exemple sur les Burkinabè.
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