Moïse Katumbi, le puissant gouverneur du Katanga, a annoncé samedi qu’il quitterait toute fonction dans la province, à la suite de la loi de découpage territorial en RDC. Mais pas qu’il se retirait de la vie politique…
L’annonce a provoqué la stupéfaction de ses supporteurs. Samedi 7 mars, Moïse Katumbi, le populaire gouverneur du Katanga – la plus riche province et la deuxième plus vaste du pays - a annoncé publiquement qu’il allait quitter ses fonctions officielles.
Cette décision ne dépend certes pas que de lui : le 2 mars, le président Joseph Kabila a promulgué la loi de découpage territorial (prévue dans la Constitution de 2006), qui doit diviser les onze provinces du pays en vingt-six nouvelles entités, dans un délai de 120 jours.
Celle-ci prévoit notamment le démentèlement du Katanga tel qu'on le connait aujourd'hui. En outre, selon son entourage, Katumbi ne briguera pas le nouveau gouvernorat du Haut-Katanga qui, avec Lubumbashi pour chef-lieu, aurait pu être un point de chute.
Ce nouvel épisode ne marque toutefois pas la fin de sa carrière politique. On prête en effet à ce riche homme d’affaires, propriétaire du Tout-Puissant Mazembe (le club de football le plus réputé du pays) des ambitions en vue de la prochaine élection présidentielle. Katumbi ne les a jamais confirmées publiquement, mais il ne se prive pas de faire entendre une voix discordante au sein de la majorité présidentielle.
Aura dans l'opposition
Frondeur, il avait ainsi fait connaître – par une métaphore footballistique - son opposition à un troisième mandat du président Kabila, qui aurait supposé de changer de Constitution.
Les deux hommes se sont rencontrés pendant près de deux heures, le 27 février à Kinshasa. Mais Katumbi est resté ferme sur cette question, assure son entourage. Bien qu’il soit toujours membre du présidentiel, il a pris ses distances avec plusieurs de ses caciques et ses interventions lui valent une certaine aura dans l’opposition.
Au Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba (toujours en détention à la Cour pénale internationale), on reconnait son poids, notamment électoral.
Quant à Vital Kamerhe, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), il a déclaré en janvier au Financial Times (la bible des anglo-saxonne des milieux d’affaires) que "tout dépend[ait] de Moïse Katumbi : il va décider de l’élection".
Si Katumbi a annoncé qu’il quittait un gouvernorat, il n’a pas annoncé son retrait de la vie politique.