Les menaces à l’endroit des diplomates ne sont certes pas la meilleure arme pour soigner l’image du Congo. Au contraire, elles témoignent des dérives dictatoriales attestant de la décadence d’un régime aux abois.
Dimanche dernier, Joseph Kabila a convoqué un nombre important d’ambassadeurs et de principaux bailleurs de fonds traditionnels de la RDC à son cabinet de travail du Palais de la nation !
Le prétexte vite trouvé pour justifier la convocation de cette rencontre diplomatique hautement contreproductive, c’est la décision courageuse prise par la MONUSCO de retirer son appui aux opérations de désarmement forcé des ex-forcés armées rwandaises et des miliciens lnterahamwe désormais regroupés au sein des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) à cause de la présence de deux officiers généraux congolais très compromis, mais curieusement alignés dans l’équipe de commandement de l’opération à enclencher!
Mais les vraies raisons à la base de la convocation de cette rencontre sont plutôt à trouver dans la position de refus de l’immense majorité de diplomates accrédités à Kinshasa de cautionner les initiatives du régime politique en place tendant à changer complètement les règles du jeu démocratique à la veille des échéances électorales annoncées dans le pays.
Indépendance et souveraineté discutables !
En effet, au cours de cette réunion, Joseph Kabila est revenu plusieurs fois sur les fameux principes régissant les rapports entre les Etats (respect de la souveraineté et de l’indépendance du pays d’accréditation).
En fait des leçons unilatérales qui ne se sont nullement préoccupées de la réciproque en refusant notamment d’indiquer que les diplomates n’étaient pas des figurants de théâtre mais des agents très actifs œuvrant dans l’intérêt bien compris de leurs Etats respectifs !
En fait, des leçons unilatéralement dispensées aux diplomates accrédités à Kinshasa et relayées par la suite avec très peu d’élégance de forme par le ministre en charge de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement, celles-ci avaient pour but d’intimider, pour ne pas dire de museler les dignes représentants et témoins des Etats qu’ils sont.
Mine de rien, Joseph Kabila, par le biais de la rencontre convoquée en son cabinet dimanche dernier, a accentué inutilement la méfiance de la communauté internationale à son endroit et à l’endroit de son régime qui n’a pas besoin de multiplier le nombre de ses ennemis à la veille de sa disparition annoncée.
Il y a lieu de rappeler que chaque fois qu’il se trouve le dos au mur devant certaines de ses maladresses devenues légendaires, le régime en place ne s’empêche pas d’invoquer l’indépendance et la souveraineté de la RDC qui restent pourtant très discutables à bien des égards devant l’Eternel.
En effet, que deviennent cette indépendance et cette souveraineté lorsque la RDC attend 1 milliard 200 millions de dollars de l’étranger pour organiser ses élections avant 2016?
Par KAMBALE MUTOGHERWA