RDC: qui est derrière les récentes tueries à Béni?

Jeudi 6 novembre 2014 - 11:02

La situation est toujours tendue à Béni, dans l’est de la République démocratique du Congo. Lundi après-midi, l’armée congolaise a affronté des assaillants qui se trouvaient dans le secteur où onze personnes ont été tuées dans la nuit de samedi, par balles et à coups de machette. Qui sont ces mystérieux assaillants ? Reportage dans le quartier Muzambaï, théâtre de la tuerie.
Méthodiquement, une quinzaine d’hommes abat tous les palmiers qui se trouvent sur son passage. « Mesure de protection », explique l’un d’eux : « Les bandits se cachaient ici. Par mesure de prudence, pour notre sécurité, il faut qu’on abatte ces palmiers. Surtout pour mieux voir. » Mieux voir, car les assaillants de samedi, qui étaient plus d’une quinzaine, en uniforme militaire de l’armée congolaise selon plusieurs témoins, seraient arrivés par les champs qui se trouvent derrière les maisons de ce quartier périphérique pour se ravitailler au marché.

« Ils m’ont saluée et demandé si je vendais du sel, tout en m’éclairant avec une torche, explique une femme. C’est alors qu’un militaire qui était à côté leur a demandé qui ils étaient. L’homme l’a éclairé, il a vu qu’il s’agissait d’un militaire, il a alors tiré deux fois sur lui. Tout le monde a fui ». Dans quelle langue s'exprimaient-ils ? « En swahili, avec un accent rwandais ».
Une autre femme, qui s’était réfugiée chez elle, raconte avoir vu les assaillants repartir les bras chargés. « Je les ai vus repartir vers les champs en transportant des paquets. Arrivés à la hauteur de ma maison, ils ont éclairé et demandé : "Tu dors ?" Ils parlaient swahili avec un accent rwandais ».
Chaque témoin fait cette même réponse. Il y a quinze jours déjà, lors d’une autre attaque à Béni, qui avait fait 30 morts, deux témoins évoquaient l’usage du kinyarwanda. Mais pour le maire de Béni, Bwanakawa Nyonyi, il est trop tôt pour tirer des conclusions : « Un accent rwandophone peut être pris par n’importe qui ».
Reste que les autorités avouent explorer de nouvelles pistes sur ces dernières attaques, par exemple de possibles collaborations entre des rebelles ougandais ADF et des ex membres du M23, ou un autre groupe.
L’accrochage entre l'armée et les assaillants dans ce quartier s’est poursuivi dans la nuit de lundi à mardi. Pas de bilan officiel encore, mais une femme kidnappée la veille aurait été libérée, selon la société civile.
LRP

 

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