Le Collectif des Ong de la jeunesse féminine (Cojef) a organisé dernièrement au quartier Mitendi dans la commune de Mont-Ngafula, une journée de sensibilisation sur la protection de la fille. Au cours de cette cérémonie, une centaine des jeunes filles réunies au sein de cette plate-forme ont dit " non aux mariages et grossesses avant 18 ans d’âge ".
Placée dans le cadre d’une vaste campagne, dénommée " Non aux mariages et grossesses avant 18 ans à Kinshasa ", cette initiative a démarré le 11 juillet dernier (Journée mondiale de la population) et devait se clôturer le 11 octobre 2015 (Journée mondiale de la fille) a ciblé dans sa phase expérimentale, la commune de Mont-Ngafula, où 150 enfants-parents ( filles-mères de moins de 18 ans ) sont présentement identifiés ainsi que leurs progénitures, victimes d’une pire forme de violences sexuelles et violences basées sur le genre.
Pendant deux heures, les participants, notamment les représentants des Comités de développement (Codev), des relais communautaires, des serviteurs de Dieu, des chefs d’établissements scolaires, des parents et des filles-mères précoces ont débattu de cette problématique largement motivée par la présidente nationale du Cojef, Mlle Raïssa Kangamotema.
Un panel d’experts, constitué du Prof Deogratias Wala, Mme Mamy Kanku, Me Serge, Dr Guylain Kalema, respectivement Recteur de l’Université Académie Chrétienne pour le Développement implantée à Mitendi, promotrice de l’Ong Don’t Cry, impliquée dans la promotion et la protection des filles-mères, Avocat, ont développé chacun un des aspects particuliers de la problématique " mariages et grossesses précoces ".
Justifiant les raisons qui ont motivé le choix de cette cible, la présidente nationale du Cojef, Raïssa Kangamotema, a relevé notamment le respect des engagements pris par la RDC à travers différents cadres légaux internationaux et nationaux qui tous, recommandent la protection des filles et des enfants.
LEGISLATEURS ET ACTEURS SOCIO-POLITIQUES INTERPELLES
Des chaudes discussions ont eu lieu au sujet des contradictions observées dans certaines dispositions relatives aux droits de l’enfant entre la réalité sur terrain, la Constitution et le code de la famille. Ainsi que dans la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant particulièrement en ce qui, concerne l’âge nubile et le mariage des enfants.
De témoignages des enfants-parents présents dans la salle, ont mis à nu des insuffisances dans l’applicabilité des lois et l’inadaptation du Code de la famille.
L’avocat, appelé à éclairer la lanterne de l’assistance sur la protection judiciaire et pénale, s’est plus appuyé sur les dispositions jugées controverses du Code de la famille qui soutiennent que " le mineur est émancipé de plein droit par le mariage même à 14 ou 15 ans », " après consentement des familles et appréciation des organes de la loi.
De son côté, Madame Mamy Kanku, qui s’est planché sur la protection sociale a interpellé indistinctement toutes les parties prenantes à la protection de la fille quant à leur responsabilité face aux conséquences multiformes et multisectorielles de la question.
Dr Deo Gracias Wala a relevé les méfaits des mariages et grossesses précoces sur l’éducation des filles en dehors de l’école. Il a également montré comment cette question de mariage et grossesse précoce est une menace à l’évangélisation en tant que plan du salut des hommes. Une menace à l’intégrité et à la dignité humaine de la fille.
Pour sa part, Dr Guylain Kalema a souligné que les mariages et les grossesses avant 18 ans ne sont pas à encourager. Car, soutient-il, ils ne favorisent pas l’amélioration de la santé maternelle. A cet âge-là, note Dr Kalema, les tissus et organes de la fille ne sont pas forcément arrivés à maturité. Ils peuvent subir le forcing et engendrer plusieurs maux.
Représentant le bourgmestre adjoint, Jérémie Nzola a encouragé l’initiative du COJEF en promettant le plus de soutien de la commune lors de la prochaine étape, prévue le week-end du 29 août à la cité Pumbu.
VULGARISATION DE LOIS RELATIVES AUX DROITS DES FILLES ET DES ENFANTS
Au terme d’un débat passionnant qui a laissé l’assistance sur sa soif, tous les participants ont reconnu l’ignorance des textes des lois et d’autres dispositions en cette matière. Ils ont, par ailleurs, exhorté les instances compétentes à favoriser la vulgarisation des cadres légaux y afférents. Ils ont pointé du doigt les ministères en charge du Genre, de la famille et de l’enfant, de l’Education et de la Santé. Alfred LUKAMBIL