A l’issue d’une rencontre avec le ministre des affaires étrangères, Raymond Tshibanda, l’abbé Apollinaire Malu, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a rappelé que la réussite des élections prévue pour l’année 2015 demande l’implication de tous les acteurs congolais, à commencer par le peuple, avec le soutien de la communauté internationale. De toute évidence, d’aucuns n’ignorent que le processus électoral en République Démocratique du Congo risque d’être hypothéqué à cause des impasses budgétaires et temporelles.
La crise constitutionnelle et institutionnelle
Selon la plate-forme de la société civile Agir pour des élections transparentes et apaisées (AETA) le processus électoral 2013-2016 en République Démocratique du Congo se trouve confronter à des graves impasses, principalement budgétaires et temporelles. En conséquence, il y a nécessité urgente du consensus des acteurs concernés autour d’un calendrier électoral global afin de mettre définitivement un terme à la crise constitutionnelle et institutionnelle qui ne cesse d’hypothéquer l’avenir du peuple congolais.
Dans cette optique, dans un communiqué de presse, le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), s’est interrogé à la fois sur la conformité du processus électoral en cours par rapport aux dispositions constitutionnelles, ainsi que sur l’efficacité dudit processus en termes de crédibilité. Sachant que le pouvoir en place en République Démocratique du Congo est tenté par la révision des articles 101 alinéa 6, 104 alinéas 5 et 8, 197 alinéa 4 et 198 alinéa 2 relatifs aux élections des députés provinciaux, sénateurs et gouverneurs de provinces, ainsi qu’à la durée du mandat présidentielle, le Bureau du RDPC a sollicité la vigilance du peuple congolais et de la communauté internationale. De plus, selon son porte-parole Gaspard-Hubert Lonsi Koko, les manœuvres de la CENI visent à retarder les élections locales et régionales prévues en 2015 dans l’optique de repousser, de facto, les élections législatives et présidentielle de 2016. Une autre manière de prolonger le mandat présidentiel, en cas d’échec des subterfuges électoraux, consisterait à faciliter davantage la déstabilisation de la région du Kivu dans le but de décréter pour une durée indéterminée l’état d’urgence ou l’état de siège, voire de déclarer la guerre, conformément aux articles 85 et 86 de la Constitution congolaise.
Le peuple souverain
L’AETA souhaite, pour éviter tout dysfonctionnement du processus électoral en cours, l’existence d’un consensus franc de partage des objectifs électoraux fondés inconditionnellement sur l’intérêt national. C’est la raison pour la qu’elle sollicité, lors de l’atelier d’analyse technique et du monitoring organisé du 14 au 18 octobre dernier à Kinshasa, l’implication personnelle et ouverte du Président de la République, Joseph Kabila, dans l’organisation des élections crédibles, justes et respectueuses dans le délai constitutionnel. Pour ce qui est du Bureau du RDPC, par la voie de son porte-parole, il a insisté sur la nécessité d’éviter le chaos susceptible de se maintenir au pouvoir, conformément à l’article 70-2 de la Constitution, s’agissant de l’installation effective du nouveau président élu. Ainsi les membres du Bureau ont-ils rappelé que le devenir de la République Démocratique du Congo dépend avant tout de la seule volonté du peuple congolais à instaurer un véritable Etat de droit et à aspirer à un avenir socialement et économiquement viable.
Charlotte Mondo/Agoravox