Le premier jour de la troisième semaine du procès à Beni (Nord-Kivu) des assassins du colonel Mamadou Ndala, tué dans une embuscade le 02 janvier 2014 à Ngadi (à environ 10 km de Beni), l’« amie » du disparu, le Major Viviane Masika Mupira, a été identifiée lundi 13 octobre 2014 « comme une ancienne enfant soldat recrutée dans le groupe Maï-Maï +Jackson+ à l’âge de 9 ans à Nyamilima », dans le territoire de Rutshuru.
Radio Kivu1 rapporte que « l'unique femme parmi les prévenus, qui a eu une ascension dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), a étonné l'Avocat Général de l'armée congolaise, le général Thimothée Mukutu ».
« Il y a une PMF hier Maï-Maï qui se retrouve dans le cabinet du chef d'Etat-major général. Le travail des renseignements militaires doit faire le +veting+ de tous les officiers qui travaillent dans le cabinet du chef d'Etat-major général », a dit l'enquêteur principal sur l'assassinat du colonel Mamadou Ndala.
Selon Radio Kivu 1, « c'est à partir de ce moment-là que Viviane est prise en charge et, dans sa prise en charge, on constate qu'elle était en contact avec certains officiers du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) ».
Pour une meilleure compréhension du déroulement du procès des assassins présumés du colonel Mamadou Ndala, alors commandant du 42e bataillon des commandos des Unités de Réaction Rapide des FARDC, Lepotentielonline.com en publie les différentes étapes couvertes par Radio Kivu :
Cinquième jour du procès Mamadou Ndala
Selon le général Akili Mundos, ce sont les ADF qui ont tué le colonel Mamadou Ndala car « la guerre (contre ces rebelles) est asymétrique ».
L'actuel commandant de l'opération Sukola1, appelé à comparaître mardi 7 octobre 2014 à titre de « renseignant » à la tribune du 8 Mars à Béni devant la Cour militaire opérationnelle sur l'affaire Mamadou Ndala, a évoqué « la tactique de guérilla ».
Interrogé à la fois par le général Timothé Mukutu, Avocat général des FARDC, et le colonel Mikendi de la Cour militaire, le général Akili Mundos a expliqué qu’« avec la tactique de guérilla des ADF/NALU, la guerre est asymétrique et donc l'ennemi peut surgir de partout ».
Pour lui, avec une trentaine d'années que les ADF dominent la région; lui n'avait que moins d'un mois à Beni et sa connaissance des lieux était assez limitée. Le général Akili Mundos a ajouté que l'attentat contre le colonel Mamadou Ndala est survenu quand les FARDC étaient en phase de reconnaissance du terrain de la guerre et aucune disposition n'était encore prise contre ces rebelles.
A la question de savoir s’il s'était intéressé au téléphone portable d'un militaire ramassé sur le lieu du crime, il a répondu qu'il avait laissé les enquêteurs s'en charger.
Quand la Cour a voulu savoir quel était le climat des relations entre les troupes FARDC, régiments et les autres commandos, étant le plus gradé de l'époque de l'assassinat du colonel Mamadou Ndala, le général Akili Mundos a répondu que le climat était bon entre les troupes.
Quatrième jour du procès
Le procès Mamadou qui a repris lundi 6 octobre à Beni a connu plusieurs témoins qui racontaient, chacun, ce qu'ils avaient vu ce jour fatidique.
Le général Timothée Mukutu Kiyana, enquêteur principal du dossier Mamadou Ndala et Avocat général des FARDC, a révélé qu'il y a deux impacts de roquette sur la Jeep du défunt.
La troisième roquette avait été tirée (NDLR: en l'air) par l'adjudant Tambwe Mbimbi, garde de corps du colonel comme cela est vu dans le film d'une journaliste américaine « STEPHANIE » qui accompagnait Mamadou Ndala.
Un autre témoin, un chauffeur de taxi-moto qui est passé à la barre comme renseignant, a confirmé que la Jeep avait une crevaison de pneu et roulait à une vitesse normale. « Elle ne pouvait même pas me dépasser », a dit le chauffeur de taxi-moto.
Troisième jour du procès
10h à Beni... L’âge du prévenu ADF dans les débats. C’est un garçon du nom de Joshua Hassan Mbale qui était passé aux aveux, confirmant qu'il est militaire chez les ADF/NALU et il a fait sa formation à Medina. Le Ministère public lui donnerait entre 18 et 21 ans.
Ses avocats ont sauté sur cette imprécision pour tout remettre en cause sur cet âge. Maîtres Charles Muletsyo et David Wambale, qui ont un peu énervé la Cour, insistent que leur client doit avoir 16 ans, selon les dires de son oncle qui est dans la bourgade de Kakuka, en territoire de Beni.
La séance est suspendue durant plusieurs minutes afin de statuer sur ce dossier de l'âge de cet ADF/NALU. Pendant ce temps, journalistes et population curieuse sont allés au cimetière Masiani où est enterré le chauffeur de Mamadou Ndala qui fut le premier prévenu à comparaître et est décédé la nuit suivante de mercredi a jeudi.
Au procès des assassins de Mamadou, une curiosité : un prévenu qui va au petit coin comme ici le capitaine Banza Moussa... Parfois escorté par six policiers et militaires.
Un autre point d'orgue qui entoure ce procès, c'est la sécurité autour de la tribune du 8 Mars qui semble rassurante jusqu’à ce jour.
Le commandant Secteur de Béni, le colonel Dieudonné Muhima comme renseignant explique à la Cour tout ce qui s’est passé entre le 1er et le 3 janvier 2014. Il mise son renseignement sur comment il a appris que la Jeep de Mamadou Ndala était tombée en embuscade.
Il affirme qu'il avait donné des instructions pour poursuivre les ennemis potentiels, sécuriser l'endroit du crime, chercher l'extincteur afin de lutter contre le feu sur la Jeep....
Le colonel Dieudonné Muhima dit que les unités de réaction rapide ont tiré des balles et il ne pouvait pas intervenir pour sortir le corps du colonel Mamadou...
Pour ses relations avec le défunt Mamadou, le commandant secteur a dit qu'ils s'entendaient bien. Le premier janvier, ils avaient une « Coop », un business de vendre le carburant que le colonel Mamadou venait vendre pour 18.000 USD. Dans la répartition, il a eu 3000 USD.
Selon le commandant secteur de Beni, le mode opérationnel et la tactique de l'embuscade prouvent que ce sont les ADF qui ont tué le colonel Mamadou.
La foule, venue écouter le témoignage du « Renseignant » du jour, a réagi négativement. L'auditeur militaire a reproché à l'assistance de réagir contrairement aux obligations d'un procès.
Et le colonel Dieudonné Muhima de préciser que les ADF avaient déjà publié une « DOUA », une prière dans laquelle ils présentaient à leur « dieu » des noms des officiers qui doivent être tués.
Un moment de contradiction est arrivé quand le colonel Mukendi, en Kiswahili, a continué avec des questions sur l'argent que les colonels Muhima et Mamadou devraient se partager après la vente du carburant du défunt.
Le montant juste à lui comme commandant secteur et à Mamadou comme propriétaire de la marchandise….
Beni allait brûler le 2 janvier... Sans le colonel Muhima. Le colonel Dieudonné Muhima a révélé qu'il était arrivé au lieu de l'assassinat du colonel Mamadou dans les 20 minutes qui suivaient.
Il s'en est suivi un mouvement de panique et d'énervement de la brigade d'intervention venue de Eringeti qui a tiré pendant plusieurs minutes.
Le Commandant Secteur avait donné l'ordre au commandant ville Tito Bizuru de bien sécuriser les lieux et que ses troupes ne répondent pas aux tirs. C'est à ce moment que la colère de la brigade du colonel Mamadou, qui pleurait son Chef, a dû s'estomper.
Et le colonel Dieudonné Muhima, commandant secteur, d'ajouter que Beni serait tombée en ébullition s’il n'avait pas dit aux troupes de ne pas répondre aux militaires éprouvés qui manifestaient la colère contre la mort de leur Chef.
Un adieu au sergent Ndabu Ndongala
Le chauffeur du colonel Mamadou Ndala, qui avait témoigné le mercredi et mort le jeudi 2 octobre, la même date en chiffre que son chef. Un drapeau d'honneur a couvert son cercueil...
Le sergent Ndongala a été conduit au cimetière de MasianiI où il repose pour l'éternité, laissant derrière lui des zones d'ombre dans ses déclarations. Les quelques personnes, soldats et policiers qui l'ont accompagne, lui ont dit de « saluer leurs supérieurs »…
Le procès est suspendu jusque lundi le 6 octobre 2014
Apres trois jours marathon d'audition de 9h à 17h, la Cour militaire opérationnelle vint à suspendre les auditions et comparutions pour le week-end.
A retenir que ces trois jours ont eu des étapes importantes de confirmation de charges, les révélations et la mort du chauffeur du colonel Mamadou, les auditions de l’adjudant chef Safaribangamwabo, le capitaine Banza, assistant du colonel Mamadou, et les précisions du colonel Dieudonné Muhima sur le risque que courait Beni....