Les Congolais ont voté dimanche 20 mars pour une élection présidentielle opposant huit candidats au chef de l'Etat sortant Denis Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans de pouvoir dans ce pays d'Afrique centrale.
Les autorités avaient décidé de couper toutes les télécommunications (téléphone, internet, SMS) dans le pays pour 48 heures dimanche et lundi « pour des raisons de sécurité et de sûreté nationales » afin d'empêcher l'opposition de publier des « résultats illégaux ».
Pendant toute la journée, Brazzaville a pris des allures de ville morte, en raison d'une interdiction de circuler aux automobiles (mesure habituelle les jours d'élection).
La journée a été calme, mais vers 18h30 (17h30 GMT), dans ce qui semble avoir été un bref moment isolé de violence, la police antiémeutes a dispersé avec des gaz lacrymogènes quelque 200 jeunes partisans du candidat d'opposition Guy-Brice Parfait Kolélas qui insistaient pour assister au dépouillement à l'intérieur d'un bureau de vote de Makélékélé, quartier sud.
Le scrutin était ouvert de 07h00 à 18h00 (06h00 à 17h00 GMT). M. Sassou a voté dans le centre de Brazzaville vers 11h15. Les résultats pourraient être connus à partir de mardi.
Dans un pays marqué par un taux de chômage avoisinant 40% (60% chez les jeunes), les questions économiques et sociales avaient été au centre de la campagne électorale, tous les candidats promettant diverses mesures pour créer des emplois.
L'autre enjeu de taille était celui de l'avenir politique du président sortant, à qui un récent changement de constitution - qualifié de « coup d'Etat constitutionnel » par l'opposition - a permis de se représenter.
Unis par un pacte électoral contre M. Sassou Nguesso, cinq candidats de l'opposition se sont engagés à soutenir celui d'entre eux qui arriverait au second tour pour faire barrage au chef de l'Etat.
Craintes de l'opposition
N'ayant aucune confiance dans la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) chargée de publier les résultats, les cinq candidats du pacte anti-Sassou - M. Kolélas, Jean-Marie Michel Mokoko, Claudine Munari, André Okombi Salissa et Pascal Tsaty Mabiala - ont créé une « commission technique » parallèle pour surveiller le scrutin.
Ils avaient jugé avant le scrutin que les conditions n'étaient pas remplies pour des élections « sincères, crédibles et transparentes ». Dédaignant pour autant de boycotter le scrutin, ils ont appelé le peuple à « exercer sa souveraineté » dans le cas où le président sortant l'emporterait dès le premier tour, comme il l'a promis à ses partisans.
Le gouvernement a jugé ces appels « insurrectionnels ». Craignant des violences après le scrutin, les Nations unies avaient appelé jeudi toutes les parties au calme.
Les délégués du pacte anti-Sassou avaient pour mission de photographier à l'aide de téléphones portables les procès-verbaux des bureaux de vote afin de compiler ses propres résultats pour les comparer à ceux publiés au niveau national.
Jugeant que les conditions d'un scrutin transparent et démocratique n'étaient pas réunies, l'Union européenne avait renoncé à missionner des observateurs. L'Union africaine en a dépêché une trentaine, et la Conférence internationale sur les Grands Lacs (CIRGL) une vingtaine.
(Avec l’AFP)