Président intérimaire du Burkina Faso : M. Kafando : « Il est important de limiter le mandat présidentiel »

Vendredi 10 juillet 2015 - 14:33

Président intérimaire du Burkina après la chute de Biaise Compaor4 Michel Kafando ne fait pas dans la dentelle en ce qui concerne le respect de la Constitution et la limitation des mandats présidentiels en Afrique. Républicain à tout crin, Michel Kafando note, dans une interview accordée à Notreafrik, que dépasser deux mandats présidentiels représente toujours un risque dans son pays. Il se veut même incisif: « La longévité au pouvoir est un réel danger ». Bref, il est contre les chefs d’Etat qui sont tentés de s’éterniser au pouvoir dans leurs pays respectifs. Ces propos rejoignent ceux prononcés en son temps par le Rwandais Paul Kagamé au lendemain des premières manifestations sanglantes contre le troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza. L‘homme fort de Kigali s’exprimait ainsi à l’occasion d’un symposium international tenu en mai dernier à l’université de St Gall en Suisse : « Si vos concitoyens vous disent “nous ne voulons plus de vous comme dirigeant’ comment alors dites-vous « je reste, que vous vouliez de moi ou non”? ».
Récemment, en tournée en Afrique, le président français a, à l’étape de Cotonou, fait l’éloge du Bénin en le considérant comme une référence sur le plan démocratique sur le continent noir. Cette pique, François Hollande l’envoyait aux dirigeants africains qui sont tentés de s’accrocher au pouvoir.
Faut-il rappeler ici que l’attitude du président intérimaire du Burkina Faso, qui appelle à la limitation du mandat président présidentiel en Afrique, est appréciée dans la mesure où -elle-répond à la recommandation formulée depuis toujours aux dirigeants africains par toutes les puissances occidentales, les Etats d’Amérique en tête.

Vous avez été ambassadeur du Burkina aux Nations unies pendant une décennie. Auriez-vous pu prédire la chute de Blaise compaoré?
J’ai toujours pensé qu’un régime ne devait pas rester au-delà de deux mandats. Cela représente toujours un risque dans son pays de vouloir s’éterniser. (…)

Etes-vous en train de dire que vous êtes pour la limitation du mandat présidentiel ?
A titre personnel, j’estime qu’il est important de limiter le mandat présidentiel. Regardez l’exemple d’un pays par excellence démocratique comme les USA. Ce n’est pas par hasard que le mandat présidentiel n’excède pas deux fois quatre ans.

La longévité au pouvoir est-elle un danger?

Ah oui, c’est un réel danger. N’oubliez pas que nous sommes des êtres humains avec une tendance à n’écouter que ceux qui vous tressent des lauriers et vous disent à longueur de journée que vous êtes un bon chef, que le peuple vous redemande, etc. C’est un risque de succomber face à tous ces flagorneurs.
De plus, président de la République est une fonction très accaparante, je le vis à la place qui est mienne actuellement. Je commence déjà à être fatigué après six mois à la tête du pays. Et je ne comprends donc pas tous ceux qui prolongent après 10, 15 ou 20 ans.

Comment gérez-vous la flagornerie des courtisans?
Je ne me laisse pas entourer de courtisans, car ce sont eux qui vous avalent, vous phagocytent et vous donnent le sentiment que vous êtes immortel …

B.A.W/NOTREAFRIK N°57
- JUILLET/AOÛT 2015