Présentation du rapport officiel de l’Opération Likofi : Boshab rejette les accusations, HRW insatisfaite

Mercredi 8 juin 2016 - 15:23

A l’époque commandant de l’opération, le général célestin Kanyama qui va défendre son mémoire de DEES le samedi 18 juin à la faculté de Droit de l’Université de Kinshasa sur la police et la gestion de la violence des jeunes à Kinshasa, cas du phénomène “Kuluna “ de 2009 à 2012 en donnera d’autres explications.

 

Le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le professeur Evariste Boshab Mabdj mia Bilenge, a présenté hier mardi 7juin le rapport de l’inspection Générale de la Police Nationale Congolaise (PNC) sur l’opération Likofi, lancée en novembre 2013 pour éradiquer le banditisme urbain à Kinshasa.

 

Ainsi, Evariste Boshab a rejeté catégoriquement les accusations des organisations non gouvernementales de défense et de promotion des droits humains qui avaient accusé la police d’avoir commis des bavures. Il a reconnu quand même qu’il y a eu « quelques essais infructueux » de la part des hommes en uniforme.

 

Ce membre du gouvernement a donné des statistiques consolidées en novembre 2014, concernant les condamnations des délinquants ainsi que des policiers ou militaires. A en croire le ministre de l’Intérieur, il y a eu 105 cas de condamnations devant le TGI et le Tripaix/Kalamu, 22 acquittements et 49 enfants déférés devant le Tribunal pour enfant. II a indiqué que 6 dossiers ont été envoyés devant le TGI/Matete et 5 cas ont été envoyés au tribunal pour enfants de Matete, 11 condamnations au TGI/ Gombe, 120 acquittés et 105 enfants envoyés au tribunal pour enfant de la Gambe, de Ngaliema et de Kinshasa.

 

Accusations hâtives et gratuites

L’homme d’Etat congolais a également précisé que 52 condamnations et 12 acquittements ont été effectués au TGI/N’Djili, 34 cas dont 19 condamnations, 15 en cours devant le tribunal militaire de garnison de N’Djili, 7 condamnés, 4 acquittés par le tribunal militaire de Garnison de la Gombe et 27 dossiers ont été envoyés à d’autres parquets. Evariste Boshab a fait part de 7 condamnés, deux acquittés par le tribunal militaire de garnison de Matete et d’un dossier qui a été envoyé à un autre tribunal, sans préciser lequel. Pour le ministre de l’intérieur et de la sécurité, l’opération « Likofi » a davantage cimenté la confiance entre la population et sa police.

 

« J’espère que le rapport qui vient d’être rendu public incitera les organisations des droits de l’homme à revenir sur les accusations hâtives et gratuites qui sont contredites par les faits », a-t-il fait savoir. « J’ai situé les contextes et la raison d’être de l’opération Likofi. Je viens d’indiquer que la rumeur folle qui s’en est dégagée ne représentait aucune réalité.

 

Aucun gouvernement démocratique ne peut être en rupture avec sa population, or les vœux de la population de la ville province de Kinshasa, c’est de voir l’opération Likofi se poursuivre pour que dans toutes les communes et dans tous les quartiers de la capitale, les gens puissent vaquer sans inquiétude à leurs occupations “, a-t-il ajouté.

Evariste Boshab affirme que plusieurs pas d’arrestations observées lors de l’opération Likofi ont été faits avec le concours de la population. Ce qui a poussé certains criminels à fuir Kinshasa vers Brazzaville, le Bandundu, le Kongo Central ou d’autres provinces.

 

Il a indiqué que si ce rapport est publié avec un retard de deux ans, c’est parce qu’il attendait la liste des victimes de la part des ONGDH. Mais après avoir attendu plusieurs mois, l’homme d’Etat a décidé de rendre public son document, pour tirer les choses au clair.

 

Le souhait de HRW

Human Rigth Watch persiste et signe, des policiers commis pour l’exécution de l’opération “Likofi “ont abattu au moins 51 hommes jeunes et garçons et fait disparaître de force 33 autres, dans le cadre de cette opération. Néanmoins, l’ONG se félicite que le gouvernement de la RDC ait présenté les conclusions de son rapport longtemps attendu sur l’opération Likofi.

 

Ce rapport ne reconnaît pas les quelques cas d’inconduite policière pendant l’opération. L’Opération « Likofi », menée entre novembre 2013 et février 2014, avait officiellement pour but de mettre fin aux crimes violents commis par ceux qu’on appelle les “ Kuluna “ ou des membres de gangs, à Kinshasa, la capitale de la RD Congo. Mais la campagne policière a fini par répandre davantage de violence et de peur. Selon les recherches menées par HRW, des policiers cagoulés ont traîné des présumés” Kuluna” hors de leurs domiciles au milieu de la nuit et les ont abattus devant les membres de leurs familles ainsi que leurs voisins. Les corps de certaines victimes ont été emmenés par la police, et leurs familles n’ont jamais eu la possibilité d’organiser des funérailles. D’autres présumés” Kuluna” ont été arrêtés, et n’ont plus jamais donné signe de vie.

 

Plus de 421 corps non identifiés avaient étés enterrés au milieu de la nuit dans une fosse commune à Maluku, dans la périphérie de Kinshasa, les familles des personnes tuées ou portées disparues pendant l’Opération Likofi “ ont craint que leurs proches aient pu se trouver parmi les personnes enterrées. HRW regrette de constater que jusqu’à ce jour, il n’est toujours pas dit clairement qui ont été les personnes enterrées à Maluku.

 

Les violations flagrantes des droits humains commises par des policiers au cours de l’Opération “ Likofi “ ont engendré une condamnation générale et poussé le Royaume-Uni et les États- Unis à suspendre leurs programmes d’aide à la réforme de la police à Kinshasa. Le gouvernement congolais avait alors promis de mener une enquête et de rendre ses résultats pub. Chose faite avec la présentation de ce rapport hier par Evariste Boshab en présence du ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende, du gouverneur de la ville, André Kimbuta Yango, d’officiers supérieurs de la police ainsi que de responsables des services spécialisés.

 

A la base du départ du directeur du BCNUDH

Maintenant que les conclusions du rapport du gouvernement ont enfin été rendues publiques, plus de deux ans et demi après le début de l’opération, les autorités congolaises devraient veiller à ce que les principaux responsables des violences fassent l’objet d’une enquête au pénal et soient poursuivis de manière appropriée, y compris le commandant de l’opération, lé général Célestin Kanyama, actuellement Commissaire provincial de la police pour la ville-province de Kinshasa. Les victimes et leurs familles méritent au moins cela “, a déclaré Ida Sawyer, chercheur senior à HRW.

 

Accusé par les ONGDH dont HRW, le général Célestin Kanyama Cishiku défend son mémoire de diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) le samedi 18 juin prochain à L’Université de Kinshasa, faculté de Droit. Son mémoire porte sur : “La police et la gestion de la violence des jeunes à Kinshasa, cas du phénomène Kuluna de 2009-2012 “.

Il y a lieu de signaler que le rapport du Bureau Conjoint des Nations Unies sur les Droits de l’homme (BCNUDH) a été à la base du départ de la RDC de son directeur, Scott Campbll, bien que déjà fin mandat. Mais le gouvernement congolais, à travers le ministre de l’intérieur et de la Sécurité de l’époque, Richard Muyej, avait déclaré le directeur du BCNUDH persona non grata à cause de son travail.

Par GODE KALONJI