Pâques 2015 en RD Congo : « On a enlevé le Seigneur du tombeau »

Mardi 7 avril 2015 - 12:39

« On a enlevé le Seigneur du tombeau » C’est ainsi que s’est exprimé le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa lors de la messe de la Pâques 2015 en République Démocratique du Congo. Le Cardinal Monsengwo est notamment revenu sur la figure de Marie Madeleine, qui « mue par l’amour et l’affection personnelle vis-à-vis du Christ, se rend très tôt au tombeau. Ce qu’elle y voit la remplit de frayeur et d’inquiétude : Qu’est devenu le Seigneur ? Elle court en aviser Pierre et Jean, qui aussitôt se rendent au tombeau ». A leur arrivée, a ajouté le cardinal Mosengwo, « Jean constate la même chose que Pierre, et « croit que le Christ est ressuscité ».
Tout en évoquant l’appel et le rôle prédominant de la femme au sein de l’Eglise et dans la société, l’Archevêque de Kinshasa s’interroge également sur le choix porté par le Seigneur sur la femme pour annoncer le « mystère pascal à l’humanité ». « Est-ce parce que la femme donne la vie et la conserve ? »
Le Christ est vainqueur de la mort, conclut le cardinal Monsengwo, qui invite les fidèles à prier la Vierge Marie, Mère du Rédempteur et de l’Eglise, pour qu’elle puisse nous accompagner dans nos efforts à respecter nos engagements baptismaux.
L’intégralité de l’Homélie du Cardinal Laurent Monsengwo
« On a enlevé le Seigneur du tombeau » (Jn 20,2)
Chers frères et sœurs,
1.« On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé » (Jn 20,2). Nous imaginons l’effroi de Marie-Madeleine quand elle a fait ce constat et qu’elle le communique aux Apôtres. Pour elle, on a sûrement volé le corps de son Seigneur, puisque les bandelettes étaient posées à plat et que la grosse pierre qui fermait l’entrée du tombeau était roulée. Elle se sentait démunie. Si du moins elle pouvait savoir où on a déposé le Seigneur, elle pourrait « aller le chercher » (20,15)
2.Il est significatif de constater les comportements de Marie-Madeleine, de Pierre et de Jean. Marie-Madeleine, mue par l’amour et l’affection personnelle vis-à-vis du Christ, se rend très tôt au tombeau. Ce qu’elle y voit la remplit de frayeur et d’inquiétude : Qu’est devenu le Seigneur ? Elle court en aviser Pierre et Jean, qui aussitôt se rendent au tombeau en courant à des allures différentes. Telle sera aussi la rapidité –allure- de leur intelligence du mystère et des réalités qu’ils voient au tombeau selon ce que Marie-Madeleine leur avait raconté.
3.Pierre sort pensif du tombeau et s’en retourne à la maison. Jean constate la même chose que Pierre, il en déduit que le Christ transcende le temps et l’espace et il croit que le Christ est ressuscité. Marie-Madeleine ne peut quitter le tombeau, elle pleure, elle veut épuiser son doute. Elle finira par avoir deux visions, l’une de deux anges, l’autre du Seigneur lui-même qu’elle reconnaît lorsqu’il l’appelle « Marie ». Le Seigneur lui confiera l’annonce pascale (Jn 20, 13-18)
4.C’est donc la femme que le Seigneur a chargée d’annoncer le mystère pascal à l’humanité. Quelle dignité ! Quelle responsabilité d’annoncer à l’humanité la victoire de la vie sur la mort ! Est-ce parce que la femme donne la vie et la conserve ? Ou parce que Marie-Madeleine a beaucoup aimé car il lui a été beaucoup pardonné ? (cfr Lc 7,48). Ce pourrait être une allusion à Eve, la « mère des vivants » (Gn 3,20). Il s’ensuit que la femme est appelée à protéger la vie, pas à la tuer par l’avortement ou d’autres pratiques surtout celles fondées sur les seuls abus sexuels.
5.La dignité de la femme, sa place dans l’Eglise et ses institutions lui viennent de cette mission du Seigneur qui l’envoie porter l’annonce pascale. Tenons-en compte dans nos structures diocésaines, paroissiales et des CEVB, de même que lorsque nous parlons de ministères non-ordonnés ou encore de parité homme-femme. Celle-ci ne peut être conçue comme une compétition, mais comme un service humble de chrétien(ne). Un appel du Seigneur. Aussi, les chrétiennes feront-elles preuve de générosité et de dévouement pour s’acquitter loyalement de leur mission.
6.« Il a passé en faisant le bien » (Ac 10,38). C’est ainsi que devant Corneille, Pierre résume toute l’activité caritative du Christ sur terre : faire le bien. Sommes-nous dignes d’un tel éloge ; passons-nous en faisant le bien ou en faisant le mal ; en semant la désolation, en empoisonnant les hommes et les femmes, en tuant autour de nous, en volant, c’est-à-dire en faisant tout autre chose que le bien auquel nous sommes appelés ? Fixons le regard sur le Ressuscité : qu’avons-nous fait pour promouvoir la vie dans la justice, la paix, la vérité et l’Amour ?
7.Le Christ est vainqueur de la mort. Le monde est illuminé d’une lumière nouvelle. L’Eglise le chante et le proclame par le chant de l’alleluia. Car c’est la fête des fêtes. En effet, il n’est pas mort et revenu à la vie à la manière de Lazare, le frère de Marthe et Marie. Il a vaincu la mort pour toujours : il ne mourra plus, la mort sur lui n’a aucune emprise, le Christ est vivant pour toujours. Le plus beau c’est qu’il nous fait participer à sa mort et sa résurrection. « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons » (2 Tm 2,11). C’est le sens de nos engagements du baptême. « Par le baptême nous sommes ensevelis avec le Christ, afin que, comme le Christ est mort et ressuscité, nous marchions dans une vie nouvelle » (Rm 6,4). C’est le sens du combat contre les anti-valeurs, le combat de la lumière contre les ténèbres, de l’Esprit contre la chair. Dans la société et dans nos vies privées. Fasse le Seigneur que nous vainquions cette bataille en renouvelant les structures de notre société dans l’Esprit.
8.Puisse la Vierge Marie, Mère du Rédempteur et de l’Eglise, nous accompagner dans nos efforts et les faire aboutir.
Avec mon affectueuse bénédiction

 

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