Opposition ou Majorité, l’OR doit choisir

Mercredi 28 janvier 2015 - 09:23

Par rapport aux nombreuses défis politiques auxquels fait face le Pouvoir, la plate-forme de Léon Kengo devrait sortir de l’ambiguité.

Jusqu’à ce jour, l’Opposition républicaine, chère à Léon Kengo wa Dondo, ne s’est pas encore prononcée sur les incidents qui ont entraîné mort d’hommes et destruction des magasins et autres biens dans la ville de Kinshasa. Si l’autorité morale de cette plateforme politique avait délié sa langue en sa qualité de président du Sénat, tel n’est pas le cas pour son parti et son regroupement politique qui ont fourni plusieurs membres au sein du Gouvernement de cohésion nationale, issu des Concertations nationales. Où se situe alors l’OR ? La question est sur toutes les lèvres au moment où l’on s’attendait à ce que les opposants qui ont rejoint la Majorité fassent cause commune comme cela se fait généralement au nom de la solidarité gouvernementale. L’OR doit donc se déterminer.

En dehors de trois membres du MLC, à savoir Thomas Luhaka, Omer Egwake et Germain Kambinga, la plupart des postes réservés aux opposants au sein du Gouvernement de cohésion nationale sont occupés par des membres de l’Opposition républicaine dont Léon Kengo est l’autorité morale.
Or, en politique, en acceptant de partager des postes au sein du Gouvernement dirigé par le camp de la Majorité présidentielle, l’OR de Léon Kengo hérite, non seulement de l’actif, mais aussi du passif du pouvoir en place, en étant solidaire avec la Majorité. Mais, les hommes de Léon Kengo donnent en tout cas l’impression de jouer aux opposants tout en faisant partie du Gouvernement. Pourtant, pour qu’ils soient au Gouvernement, Joseph Kabila a dû sacrifier plusieurs de ses proches et partenaires politiques.

AUCUNE REACTION JUSQUE-LA FACE AUX INCIDENTS DE LA SEMAINE DERNIERE
En dehors d’une réaction faite au nom du MLC par Thomas Luhaka Losendjola, les ministres venant de l’Opposition politique, surtout le grand lot émanant de l’Opposition républicaine, ne se sont pas encore prononcés, même pas sur le projet de loi électorale qui était d’ailleurs, au départ, l’œuvre du Gouvernement. Or, chaque Gouvernement tient ses promesses grâce à la solidarité de ses membres.
Dans chaque manifestation politique, il y a une part de spontané et une part de téléguidé. A travers les manifestations enregistrées la semaine dernière, l’Opposition politique voulait à tout prix déranger le Gouvernement et donc le pouvoir incarné par le président Joseph Kabila. En principe alors, c’est tout le Gouvernement qui aurait dû se lever comme un seul homme pour se défendre.
C’est là qu’on a l’impression que le Pouvoir se limite à la Majorité kabiliste simplement. Il ne s’étend pas à toutes les forces qui composent le Gouvernement. Or, la feuille de route de l’Exécutif national vient des Concertations nationales auxquelles avaient pris part des partis et regroupements politiques de ce qui deviendra par la suite OR ainsi que des membres de la Société civile.
Mais, à la lumière de tous les actes déplorés la semaine passée et du combat mené au Parlement dans le cadre du projet de loi électorale, on n’a pas senti la contribution de l’Opposition républicaine à côté de la Majorité présidentielle. D’où, dans l’opinion, la question : où se situe l’Opposition républicaine ? C’est à croire vraiment, au regard des évènements passés, que Joseph Kabila et les siens seraient finalement le dindon de la farce.

DURANT LA TRANSITION DE MOBUTU, NGUZ ET LES SIENS ETAIENT SOLIDAIRES
Durant la transition de Mobutu, en 1991-1992, l’opposant Jean Nguz a Karl-i-Bond s’était retrouvé à la primature en qualité de Premier ministre, en décembre 1991, au terme des négociations de Palais de marbre II à la tête des personnalités venues, comme lui, de l’Opposition.
Le même Nguz avait pris sur lui, au nom de la solidarité et avec les opposants qui l’avaient rejoint au Gouvernement, toutes les initiatives de Mobutu ou de la Mouvance présidentielle. C’est de la sorte que la responsabilité de la marche des chrétiens du 16 février 1992 lui avait été attribuée, alors qu’il s’agissait, à l’époque, en réalité, d’une initiative des hommes de Mobutu. On ne peut pas faire partie d’un Gouvernement et se désolidariser des actions menées par le même cabinet. L’Opposition républicaine pose problème.
On l’a vu aussi en France à l’époque de François Mitterand lorsque socialistes et communistes s’étaient mis ensemble au sein du premier Gouvernement en 1981. Mais, dès que Mitterand a changé de cap, les communistes ne sont pas restés au Gouvernement. Ils ont d’abord rompu le pacte et sont ensuite sortis du Gouvernement.
Il y a donc autant d’exemples qui renseignent que lorsqu’on choisit de faire partie d’un Gouvernement, on doit accepter de témoigner sa solidarité avec l’ensemble de l’équipe et en partager aussi la responsabilité, quel que soit le cas. Les membres de l’Opposition républicaine devraient, lors des évènements de la semaine dernière, se prononcer pour témoigner leur solidarité avec les membres du Gouvernement de cohésion nationale au lieu d’un silence jugé inquiétant.

CEUX QUI SONT AVEC JOSEPH KABILA DOIVENT SE MOUILLER AVEC LUI Pour composer le Gouvernement de cohésion nationale, Joseph Kabila a sacrifié plusieurs de ses fidèles pour réserver des postes aux opposants et aux acteurs de la Société civile. Certains membres du Gouvernement Matata I ont été écartés, tout comme un bon nombre des présidents des partis et des personnalités de la Majorité présidentielle qui attendaient leur tour. Or, il s’agit là des gens qui se mouillent toujours avec leur autorité morale.
Mais, pourquoi les sacrifier au profit de ceux qui ne veulent pas se mouiller avec le Raïs ? Cela pose un vrai problème de responsabilité. Aujourd’hui, il n’est pas nécessaire de démontrer que l’Opposition républicaine est avec la Majorité présidentielle à travers le Gouvernement de cohésion nationale. Ce pacte devrait pousser l’OR à faire cause commune.
Dès lors, on ne peut pas comprendre le silence ou la frilosité qui caractérise cette plateforme politique lorsque c’est le Gouvernement qui est en première ligne. Plutôt que de laisser les membres de la Majorité présidentielle se défendre seuls, les partisans de l’Opposition républicaine devraient, eux aussi, mettre la main à la pâte au nom de la solidarité gouvernementale.
Cela devrait logiquement se traduire par une déclaration politique indiquant clairement leur solidarité avec le Gouvernement. C’est cette mauvaise note qui pousse les observateurs à s’interroger sur le silence de l’OR jusqu’à ce jour. Léon Kengo s’est contenté de jouer au sapeur-pompier vendredi dernier alors que ses hommes sont actuellement au Gouvernement et non dans l’opposition et doivent donc s’assumer. M . M.

 

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