Nandy Angalikiyana : «le changement de mentalité est le grand combat qu’il nous reste… »

Mardi 6 janvier 2015 - 09:27

Grandie au Katanga, fille de Roger Waka Angalikiyana, un grand fermier à Likasi, décédé en 2011, Nandy Angalikiyana, président de l’ONG Action citoyenne pour l’encadrement et le dével¬oppement social (ACDS) tient au changement de mentalité en RD-Congo, gage du développement et évolution de ce pays. La motivation pour cette femme aux valeurs humani¬taires découle d’un constat malheureux qu’elle ait fait. Selon lequel, la plus part des personnes vulnérables que sa structure vienne en aide ne sait souvent pas capitaliser les initiatives montées en leur faveur.

Avant d’entre dans les vifs de cet entretien. Pouvez-vous vous présentez à l’intention de nos lecteurs?
On m’appelle Nandy Angali¬kiyana. Je suis présidente de l’ONG ACDS qui signifie Action citoyenne pour l’encadrement et le développement social.

Parlez-nous un peu de votre ONG ACDS?
Notre ONG a débuté depuis 2007. Au départ, ce n’était vraiment pas l’idée d’une ONG. C’était seulement des actions sociales. Comme moi-même, je l’ai dit toujours, c’est ma voca¬tion, c’est inné. J’ai commencé dans ce domaine, j’étais encore trop jeune. C’était comme de la blague. J’ai toujours ce sou¬ci d’aider les autres et j’avais étonnamment 8 ans lorsque j’ai commencé. Dans les quartiers, chaque noël, chaque nouvel an, j’achetais des paquets de bon¬bons et de biscuits, à l’époque où j’étais au Katanga à Likasi, je les distribuais en commen¬çant du coin de mon avenue jusqu’à l’autre coin, maison par maison. Pour moi, c’était un petit jeu. Avec le temps, ça se développait et j’ai pris toujours l’habitude de le faire. Mais quand j’ai pris conscience, j’ai commencé à oeuvrer dans le domaine social c’est-à-dire sensibiliser les gens et les ap¬peler à faire le même acte. Ce qu’à chaque occasion, on es¬sayait d’aider les désoeuvrés, assister les pauvres et même à dispenser des cours de savoir-vivre bénévolement dans la rue. Je me mets et dispense des cours de savoir-vivre dans la rue parce qu’on a aussi pour objectif d’encadrer la jeunesse et le changement de mentalité.

Justement parlons des ob¬jectifs poursuivis par votre ONG?
D’abord c’est soutenir les désoeuvrés, aider les gens qui manquent juste les aider à manger, à se vêtir donc aider ceux qui manquent. Et puis deuxièmement, c’est la réédu¬cation de la population congo¬laise. Ce qu’on est plus penché du côté des orphelins que nous estimons qu’ils sont l’avenir de demain. Peut-être que notre pays aujourd’hui ne sait pas se développer parce qu’il y a eu une personne quelque-part que Dieu avait élu qu’il soit ministre mais il n’a pas eu cette occa¬sion d’étudier parce qu’on est dans la logique comme lui, il n’a pas pu exercer ses fonctions, il y a eu des chutes. Ça c’est une idée générale, une conception privée. Alors on scolarise les orphelins pour élever le niveau éducatif de l’enfant, on encad¬re aussi la jeune fille mère en l’apprenant les travaux de mains donc la couture, l’esthétique et tout ce qui est travail de main. Et là aussi, on est en train de nous lancer parce qu’on dit: «Eduquer une femme, c’est éduquer toute une nation» parce qu’on estime que c’est la femme qui va relever le niveau de vie de la population. C’est donc ça notre objectif principal mais il n’y a pas que la femme, il y a aussi les hommes. C’est pour cela que nous sommes aussi en train d’encadrer les je¬unes garçons qui ne font rien. Nous travaillons en collabora¬tion avec des ateliers, des ONG qui ont des ateliers de couture, de menuiserie pour encadrer les jeunes garçons talentueux qui n’ont pas étudié mais qui savent faire quelque-chose.

Vous avez déjà mené cer¬taines actions?
On a mené plusieurs actions. Par exemple, soutenir la for¬mation des jeunes qui faisaient tout ce qui est art africain. C’est-à-dire des bracelets, des petits «mayakas», tout ce qui définit l’Afrique, le Congo, des masques et autre. Comme on le fait chaque année, on sco¬larise 5 à 6 orphelins. Chaque on prend en charge 4 vieillards donc nous leurs pennons en charge s’ils sont malades ou s’ils ont d’autres besoins c’est nous qu’on vient voir. Tout cela est fait sur base des cotisa¬tions de chaque membre de notre ONG. De fois aussi, on s’organise pour descendre dans des quartiers, pas seulement en faveur des veuves et des orphelins, mais des quartiers qu’on estime reculés. On vient, on crée un groupe de gens, on crée une base non pas politique mais social. On a été dans la zone de Barumbu où on a tra¬vaillé avec des mamans. C’était une grande action. On a ouvert une caisse privée. On a sensi¬bilisé chaque femme qu’elles nous ont dit qu’elles étaient à mesure de vendre soit du pain soit les épices donc de faire le petit commerce. On les sensibi¬liser parce que nous on n’a pas assez de moyens. Ces femmes avaient un fonds de 10.000 francs et étaient obligées de verser dans la caisse 500 francs par jour ce qui équivaut à 3.000 francs chaque semaine. On a fait cette caisse comme une caisse de ce quartier-là. Ce qu’en cas de difficile où on sent que ce cas-là nécessite des moyens, la caisse devait in¬tervenir pour aider ces femmes à supporter leurs familles bien que dans notre culture africaine c’est l’homme qui est le chef de la famille, les femmes sont plus commerciales que les hom¬mes qui aujourd’hui trouvent difficilement du travail même s’ils ont étudiés surtout dans la basse classe. La femme peut aussi aider son mari. Donc elle se met au travail ne fût-ce que pour trouver de quoi vivre juste le minimum. Ce n’est pas as¬sez ni une fierté mais juste le minimum. Vaut mieux faire ça pour avoir de quoi vivre. Alors on a soutenu ces femmes. Au départ, c’était très bien comme j’ai toujours dit tout est basé sur la mentalité. Moi, je ne tra¬vaille pas, je fais mes petits commerces mais je me prive pour aider ma nation, pour aid¬er mon peuple. Quand j’enlève mes pauvres 300 Usd pour aid¬er les gens qui ne sont pas de ma famille parce que nous le savons tous que la charité bien ordonnée commence par soi-même. Mais quand on franchit cette étape, tu ne regardes plus soi-même, tu regardes l’autre pour juste relever le niveau. C’est quoi le souci? Le souci c’est que mon pays aille de l’avant. Le souci est que chacun de nous mette une pierre pour construire cette nation parce que si on espère que sur les grands, sur d’autres personnes, à mon analyse, je ne pense pas qu’on va avancer.

Est-ce que vous avez quand même de financements pour toutes ces actions?
On n’est pas financé. Je l’ai dit ce que nous faisons de¬mande beaucoup de moyens et nous ne pouvons pas le faire seulement par nos propres ef¬forts. Nous ne recevons pas de financement que ça soit au niveau du gouvernement alors que nous sommes en règle avec la quasi-totalité des tous les documents qui nous per¬mettent de fonctionner, nous les avons. Je pense plusieurs personnes connaissent déjà ce que nous faisons parce que je passe plusieurs fois dans dif¬férents médias surtout audio¬visuels de la place. Au niveau international, on se bat, on est en train d’entrer en contact avec certains organismes inter¬nationaux. On est sollicité çà et là pour faire des conférences. Quand ça va se finaliser, on es¬père que peut-être ça va nous apporter de financements pour d’autres projets qui sont en cours. Vraiment pour l’instant, on n’a pas de financement. Il arrive même des moments où j’arrête quand je suis à la lim¬ite et je ne peux plus continuer parce que je n’ai pas d’argent, je ne suis pas millionnaire, je ne suis pas aussi d’une famille où il y a beaucoup d’argent. Mais j’en avais, je ne pouvais pas me plaindre. Dans ce genre d’activité, on a besoin de se te¬nir la main. On a besoin de se faire d’aider par des gens qui ont mais qui n’ont pas d’idées, qui ne peuvent pas aider, qui ne peuvent pas trouver des solu¬tions pour le niveau de vie ou pour améliorer telle ou telle autre situation de tout un cha¬cun. Mais nous qui avons ces idées s’il peut y avoir des gens qui peuvent nous soutenir pour qu’on mette ça en action parce que si on en avait, on n’allait pas demander. La volonté y est déjà comme je l’ai dit la voca¬tion est là. Ce sont de fois les moyens qui nous manquent. On se dit, on est au bout et on ne le fera plus. Mais tu te sens piquer, tu te sens pousser, tu te dis que tu ne recule pas, tu t’arrêtes deux, trois mois et le quatrième mois tu sens comme il y a une force qui pousse, qui dis que tu dois y aller, tu dois avancer avec tes objectifs. Et, il y a lieu que j’insiste sur le problème de la mentalité con¬golaise. Après les élections, on a lancé une campagne de la nouvelle citoyenneté. Mais où en sommes-nous? Quelles en sont les retombées? Je vous ai parlé il y a peu du financement des mamans de Barumbu. On les apportait notre argent. Elles nous ont promis pas pour notre bien mais pour leur propre bien de cotiser entre elles dans un compte qu’on a ouvert même pas au nom de l’ONG ni au mien et qui ne nécessite même pas ma signature pour la sortie de l’argent. C’est entre elles qu’on a nommé des présidente, vice-présidente et secrétaire pour qu’elles gèrent cet argent. Mais en moins de six mois, toutes ces mamans étaient portées disparues. Je n’ai aucune nou¬velle d’elles. Voilà, le change¬ment de mentalité c’est ça le grand combat qu’il nous reste parce que l’évolution de notre pays en dépend.

Alors est-ce que votre ONG mène ses actions seulement à Kinshasa ou cela passe également à l’intérieur du pays?
On a des bases à l’intérieur comme au Katanga. On a eu à faire quelques actions mais c’était il y a longtemps quand j’étais trop jeune et on n’était même pas encore une ONG à l’époque. C’était une personne physique. On avait eu à faire quelques activités. Comme j’ai l’habitude d’aller visiter les désoeuvrés pendant les fêtes de noël et de nouvel an, je le faisais régulièrement au Katan¬ga. Mais pour l’instant, on n’est basé qu’à Kinshasa. On ne sait pas encore ouvert parce qu’on n’a pas encore de finance¬ments. Donc on ne fonctionne qu’à Kinshasa jusque-là.

Dans notre pays, les ONG n’ont pas bonne presse. Pourquoi n’avez-vous ad¬hérer une structure qui ex¬iste déjà pour mettre en¬semble vos forces au lieu de faire cavalier?
C’était ça aussi le souci. Parmi le objectifs de notre ONG c’est travailler en collaboration avec d’autres ONG. Mais une fois que tu veux travailler même comme dans les organismes in¬ternationaux. On est en train de s’y mettre petit à petit pour ap¬porter notre contribution. Moi, je n’ai pas besoin de la classi¬fication que d’être présidente d’une ONG ou quoi. Je peux m’inclure dans une des ONG s’elles me laissent l’ouverture de fonctionner librement, de montrer ce que j’ai à montrer et de faire ce que j’ai à faire, je le fais parce que même dans nos objectif c’est écrit travailler en collaboration avec d’autres ONG.

Ça tombe à point nommé. Nous sommes dans la fer¬veur des fêtes de noël et de nouvel an. Qu’est-ce que vous avez fait ou vous comptez faire pour soutenir les désoeuvrés?
On a visité les expulsés de Braz¬za juste au début du mois de décembre dernier parce qu’on a remarqué qu’ils sont toujours dans la rue. Apparemment au¬cune solution n’a été trouvée et on ne ait pas une solution sera trouvée. On sait qu’ils vivent dans la mendicité et on se dit qu’entre eux la plupart ce sont des femmes et des enfants. Ils sont exposés à des maladies. Et dans le cadre des soins spéci¬fiques de la femme, on a visité ces expulsés de Brazza en les apportant des kits hygiéniques et nous avons aussi tenu une conférence pour se tenir hors des maladies. Donc comme ils manquent de l’eau potable, qu’est-ce qu’ils peuvent faire pour en avoir, vérifier toujours s’ils ont le vaccin depuis qu’ils sont sur place vu les conditions de vie. C’est une des actions qu’on a faite. Pour le nouvel an, j’avais lancé des faire-part sur le net parce que quand il y a des activités des gens nous écrivent en promettant de con¬tribuer mais pour cette fois, on a décidé de faire part et personne n’a levé sa main. On comprend que la situation du pays. Mais notre ONG est un groupe de personnes dont je suis la prési¬dente. On fait des cotisations dans notre caisse. Pour le nou¬vel an, on achètera des vivres et autres pour apporter de quoi vivre. Nous allons visiter notre orphelinat avec qui on a l’habitude de collaborer. On va les fêter un petit rien pour qu’ils puissent aussi fêter.

Un mot de la fin avant de terminer cet entretien?
Le mot de la fin est j’espère, je crois qu’on va se développer. Je crois que mon pays va se dével¬opper, c’est ça mon souhait. Alors je me demande à tous les gens qui ont le même souci, la volonté de contribuer pour que notre pays ait de l’avant. N’hésitez pas, nous avons be¬soin de se tenir dans la main. Notre ONG est ouverte à tous le monde. Mon vrai souci est qu’on se réunisse d’ailleurs pour ap¬porter chacun cette pierre pour construire notre pays. Mon mot de la fin est que j’ouvre l’ONG à tout le monde, j’appelle les gens qui ont des moyens et qui ont besoin d’aider, on est là. Ils peuvent venir. On va voir dans quelle mesure réaliser ensem¬ble des projets qu’on a. C’est vrai les ONG sont mal réputées dans notre pays, les gens cher¬chent l’argent sur le dos des autres. Mais comme je l’ai c’est depuis 2007 que cette ONG ex¬iste. On a reçu aucun finance¬ment de nulle part mais on ne s’est jamais arrêté et on fait toujours des actions. Il y a des témoignages. Je n’ai aucun intérêt parce que le mien est déjà enlevé. Ce n’est pas pour me vanter.
DEO KOKOLO