La Majorité présidentielle (MP) est fissurée. Ses sociétaires, depuis quelque temps, n’émettent plus tous à la même longueur d’onde. Les divergences, autrefois gérées à l’interne, sont désormais portées à la place publique. Plus grave, la discipline au vote mieux connue à l’hémicycle sous le vocable mot d’ordre ne fait plus recette.
Plus grave encore, ces divergences s’observent jusqu’aux plus hautes instances de la coalition où le bureau Politique peine à se réunir depuis plusieurs mois. On évoque aussi la démotivation politique du secrétaire général adjoint de la MP, le député Molisho dont le parti (Msr) n’émet plus à la même longueur d’onde avec les autres depuis plusieurs mois.
Les premiers sons discordants avaient été entendus en aout dernier lorsque le Mouvement social pour le renouveau (MSR), 2ème parti de la coalition présidentielle par le nombre des députés, avait pris ses distances, par rapport la ligne dure de la MP qui bataillait pour la révision ou le changement constitutionnel. En décembre dernier, la sortie, médiatique du gouverneur de la province du Katanga, Moise Katumbi et du président de l’assemblée provinciale de la région entité, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, a amplifié la dissonance entrainant dans la contestation plusieurs partis politiques (Alliance pour le renouveau au Congo (ARC) d’Olivier Kamitatu, la Solidarité congolaise pour le développement (SCODE) du bâtonnier Jean Claude Muyambo, l’Union nationale dés fédéralistes du Congo (Unafec) du patriarche Kyungu wa Kumwanza et de certaines personnalités bien connues du régime kabiliste telles le député de la ville de Kinshasa, Francis Kalombo, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur et universitaire, le Pr. Kitumisa Kyota, l’ancienne DGA de la Snel, Mme Bernadette Tokwaulu.
Cette fracture pst apparue encore plus vivace lors du vote à la chambre basse du parlement de la loi électorale. La consigne donnée n’a pas été respectée. En effet, alors que plusieurs réunions ont été tenues entre ténors et députés de la MP autour de cette loi, les députés Msr et ceux de l‘ARC ont fait détection. Avec deux des leurs, membres du Bureau de l’assemblée nationale, ils se sont abstenus. Les plus radicaux ont carrément voté contre. Chose impensable il y a quelques mois.
La crise est donc bien réelle. Si la rupture n’est pas encore consommée, beaucoup, au ‘sen dé la MP, redoutent que la persistance de cette crise ne débouche à la désintégration de la coalition formée autour du président Joseph Kabila avant même la fin de son mandat, ce qui ferait le lit de l’opposition en cette période préélectorale. Les regards sont tournés, bien évidement, vers le président de la République pour lancer le débat à l’interne.
La succession de Joseph Kabila
Incontournable vu l’ampleur de la crise, les pistes de réflexion pour ce débat sont nombreuses Il faut ressouder l’unité de la famille politique après cette crise, ou à défaut, accepter l’existence des courants politiques au sein de la MP. Il faut évaluer les résultats obtenus par la MP à ce jour.
Il faut tirer les leçons de ce qui s’est passé autour du vote de la loi électorale. Il faut se concentrer sur les prochaines élections qui débutent déjà cette année. Il faut esquisser l’avenir de la MP et son modo de fonctionnement après 2016. Il faut discuter de l’alternance au sein de la MP puisque le sujet n’est plus du tout tabou aujourd’hui.
Confrontée, désormais, à la réalité de l’alternance en 2016, les ténors de la majorité présidentielle ne peuvent pas échapper à cette question majeure de la succession du-président Joseph Kabila, au cœur de toute l’agitation observée parmi ses membres. Il faut apporter sereinement une réponse à cette problématique si la MP veut conserver le pouvoir après les prochaines élections.
Les ambitions légitimes que nourrissent certains de ses cadres présidentiables doivent être encouragées, encadrées, tamisées, Comme en 2006 et 2011, la MP a tout à gagner en allant à la prochaine présidentielle de 2018, unie et derrière une candidature consensuelle robuste ‘La guéguerre actuelle que se livrent certains de ses dirigeants en course pour le fauteuil présidentiel ne profite ni aux uns ni aux autres et moins encore à Joseph Kabila qui a besoin de la sérénité pour exécuter la dernière phase de son programme.
Si rien n’est fait pour discuter de ces questions qui fâchent et tenter de rencontrer les attentes de différents protagonistes en recréant unité, la tâche pourrait’ être plus compliquée lorsque la Ceni va siffler la fin de la récréation et le début de la compétition politique.
FKB