Le mot d’ordre de la MP en faveur du ministre délégué protège aussi son collègue en charge de l’Industrie.
Difficile de dire avec certitude quand les députés nationaux vont bien se réunir en plénière pour tabler sur les motions de défiance contre deux membres du gouvernement.
Ce qui est sûr, la motion visant Patrick Kitebi a moins de chance d’aboutir pour le fait que l’autorité morale de la Majorité présidentielle n’accepte plus la révocation d’un ministre qu’il a nommé par l’Assemblée nationale. Par conséquent, la protection de Kitebi sauve aussi Musungayi que son chef de regroupement politique cherche à remplacer dans le gouvernement en gestation.
Le dossier relatif à la motion de défiance initiée par le député national John Kolela contre le ministre délégué aux Finances continue de faire couler encre et salive dans les milieux socioprofessionnels à travers le pays.
Ce dossier, que les députés nationaux membres de l’Opposition politique ont en très grande partie signé, vise à obtenir du ministre Patrice Kitebi des explications sur, entre autres points, le décaissement des fonds prévus dans la loi de finances de l’exercice 2013 pour le fonctionnement de cette famille politique.
Toutes les séances plénières de l’Assemblée nationale consacrées au débat sur cette question combien sensible ont été reportées, sans raison valable aux yeux de ceux qui soutiennent la motion. Le dernier report en date a eu lieu le vendredi 7 novembre dernier.
Le bureau de la chambre basse a justifié ce énième report par le deuil qui vient de frapper le Parlement de la République, suite au décès du député André Tshikwej. Il a expliqué qu’une importante délégation de la représentation nationale a dû accompagner la dépouille mortelle de l’illustre disparu, transférée la veille à Lubumbashi, fief électoral du défunt.
Un geste de compassion ?
Pour leur part, les observateurs ont apprécié ce geste de compassion du bureau de la 2ème chambre législative envers la famille d’un député » discret « , comme l’a si bien indiqué son président Aubin Minaku dans son oraison funèbre prononcée au Palais du peuple où cette dépouille mortelle a été exposée.
Ils soutiennent néanmoins que, compte tenu de la pertinence des questions qui préoccupent la nation par les temps qui courent, le bureau de l’Assemblée nationale aurait dû maintenir la plénière de vendredi dernier, dans le contexte actuel où des centaines de Congolais sont massacrés notamment dans la partie orientale du territoire national, au vu et au su de l’autorité publique.
En effet, même si la délégation partie au Katanga était composée de plus de 200 députés, le quorum ne serait pas entamé pour que la séance plénière ne puisse pas se dérouler normalement.
Le ministre Patrice Kitebi pouvait répondre à la motion et avoir un délai de 48 heures afin de réunir des éléments de réponse aux préoccupations des députés. Par ailleurs, le bureau de la chambre basse a intérêt à gagner du temps, car les matières inscrites dans le calendrier de la session en cours sont encore abondantes, alors que 37 jours seulement le séparent de la fin de ladite session parlementaire.
Tout porte à croire que la Majorité présidentielle, famille politique à laquelle appartient le ministre Patrice Kitebi, est en train d’effectuer des » manœuvres dilatoires » évoquées dans une interview par l’auteur de la motion John Kolela, en vue de faire oublier cette procédure de contrôle parlementaire.
Le bouclier de Rémy Musungayi
Du coup, le ministre délégué aux Finances devient, sans le savoir ni le vouloir, le bouclier de son collègue de l’Industrie, petites et moyennes entreprises, également visé par une motion de défiance initiée par le député national Alphonse Awenze.
Issu de l’Opposition politique, le ministre Rémy Musungayi est » vomi » par la Majorité présidentielle, visiblement déterminée à le faire partir du gouvernement. L’objectif est de l’humilier autant que ses anciens collègues de l’Opposition.
Cependant, la Majorité politique a conscience que, faire tomber Rémy Musungayi et épargner Patrice Kitebi, serait aux yeux de l’opinion tant nationale qu’internationale, une injustice criante.
Comme quoi, n’eût été la motion de défiance initiée contre le ministre délégué aux Finances, Rémy Musungayi serait débarqué depuis belle lurette du gouvernement.
Par Asiyeshindwa