Menées secretes Révision : Complot ourdi entre Mugalu et les églises à l’hôtel beverlly

Vendredi 31 octobre 2014 - 09:37

Au fur et à mesure que s’éloigne l’illusion d’une présidence à vie pour Kabila à cause notamment de la forte hostilité de la société civile, de l’église catholique, des partis politiques- y com­pris de son propre camp- , de la communauté inter­nationale et de l’évolution heureuse de la situation au Burkina-Faso, son conseiller de pasteur, le branhamiste Mugalu, lui navigue à con­tre-courant en multipliant initiatives après initiatives pour entretenir cette utopie moyenâgeuse. La dernière initiative malheureuse du chef de la Maison civile du chef de l’Etat s’est déroulée il y a une semaine dans le quartier huppé de Socimat, à l’hôtel Bervelly Lodge où Théodore Mugalu a rencon­tré secrètement les chefs de confessions religieuses à l’exception notable de la re­spectable église catholique. Mugalu a demandé à ses hôtes de soutenir une nou­velle Constitution accusant l’actuelle de tous les péchés d’Israël.

 

Il ne s’agit plus pour la Majorité présiden­tielle, à en croire Mugalu, de révision constitutionnelle car trop complexe à cause du verrouillage de l’article 220 (qui limite nombre et durée des mandats prési­dentiels), mais plutôt d’une nouvelle Constitution carré­ment. Devant les chefs des confessions religieuses, T. Mugalu a sollicité leur sou­tien afin que son message inique pro-changement de la Constitution au bénéfice d’un seul individu, J. Kabila, soit relayé avec zèle dans les assemblées chrétiennes peuplées des « moutons de panurge ». Bien entendu, comme à l’église, le brah­namiste Mugalu n’est pas venu les mains vides devant les « serviteurs de Dieu ». En échange de leur soutien, promesse a été faite de la remise de la bagatelle de 100.000 USD $ à chacun de ses « saints » interlocu­teurs. Question de bien con­ditionner leurs ouailles. Ça ce n’est ni plus ni moins que l’achat des consciences ! Dans son opération « achat des consciences » même celles sensées être incor­ruptibles, Mugalu a poussé la flagornerie jusqu’à son comble. Il a promis aux chefs de confessions religieuses un « espace prépondérant des églises » dans la nou­velle Constitution au détri­ment des partis politiques. Le « constituant » Mugalu a aussi promis aux chefs de confessions religieuses que la nouvelle Constitution tiendra compte d’eux com­me jamais on ne l’a fait en leur accordant des subsides.

 

Faut vraiment être bête pour penser que l’hypothétique projet de nouvelle Constitu­tion de Mugalu est mû par le sort « peu enviable »réservé aux pasteurs et à leurs Asbl par l’actuelle Constitution et que la Majorité, soud­ainement inspirée par Dieu, comme par hasard à la veille du dernier mandat de Kabi­la, voudrait corriger ce « blasphème ». C’est prendre les chefs de confessions re­ligieuses pour des oies sau­vages. Il faut reconnaitre que la ficelle est grosse voire grossière. Mais pour réussir son projet d’achat de con­science, Mugalu a besoin de deux éléments : la cupidité des « hommes de Dieu » et leur naïveté. Et même un troisième l’amnésie : une mémoire courte pour qu’ils ne se souviennent pas qu’un des leurs, le pasteur Sony Kafuta dit Rockman de l’Eglise Armée de l’Eternel sur boulevard Sendwe, lui qui avait maladroitement soutenu Kabila lui aussi en 2006 en sait quelque chose. La fureur de kinois s’était abattue sur son église qui fut littéralement pillée et une bonne partie de fidèles s’en allèrent. Le Pouvoir à l’époque lui avait promis de l’argent pour le dédom­mager. Jusqu’à aujourd’hui, il ne l’a jamais été. Le « Gé­néral » Kafuta avait beau­coup perdu de sa crédibilité dans l’opinion.

 

Il en fut ter­riblement affecté jusqu’au point où il décida de ne plus se faire instrumentaliser par le pouvoir.Huit ans plus tard, Mugalu appâte de nou­veau les pasteurs et autres imans avec la même recette : argent contre soutien au changement de la Constitu­tion. Mugalu est allé chez les pasteurs parcequ’il sait que l’opinion nationale, pas dupe, dans son écrasante majorité, ne veut pas ni d’une nouvelle Constitution ou ni de la révision consti­tutionnelle. Allez vers les pasteurs des églises dites de Réveil c’est aussi pour Mugalu de contourner le veto catholique dans la per­spective d’un référendum constitutionnel. Car Mugalu et la Majorité savent que la manipulation prospère sur le terreau de l’ignorance ou de la vénération d’une autorité religieuse. Dans le dernier cas la religion con­stitue l’opium du peuple jadis évoqué par Karl Marx. Cette nouvelle initiative de Mugalu va échouer comme les précédentes. Il avait pré­vu il y a quelques semaines de se rendre à Kindu pour lancer sa campagne pour le changement de la Constitu­tion.

 

Les chambres d’hôtels et les billets d’avion avaient déjà été réservés pour lui et pour l’équipe de journalistes qui devaient l’accompagner. Mais au dernier moment, cette tournée pro-change­ment Constitution a été ajournée à cause notam­ment de l’hostilité des ha­bitants de ce coin du pays. Mugalu qui avait traité Russ Feingold, envoyé special de Barack Obama dans les Grands Lacs, de « déséquili­bré spirituel » pour son re­fus de la manipulation de la Constitution est l’archétype de l’amateurisme de la Kabilie au sommet de l’Etat. N’ayant aucune légitimité ni aucun mandat public, le chef de la Maison civile du chef de l’Etat multiplie des initia­tives hautement politiques avec sa maladresse habitu­elle confondant tout en vou­lant imposer sa vision plus qu’étriquée de la bible,qui plus est dans un Etat laïc.Il pratique un mélange de genres immonde entre les prérogatives de l’Etat, sa casquette de pasteur, son rôle de conseiller et son travail de propagandiste et il s’improvise même juriste pour débiner le « droit made in Kabilie ».

Prêt à tout faire pour que Kabila conserve le pouvoir, c’est encore lui qui faisait la navette entre Li­mete et le Palais de la Na­tion pour débaucher Etienne Tshisekedi. C’était son plus grand projet faire le coup de Gizenga mais avec Tshiseke­di cette fois-ci. Il l’aurait alors gagné la sympathie éternelle de son mentor et jouer le rôle qu’il caresse depuis être le plus puissant conseiller de Kabila, une sorte de nouveau Katumba dont le vide n’a jamais été comblé. C’est à se demand­er si pour Mugalu qui de Dieu ou de Kabila vient en premier ? Où qui de Kabila et du peuple congolais qui a primauté sur l’autre ? Ou encore qui de Kabila ou de la Constitution actuelle sur laquelle il jurait fidélité à tue-tête lorsque son pouvoir était menacé par le M23, qui prime ? Dès que Mugalu établira une hiérarchie ju­dicieuse entre ses éléments il retrouvera le chemin de la rectitude morale et ne multi­pliera plus les messes noires contre la République au profit d’un seul individu.

Si Mugalu s’entête à caresser Kabila dans le sens du poil, il n’a qu’à jeter un coup d’oeil au Burkina-Faso où Blaise Compaoré, se cachant aussi derrière les arguments fal­lacieux genre « stabilité », « progrès économique » et « développement social », bref tous les baratins des politiques comme ce qu’on attend ici en RD-Congo, a voulu modifier les disposi­tions de la Constitution qui lui interdisait de concourir à la présidentielle de 2015. Lui aussi c’était au « nom du peuple » qu’il revendi­quait un référendum consti­tutionnel avant d’opter pour son Parlement doté récem­ment d’un sénat bidon pour le besoin de la cause. Aujourd’hui, c’est par la pe­tite porte de l’histoire qu’il doit quitter le pouvoir. Triste pour les dirigeants africains qui par leur égoïsme maladif menace la stabilité de leurs propres Etats. La bible ne dit-elle pas que les voies de Dieu sont insondables ? L’éclair de génie des Burkin­abés suffira-t-elle à dis­suader Mugalu et la Kabilie dans leur quête suicidaire de conserver le pouvoir en changeant de Constitution ? Wait and see !

 

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