Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RD Congo, Martin Köbler a, au cours d’un échange à cœur ouvert avec une centaine de représentants de différentes associations des jeunes, mardi 31 mars 2015 à Kinshasa, estimé que pour en finir avec la crise généralisée, « il faut s’attaquer aux causes profondes » que sont la pauvreté et l’exploitation illégale des minerais.
Un échange-test mais fructueux, dans la mesure où le chef de la Mission de l’Onu en République démocratique du Congo (Monusco) a écouté attentivement ses interlocuteurs et répondu, sans tabou, à toutes leurs préoccupations. Tout son discours a tourné autour des causes profondes ayant favorisé la crise qui gangrène tous les secteurs de la vie en RDC, en l’occurrence, la pauvreté, la corruption et l’exploitation illégale des minerais.
La population « exclue de la circulation monétaire »
Martin Köbler soutient que « la plupart de la population est exclue de la circulation monétaire », affirmant que « nous travaillons avec le Gouvernement pour créer les circonstances permettant de créer l’emploi ». Dans son entendement, « il est inconcevable que le peuple congolais exporte les minerais et importe, par la suite, des produits de ces mêmes minerais ».
« Pourquoi pas produire vous-mêmes les téléphones mobiles et des Jeeps, au lieu de les importer ? Pourquoi exportez-vous des tomates pour enfin, importer du Ketch up ? », s’est-il indigné, exhortant ainsi ses interlocuteurs à faire savoir leurs idées au Parlement pour une éventuelle discussion.
A en croire le diplomate onusien, les minerais de la RD Congo sont exportés illégalement par des réseaux mafieux en complicité avec certains services étatiques. Ce qui, de son point de vue, favorise la contrebande.
Sur ce sujet, Martin Köbler est allé plus loin en proposant, par exemple, la création d’une zone de commerce libre à Kisangani (Province Orientale) et des universités spécialisées à travers le pays.
« Les Nations Unies devraient rester en RDC »
Il a aussi souligné la nécessité de la réforme du système judiciaire. Ce faisant, pense-t-il, « nous créons un cadre dans lequel l’économie doit se développer ».
Pour en finir avec l’exploitation illégale des minerais qui est une des causes profondes de la crise, le Représentant de Ban Ki-moon a estimé qu’il faut en premier lieu, combattre tous les groupes armés.
Selon lui, « les Nations Unies devraient rester en RDC, aussi longtemps que toutes ces conditions ne seront pas réunies ». Car, a-t-il ajouté, « on ne peut pas partir du pays si les causes profondes n’ont pas été attaquées ».
Répondant aux questions relatives à l’emploi des jeunes et au chômage, Martin Kobler a bien compris l’inquiétude de ses hôtes. Mais, leur a-t-il avoué, « les Nations Unies ni ses agences ne créent pas suffisamment des emplois au pays, c’est le Gouvernement qui a le devoir de créer le cadre pour le développement ». Il a souligné que « ce sont des entreprises privées qui créent les emplois ».
Selon le patron de la Monusco, l’Onu soutient plutôt, l’éducation, les infrastructures et certaines initiatives ou projets susceptibles de créer les emplois.
Cette rencontre des délégués de jeunes avec le chef de la Monusco est une première dans l’histoire de la Mission de l’Onu en RDC. De source de cette Mission, on apprend que « cet un exercice sera désormais régulier ».