Une année après leur signature à Nairobi(Kenya), les déclarations de reddition ou accords de paix (c’est selon) ayant mis fin à la rébellion du Mouvement de 23 mars(M23) ont été évaluées à Kinshasa, capitale de la RD Congo, le vendredi 7 novembre 2014au siège du Mécanisme national de suivi des accords de paix signés par la RDC(MNS). De nombreux acteurs impliqués dans la résolution de cette crise(les envoyés spéciaux de l’Onu, de l’Union africaine, des Etats-Unis, de la CIRGL, les diplomates, etc.) ont pris part à cette grande réunion, à l’exception de l’ex rébellion du M23. Son représentant, René Abandi, vivement attendu, n’a pas fait le déplacement de Kinshasa.
«A notre connaissance, on nous a dit qu’il n’y a pas d’argent pour voyager, comment cela fera-t-il en termes de prise en charge ? Nous avons répondu que le gouvernement de la RDC se portait garant de ce point de vue là… », a tenté d’expliquer François Muamba, coordonnateur national du MNS.
Puis d’ajouter que l’ex-rébellion a posé des problèmes de sécurité, nonobstant le fait qu’elle se promène allégrement à Goma, y compris René Abandi avec qui François Muamba était personnellement en mai dernier dans la même ville, chef-lieu du Nord-Kivu. « Bon, nous apprenons que pour venir à Kinshasa, il y aurait des problèmes de sécurité ! Là aussi, nous, gouvernement, ne sommes pas seuls à donner des garanties, mais il y a aussi les Nations-Unies, à travers la Monusco. Pour ce qui est du transport, la même Monusco a mis à disposition un avion. Donc, nous considérons que s’ils continuent à réitérer les mêmes demandes ou remarques, ce qu’il y a quelque chose d’autre qui nécessite effectivement que les envoyés spéciaux examinent avant de pouvoir concrétiser la prochaine réunion à laquelle tout le monde souhaite que ces gens-là puissent participer. Et nous avons dit ‘Oui, nous irons partout, y compris sur la
lune, s’il faut lever les équivoques. Mais la réunion c’est bien entendu ici à Kinshasa en décembre… », a déclaré le numéro 1 du MNS. Toutefois, François Muamba a regretté cet énième rendez-vous manqué en faisant noter que la stabilité, la quiétude devraient être un agenda commun pour ceux qui se disent Congolais. « Nonobstant cette situation, le gouvernement de la RDC a mis à la disposition des envoyés spéciaux sa feuille de route indiquant clairement le 31 décembre, comme la date limite définitive des tractations avec l’ex-rébellion du M23 », a dévoilé François Muamba, appuyant que ce rendez-vous de Kinshasa est la démonstration que le gouvernement congolais fait ce qu’il promet.
Une seconde chance accordée au M23
Accusée de faire des yeux doux au M23, la communauté internationale, par l’entremise de SaidDjinnit, envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu dans la région des Grands Lacs, a lui aussi regretté l’absence du M23, mais a garanti que des efforts sont faits par les uns et les autres (CIRGL, Monusco, Etats-Unis, etc.), pour l’amener à la prochaine réunion. «…Nous sommes déterminés à créer des conditions pour une prochaine réunion formelle du Mécanisme ici à Kinshasa, mais entre-temps, il y aura des consultations avec l’implication de la présidence de la CIRGL (l’Angolais Edouard Dos Santos),et nous sommes confiants que nous allons reprendre le processus de mise en œuvre », a-t-il indiqué.
Jugeant utile la réunion tenue, malgré l’absence du M23, le délégué de Ban ki-Moon a dévoilé que les participants ont fait le point sur l’état d’avancement de la mise en œuvre des déclarations de Nairobi et ont reçu des informations utiles de la part des autorités de la RDC. Cependant, il s’est refusé à évaluer en termes de pourcentage ce qui est déjà fait dans ce processus, arguant qu’il n’a pas d’éléments chiffrés, mais reconnait que des progrès importants ont été réalisés.
Pour sa part, l’Américain Russ Feingold a également reconnu les efforts de Kinshasa dans ce processus et qui continue d’en faire davantage. « Nous, les Etats-Unis, ferrons tout ce qui est possible pour que les représentants de l’ancien M23 participent aux prochaines réunions. En ce moment, le M23 ne déstabilise pas la région car ils sont désarmés et font partie de ce processus qui amènera à une paix vraiment durable. Nous souhaitons que ceci reste ainsi et comptons sur la bonne foi du gouvernement congolais, du M23 et de la Communauté internationale pour aboutir réellement à une paix durable. Tous les pays de la région, y compris le Rwanda et l’Ouganda, se sont montrés engagés par rapport à ce processus de déclaration de Nairobi… », a dit l’Américain.
Tshieke Bukasa