L’ULTIMATUM LANCÉ AUX REBELLES HUTU RWANDAIS...

Mercredi 7 janvier 2015 - 08:18

L’ultimatum lancé aux rebelles Hutu rwandais des FDLR pour leur désarmement volontaire a expiré depuis le 2 janvier. Voilà qui a poussé le député Juvénal Munubo à évoquer la nécessité d’une meilleure planification des opérations militaires à mener contre ces forces négatives. L’élu de Walikale dans la province du Nord-Kivu, et secrétaire politique national de l’UNC chargé de Relations extérieures, a également fait par de ses inquiétudes relatives à la complexité de la situation sécuritaire dans l’Est de la République.

Pour ce qui est de l’expiration de l’ultimatum contre les FDLR, le député Juvénal Munubo s’explique : " ce qui m’inquiète sur la question FDLR, c’est qu’on n’est chaud ni avec la solution militaire ni avec la solution politique qui passerait par une ouverture politique au Rwanda. Et, finalement, on est chaud avec quel type de solution quand on sait que la question semble toujours nous diviser dans la Sous-région ? C’est une question entourée de beaucoup d’ambiguïtés. Conséquence : on est stationnaire et c’est dommage. Je n’ai pas été satisfait de la faible fréquence de redditions des FDLR.
Sur près de 2.000 combattants estimés, on n’a pas franchi le cap de 500 pour ceux qui ont déposé les armes. Encore que, selon certaines informations, les gros poissons ne se sont pas rendus du tout. Une autre considération concerne la suite réservée aux FDLR qui se sont rendues. J’aurai souhaité qu’au fur et à mesure que les redditions se fassent, que le rapatriement effectif soit de même. Et cela m’amène à ne pas soutenir des mesures de délocalisation ou de localisation temporaire, surtout qu’en 2005, il y a eu délocalisation d’environ 2.500 éléments. Mais personne ne sait où ils sont et ce qu’ils sont devenus.
La troisième considération, poursuit-il, est que je suis loin de croire à l’effectivité de l’application de l’option militaire dans un avenir proche. Il y a, par exemple, cette réunion à l’initiative du président Sud-africain au niveau de la CIRGL. Qui sait si un autre ultimatum va être accordé à l’issue de cette rencontre ? Il faut attendre. Parce qu’en principe, les opérations militaires devraient déjà commencer à l’expiration de l’ultimatum le 2 janvier dernier.
Le député Munubo a revelé "qu’il y a un récent rapport qui vient de sortir et dont RFI a obtenu une copie, faisant remarquer deux contraintes importantes dans les opérations militaires à lancer contre les FDLR : la première, c’est la complicité à un certain niveau entre les éléments FDLR et certains éléments FARDC.

La seconde est relative à la proximité entre les réfugiés Hutu rwandais et la population congolaise. D’où la nécessité d’une meilleure planification pour éviter des représailles telles que vécues dans les années 2010 dans la localité de Busurungi à Walikale, où les FDLR avaient infligé des représailles sur la population civile ".
A ce stade, l’élu de Walikale est pour l’option militaire contre cette rébellion étrangère qui constitue une épine dans le pied du Gouvernement. Comme proposition, Juvénal Munubo pense à l’implication des leaders communautaires, locaux et ceux de la Société civile étant donné qu’ils connaissent bien les campements et la localisation des FDLR.
" L’ouverture politique au Rwanda sera une bonne chose parce que le Rwanda, tout comme la RDC, est signataire du Pacte de Nairobi qui prône, entre autres, la promotion de la démocratie qui implique aussi l’ouverture politique. Je ne suis pas demandeur d’un dialogue inter rwandais pour la simple raison que je ne suis pas Rwandais, c’est une affaire interne au Rwanda. Mais je souhaite bien que la promotion de la démocratie soit une réalité dans mon pays au Congo tout comme ailleurs dans d’autres pays de la sous-région. C’est un gage pour la paix ", a-t-il souligné.
Le député Munubo reconnait qu’au-delà des FDLR, il y a encore la question des ADF et d’autres groupes armés. A la question de savoir comment s’en sortir, il a fait savoir que les questions sécuritaires dans l’Est de la RDC sont à prendre avec beaucoup de sérieux parce qu’elles peuvent perturber le processus électoral.

" On a parlé tantôt des FDLR, tantôt de l’Alliance des forces démocratiques (ADF), ou encore de groupes armés locaux dans le Kivu, de Bakata Katanga dans le Nord du Katanga encore actifs. Et un récent rapport parlementaire reprend cette situation. Il faut résoudre toutes ces questions de peur qu’elles ne s’érigent en embûche en 2016 lorsqu’il sera question d’organiser les élections. Je crois que, pour l’ADF, les préalables, ce sont des enquêtes. Il faut quand même en savoir plus pour déterminer avec qui les FARDC se battent. Il faut connaître l’identité de l’ennemi : est-ce uniquement les ADF ?
Ces rebelles ougandais ne sont-ils pas en association avec d’autres forces occultes localement ? ", s’est interrogé l’élu de Walikale qui revient fraîchement du Nord-Kivu.

" A Goma, on enregistre beaucoup de tueries, le cas le plus récent est celui d’un journaliste de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC). Mais on ne comprend pas cette récurrence d’assassinats en dépit de la présence de la police ou de la MONUSCO qui y a déployé sa plus grande base ", a-t-il souligné avant d’inviter le Gouvernement à accroître les capacités opérationnelles de la police et à électrifier la ville de Goma. " Il est important qu’on réhabilite les principales artères et qu’on intensifie des patrouilles mixtes Police nationale congolaise et police de la MONUSCO, etc. en vue de sécuriser Goma ", a suggéré le député Munubo.
Pour lui, l’insécurité bat son plein dans le territoire de Walikale dans la mesure où l’on enregistre des affrontements entre deux factions Maï-Maï dans la localité de Ntoto.

Quant à la réduction des effectifs de la MONUSCO en RDC proposée par le Gouvernement, Juvénal Munubo n’a pas manqué de faire son commentaire. " Je crois que c’est tôt de penser à la réduction des effectifs de la MONUSCO. Par contre, il faut demander que la MONUSCO soit davantage proactive pour travailler conformément à son mandat. Et la meilleure façon de dire aurevoir à la MONUSCO, c’est d’accélérer la réforme de notre armée. Nous devons accélérer la réforme du secteur de sécurité, un secteur de sécurité à transformer même dans les mentalités, et c’est alors que la présence de la MONUSCO ne se justifierait même plus. Elle est ici eu égard aux insuffisances constatées. Au lieu d’appeler la MONUSCO à réduire ses effectifs ou à partir, le gouvernement doit plus travailler pour matérialiser les réformes sécuritaires ", a-t-il indiqué.

Quant à la question de révision constitutionnelle qui ne sera pas abordée au cours de la session extraordinaire, le secrétaire politique national de l’UNC chargé de Relations extérieures a été très clair : " J’ai suivi les déclarations du président de l’Assemblée nationale et j’entends le suivre vraiment à la lettre. Il a une grande responsabilité de conduire le débat de ce que lui-même appelle le temple de la démocratie. Et il a promis et nous attendons voir la suite. Sur la question de la loi électorale, je suis d’accord avec le collègue Sesanga.

Je pense que ce n’est pas opportun d’avoir une nouvelle loi électorale. Il est donc possible d’organiser les élections avec la loi électorale en vigueur. Le problème, c’est qu’on ne nous dit pas exactement quelles sont les questions concernées par la retouche dans cette loi. Et du coup, on nous parle du recensement.

Nous ne sommes pas d’accord qu’il faille faire dépendre le fichier électoral du recensement. Celui-ci est une grande opération qu’il ne faudrait pas mener à la va-vite. Le risque, c’est d’aller vers le glissement, au-delà de 2016 ".
Au point de savoir si toutes ces questions qui divisent la classe politique ne nécessitent pas un dialogue pour baliser la voie des élections, il a répondu en ces termes : " Nous (UNC) soutenions à l’époque le dialogue dans le cadrage de la résolution 2098 du Conseil de sécurité point 14b et point 4. L’optique était de baliser le processus électoral, d’avoir un consensus sur le calendrier, d’obtenir des garanties des acteurs de la Majorité comme quoi la révision constitutionnelle ne va pas s’opérer avant la présidentielle de 2016.

Notre demande n’a pas été acceptée. Et du coup, comment comprendre que nos partenaires du pouvoir changent de position pour accepter le dialogue alors qu’on s’achemine vers la fin du mandat ? C’est ainsi que nous appelons l’Opposition à plus d’attention. Nous ne voulons pas une énième transition. Bref, nous ne sommes plus demandeur du dialogue. Ce qui importe pour le moment, c’est d’appliquer la loi et respecter le délai constitutionnel quant à l’organisation des élections ". Dorian KISIMBA

 

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