" Si des présidents africains ne respectent pas leurs Constitutions, les USA aideront les peuples des pays dont des chefs d’États sont fin mandat à se prendre
en charge", déclare la successeur de Russ Feingold.
* Pour nombre d’observateurs, Lambert Mende sera très sollicité avec l’arrivée
de l’Envoyée spéciale des USA pour les Grands lacs.
Après Russ Feinglod, voici Linda Thomas-Greenfield. Si, le premier semble avoir laissé des empreintes particulières en RDC en insistant sur le respect de la Constitution au Congo-Kinshasa et surtout sur la limitation du nombre de mandats présidentiels, la seconde semble pousser le bouchon un peu plus loin là où l’on pensait qu’un diplomate logé à l’enseigne des us et coutumes diplomatiques foulerait le sol congolais. En fait, c’est l’adage " déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul " qui est au rendez-vous. Car, la tonalité reste la même et Linda Greenfield comme son prédecesseur pourrait tout aussi être davantage l’Envoyée des USA au Congo que dans les Grands lacs.
Linda Thomas Greenfield succède à Russ Feingold en qualité d’envoyée spéciale des Etats-Unis d’Amérique pour la région des Grands-lacs. Mais, rien ne change dans la politique africaine des Etats-Unis d’Amérique. Comme si, en nommant Greenfileld comme envoyée spéciale, les USA confirment leur volonté de poursuivre sur la même lancée au sujet des chefs d’Etat ciblés par l’Oncle Sam. D’ailleurs, avant de prendre ses fonctions - c’est dans les jours à venir qu’elle va fouler le sol congolais - la nouvelle patronne américaine de la région des Grands Lacs a annoncé les couleurs. Comme pour dire : « Feingold est mort, vive Feingold !
Linda Thomas-Greenfield est allée droit au but dans ses déclarations et prises de position. Sur les ondes de Radio France internationale (RFI), elle a largué ce qu’on peut utilement qualifier de phrase assassine en déclarant : " Si des présidents africains ne respectent pas leurs Constitutions, les USA aideront les peuples des pays dont des chefs d’États sont fin mandat à se prendre en charge ". Entre les lignes, on est poussé à croire que Washington pourrait même amener les peuples africains à se révolter contre leurs dirigeants. Est-ce ce scénario qui aurait été mis en place au Burkina Faso ? La question demeure posée. Mais, à entendre l’Envoyée spéciale des USA dans la région des Grands lacs, c’est tout comme.
Linda Thomas-Greenfield, jusque-là sous-secrétaire d’Etat US aux Affaires africaines, n’est pas méconnue du microcosme politique congolais. Dernièrement, elle s’est invitée, comme certains ténors de la Communauté internationale, dans le débat autour de la fin du mandat de Joseph Kabila à la tête de la RDC notamment à travers une tribune comminatoire intitulée "Deux mandats et puis s’en va" parue dans Jeune Afrique (N° 2804 du 5 au 11 octobre 2014) et dans certains journaux à Kinshasa. Elle a soutenu que les Présidents africains devraient faire deux mandats et puis, s’en aller. Est-ce pour le besoin de la cause que la sous-secrétaire aux Affaires africaines remplace Russ Feinglod en RDC ?
AVEC L’ARRIVEE DE GREENFELD, LAMBERT MENDE TRES SOLLICITE Le porte-parole du Gouvernement congolais a déjà eu à goûter à la sauce Greenfield. Répondant à l’Américaine dans une mise au point ferme, le Congolais Lambert Mende Omalanga a déclaré ne pas voir de corrélation entre ses statistiques et les limites de nombre des mandats présidentiels. " Plutôt que de chercher à importer des schémas institutionnels prêt-à-porter en Afrique, les vrais amis de ce continent feraient donc mieux de prendre en compte la corrélation qui existe entre tout système politique et son environnement socioculturel ", avait répondu le ministre de la communication et des Médias. On comprend que le porte-parole du Gouvernement congolais sera particulièrement sollicité dès l’entrée en fonction de Linda Thomas-Greenfield.
Dans les colonnes de Jeune Afrique, Mende a indiqué : " Les Policy makers comme Madame Linda Thomas-Greenfield sont invités à dépassionner et "désidéologiser" le débat sur les constitutions africaines et à résister à la tentation de se substituer aux peuples du continent et à leurs institutions auxquels il faut laisser le choix des voies et moyens les plus efficients pour consolider la démocratie sans sacrifier la paix, la stabilité et l’unité de leurs nations ". Après cette prise de contact entre le ministre congolais et l’Envoyée spéciale des USA dans les Grands lacs, d’aucuns parient sur de chaudes empoignades suite aux prises de position de Greenfield et à la réplique du souverainiste Mende qui a déjà eu affaire à un autre Envoyé spécial US, Russ Feingold..
RUSS FEINGOLD A VISITE LA REGION DES GRANDS LACS 15 FOIS Russ Feingold a quitté son poste d’Envoyé spécial des Etats-Unis dans les Grands-lacs en début février. Dans son discours d’adieu, le mois dernier à l’Institut Américain pour la paix, il a parlé des défis qui se posent encore dans cette région d’Afrique. Le sénateur Feingold a été envoyé spécial pendant 18 mois. Il a visité la région des Grands Lacs 15 fois en tant qu’émissaire spécial des États-Unis. Il considère l’Accord-cadre de paix, de sécurité et de coopération de 2013 comme "une étape importante pour l’apport des Etats-Unis et l’engagement international dans la région." L’ancien sénateur affirme que l’accord comprend des engagements régionaux à "ne pas soutenir des groupes armés et à respecter l’intégrité territoriale."
M.M. ET RACHIDI MABANDU