Dans les pays en voie de développement, 1 milliard de personnes ont passé le seuil de 1,25 dollar par jour en quinze ans.
Le chiffre est spectaculaire, même si les défis à relever sont encore immenses. Un milliard de personnes sont sorties de l'extrême pauvreté en l'espace de quinze ans dans les pays en voie de développement : telle est l'une des principales conclusions du rapport de 2015 des Nations unies sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), définis en 2000 par son ancien secrétaire général, Kofi Annan.
A l'époque, l'institution internationale tire la sonnette d'alarme. Il lui incombe, juge-t-elle, de « faire en sorte que la mondialisation profite à tous et non pas à quelques-uns, que la paix et la sécurité soient le lot de la majorité et non pas de la minorité ; que des perspectives s'ouvrent non seulement pour les privilégiés, mais pour tous les êtres humains, où qu'ils soient. »
Pour ce faire, elle se fixe neuf objectifs dans les domaines de l'emploi, l'éducation, la mortalité, la santé ou encore l'environnement. Aussi se félicite-t-elle aujourd'hui des résultats obtenus, les qualifiant de « mouvement de lutte contre la pauvreté le plus réussi de l'Histoire ».
La Chine comme moteur
La proportion de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour est ainsi passée de 36 % en 1990 à 15 % en 2011 - un objectif atteint avec quatre ans d'avance sur le calendrier initial. Ce taux devrait chuter à 12 % dès cette année, selon les estimations des Nations unies.
Evidemment, cette progression ne s'est pas opérée partout au même rythme. Tirée par sa croissance spectaculaire depuis plusieurs décennies, la Chine fait office de locomotive. Sous son impulsion, le taux d'extrême pauvreté en Asie de l'Est a chuté à seulement 4 % en 2015, contre 61 % en 1990.
Les progrès de l'Asie du Sud sont presque aussi impressionnants, avec une diminution de 52 % à 17 % sur la même période ; ils sont en revanche plus lents en Afrique subsaharienne, où plus de 40 % de la population vivent toujours dans un état d'extrême pauvreté, et ce malgré des progrès notables.
L'Asie de l'Ouest, le mauvais élève
A rebours de ces tendances, l'Asie de l'Ouest, qui comprend essentiellement les pays du monde arabe, dont certains sont en pleine crise (Irak, Syrie, Yémen), joue les mauvais élèves. L'extrême pauvreté y a progressé de 1 point entre 2011 et 2015. Il est vrai qu'elle y était aussi beaucoup plus faible, les personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour ne représentant que 3 % de la population de cette zone. Par ailleurs, 60 % du milliard de personnes encore considérées comme extrêmement pauvres vivent dans seulement cinq pays : l'Inde, le Nigeria, la Chine, le Bangladesh et la République du Congo.
« Parmi le milliard de personnes vivant toujours dans une extrême pauvreté, on ne sait pas combien il y a de femmes et de filles », indique le rapport. Mais elles sont plus susceptibles de vivre dans des conditions précaires dans 41 pays sur les 75 disposant de données fiables et souffrent de discriminations dans les domaines de la santé et de l'éducation.
Les effets négatifs de la crise
La réduction de la pauvreté allant de pair avec la situation de l'emploi, les Nations unies s'inquiètent pourtant : « L'emploi ne se développe pas assez vite pour absorber une main-d'oeuvre en augmentation. » La cause ? Le ralentissement de l'économie mondiale et « une accentuation des inégalités et des perturbations financières ». Quelque 204 millions de personnes en âge de travailler demeurent ainsi sans emploi en 2015, soit 31 millions de plus qu'avant la crise économique de 2008. La bataille contre la pauvreté, estime enfin le rapport, ne sera gagnée que si les pays en développement, et au premier chef les BRICS, renouent avec une croissance « durable et inclusive ».
A. L., Les Echos