L’Etat Indépendant du Congo a soufflé sur ses 130 bougies

Vendredi 27 février 2015 - 10:37

Quatre professeurs, Kalubi, Nguya, Kabanda et Kambayi ont tenu en haleine le public venu en masse assister à la conférence-débat sur la « création et reconnaissance de l’Etat Indépendant du Congo », hier jeudi 26 février 2015 en la salle Brel du Centre Wallonie Bruxelles à Gombe. A l’occasion du 130ème anniversaire de sa création du Congo, la Fondation Léopold II a organisé ce rendez-vous scientifique pour permettre aux Congolais de se remémorer cette date importante de leur histoire.

Premier à prendre la parole, le Pr Kalubi a indiqué que la conférence de Berlin marqua l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique. Cette conférence commença le 15 novembre1884 à Berlin et finit le 26 février1885. À l’initiative du Portugal et organisée par Bismarck, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire ottoman, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège ainsi que les États-Unis y participèrent. Une conférence antérieure fit commencer le débat sur la conquête du Congo et amorça ainsi le début des luttes coloniales. La conférence de Berlin aboutit à édicter les règles officielles de colonisation. L’impact direct sur les colonies fut une vague européenne de signatures de traités. «L’Etat congolais est né il y a 130 ans, mais la gestion par les Congolais a commencé en 1960. Nous avons eu 10 Chefs d’Etat depuis lors dont le premier est le colonel Strauss…», a-t-il précisé.

Quant au second orateur, Célestin Nguya, il s’est appesanti sur la fixation des frontières. Lorsque les frontières du nouvel État ont été fixées, a-t-il déclaré, au total, Léopold II de Belgique reçoit, à titre personnel, deux millions et demi de kilomètres carrés qui deviendront plus tard l’État indépendant du Congo. Son collègue, Boniface Kabanda, a révélé le côté « affairiste» du premier propriétaire de l’EIC, la gestion des «patates chaudes » par la Belgique et enfin celle de la montagne de Nyiragongo. «Les Américains ont, pour leur part, soutenu la décolonisation pour avoir leur part du gâteau…», a-t-il conclu.

Evoquant enfin, l’action de l’Eglise catholique dans la consolidation et l’exploitation du Congo, Kambayi Bwatsha a dit que le christianisme colonial était au service de la colonisation. «Il était utilisé pour mieux administrer la colonisation. C’est grâce à elle que les Congolais seront soumis. C’était une mauvaise église; aujourd’hui on fait un effort pour qu’elle devienne l’Eglise de l’inculturation…», a-t-il appuyé. Néanmoins, a-t-il tenu à préciser au début de son exposé, les Belges et l’Eglise d’aujourd’hui ne doivent pas se sentir gênés, car ces institutions et ces personnages appartenaient à une époque révolue.
Il convient de souligner que l’Acte général de la conférence de Berlin fut été signé exactement le 26 février 1885. La conférence qui réunit à Berlin les représentants de 14 pays européens, de novembre 1884 à février 1885, avait pour objet de régler pacifiquement les litiges relatifs aux conquêtes coloniales en Afrique. L’Allemagne, qui ne s’est pas engagée dans la politique de colonisation, jouait les médiateurs et plaidait en faveur de la liberté du commerce et de la navigation, notamment dans le bassin du Congo et celui du Niger. L’Acte final fixait les règles de la colonisation de l’Afrique et imposait le principe de l’effectivité pour reconnaître une annexion.
Tshieke Bukasa