Les secrets d’un appel téléphonique : C’est l’ambassadeur US à Addis-Abeba qui a amené le téléphone à Joseph Kabila

Vendredi 3 avril 2015 - 11:37

Voulant à tout prix assurer une transition politique pacifique en RD-Congo, la communauté internationale sait pertinemment que cette noble quête ne peut aboutir si Joseph Kabila n’y met pas du sien. Sa mauvaise foi politique, présumée pour les uns et avérée pour les autres, est redoutée aussi bien par l’opposition congolaise que par la communauté internationale. Privilégiant la prévention et la guérison des maux politiques, la communauté internationale exerce une pression continue sur Joseph Kabila. Kabila ne le laissera pas transparaitre, mais il ploie sur le poids d’une pression intense à la fois interne qu’externe. Les derniers mois de son mandat s’apparente à un véritable chemin de la croix. Et cette pression est loin de faiblir. Au contraire, elle va aller crescendo au fur et à mesure que les élections générales vont s’approcher. Cette fois-ci, la pression est venue de l’homme le plus puissant de la planète :
Barack Obama le président des Etats-Unis d’Amérique. Le président américain a décroché son téléphone pour parler avec Joseph Kabila, mais il a eu tout le mal du monde à le joindre. A peine croyable que Joseph Kabila n’ait pas sur lui son téléphone pour répondre aux appels urgents. Encore plus grave, si dans l’hypothèse où il l’avait sur lui, il ne voulait pas prendre le président américain au téléphone. Mais il en fallait plus pour décourager le président américain qui comptait délivrer un message important à Joseph Kabila. Kabila se trouvait à Addis-Abeba en Ethiopie au somment de la Comesa quand Obama le voulait au bout du fil. Le président américain, en homme pragmatique dont l’obligation de résultats est une obsession, est passé par son ambassadeur présent au sommet du Comesa pour parler avec Joseph Kabila. C’est l’ambassadeur qui a porté son téléphone à président rd-congolais pour qu’il puisse
s’entretenir avec son homologue américain. Ce coup de fil opéré dans la nuit du mardi 31 mars revêtait une importance capitale pour la stabilité de la RD-Congo. Barack Obama a abordé notamment les questions relatives aux élections, au respect des droits humains et bien entendu à la sécurité. Sur la question des élections notamment, du classique, Obama a exhorté son homologue à faire en sorte que les élections générales, que s’apprêtent à organiser la RD-Congo, soient crédibles, transparentes et constitutionnels. Autrement dit, si le président américain ne nourrissait pas des soupçons sur les velléités de Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir, il n’aurait pas abordé ces questions. L’appel d’Obama est tombé à pic car au même moment une transition pacifique du pouvoir s’est opérée au Nigéria où Goodluck Jonathan, le président sortant, a vite reconnu sa défaite au profit de Buhari. Une belle leçon de
démocratie aux chefs d’Etat africains qui veulent se cramponner au pouvoir coûte que coûte. Goodluck a eu cette phrase magnifique que les pseudos dirigeants démocrates africains devraient méditer. « Comme je l’ai toujours affirmé, l’ambition d’aucun homme ne vaut le sang des nigérians ». A Kabila on ne demande pas de se disposer à accepter une éventuelle défaite électorale en 2016 mais simplement de respecter la Constitution en ne concourant pas. C’est aussi simple que cela. Mais on exige de lui aussi de garantir le bon déroulement du processus électoral sinon il sera comptable d’un éventuel dérapage politique du processus électoral. Le coup de fil de Barack Obama a le mérite de clarifier encore le jeu politique rd-congolais. Kabila voulait entretenir un mystère sur son avenir politique afin de tenir en laisse ses partenaires politiques. Personne n’est désormais dupe, la présidentielle de 2016 ne rimera pas avec la
candidature de Joseph Kabila. Les opinions l’ont tellement intériorisé que cela semble irréversible à moins de risquer une déstabilisation du pays. En politique où d’abord c’est la règle du chacun pour soi qui fait loi, les partis de la majorité présidentielle se préparent déjà à l’après Kabila en contestant ses choix, élections locales et découpages notamment. Et Kabila le leur rend bien, il procède désormais aux nominations dans les entreprises publiques notamment sans le moindre égard pour ses partenaires de la MP. C’est qui fait dire à certains observateurs que la MP est déjà mort de sa belle mort depuis longtemps. La dernière réunion de Kingakati a tourné à l’affrontement et les noms d’oiseaux ont été donnés comme des petits pains. Les membres de cette plateforme sont plus préoccupés par leur survie politique, ce qui est normal, d’ailleurs en l’absence d’une vision claire et partagée au sein de
la MP face aux enjeux de l’heure, que par l’obéissance aveugle à leur futur ex autorité morale. Lui qui bientôt n’aura plus postes à leur distribuer ni services de sécurité comme épée de Damoclès sur leurs têtes, comment maintiendra-t-il la cohésion ? L’appel d’Obama vient renforcer l’opinion dans la Majorité présidentielle et même au-delà dans la société rd-congolaises, que l’alternance en 2016 est irréversible car deux opinions puissantes, nationales et internationales, se sont données les moyens de l’atteindre.

 

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