LES ORDURES DE TOUS GENRES POLLUENT L’ENVIRONNEMENT DU MARCHÉ MUNICIPAL

Vendredi 26 février 2016 - 06:02
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Des montagnes d’immondices derrières les vendeurs. A coté, des bacs à ordures pleins et en mal d’évacuation déversent leur contenu à même le sol. A cela s’ajoutent des eaux usées dégageant une odeur nauséabonde, ainsi que des déchets industriels et ménagers écumant presque toute la cour. Ce tableau peint partiellement le décor de l’environnement actuel du marché de Selembao, situé dans le district de la Funa, à Kinshasa.

Plusieurs foyers d’ordures ont élu domicile au sein du marché de Selembao. A force de cohabitation, les commerçants de ce marché ne se gênent presque plus de commercialiser les produits alimentaires à côte des ordures de tous genres, formant presque des reliefs.Un tour sur le lieu suffit pour se rendre compte des risques de maladies qu’occasionnent ces immondices.
Passer quelques temps dans l’enceinte du marché de Selembao n’est plus un beau temps. La plupart des visiteurs de ce lieu de négoce se voient obligés de se pincer le nez. Question de se mettre à l’abri de mauvaises odeurs qui polluent l’environnement. Qui pis est, des mouches après s’être posées sur les ordures, viennent finir leur périple sur les poissons, la viande, le légume et autres produits alimentaires exposés à la vente.
A en croire les agents du service d’environnement et hygiène de la Maison communale de Selembao, cette insalubrité caractérielle du marché de Selembao participe de façon considérable au développement des maladies des mains sales, notamment la fièvre typhoïde, ayant désormais un caractère endémique dans plusieurs quartiers de cette municipalité.
" Nous frappons souvent de sanction ces mamans vendeuses qui exposent les aliments à la merci des mouches et d’autres agents vecteurs des maladies. Bien que plusieurs facteurs soient à la base de l’insalubrité au sein de ce marché, mais il faut admettre que les vendeurs en sont les premiers responsables. Car ils devraient en premiers veiller à la propreté de leur environnement d’activité ", explique Guy-Roger, K, agent à la Maison communale de Selembao.

LES COMMERÇANTS NE SAVENT OU VONT LES FRAIS RELATIFS AUX « SALONGO »
Les vendeurs et vendeuses du marché de Selembao, pointent du doigt les autorités communales. Ils décrient le paradoxe entre les frais collectés régulièrement prétendument pour des travaux d’insalubrité et l’accroissement des foyers d’immondices au sein de ce marché.
" Nous nous demandons si l’argent des tickets et d’autres frais connexes que nous payons au quotidien sont alloués à quels types de dépenses. Car, c’est toujours nous qui devons à tout moment payer les pousse-pousseurs pour évacuer ces immondices ", se plaint une vendeuse au marché de Selembao.
" Nous sommes exposés à plusieurs maladies, non seulement nous qui vendons ici, mais toute la population de Selemabo qui s’approvisionne journellement ici. Les autorités de la commune ne savent que multiplier les occasions de nous rançonner. Quant à la salubrité au sein de ce marché, ça ne les concerne presque pas. Nous payons chaque samedi 500 fc et d’autres frais relatifs au Salongo (travaux collectifs d’assainissement), mais ce qui se fait s’avère très insignifiant ", fait remarquer Julien, K., vendeur de viande au marché.
Des personnes interrogées estiment que cette insalubrité qui a élu domicile au marché de Selembao est en majeure partie favorisée par le parking de véhicules en provenance de la province du Kongo-central, situé juste à côté de ce marché.

L’INSALUBRITE TEND A SE GENERALISER DANS LES MARCHES DE KINSHASA
Le même constat d’insalubrité est fait dans plusieurs autres marchés de la ville de Kinshasa, notamment les marchés Gambela, Mariano, Zikida et le Grand-marché. Ce qui interpelle sur le type de management qu’il faut pour l’administration de ces établissements commerciaux qui nourrissent la population.
L’avenue Force qui traverse le marché Gambela est remplie de déchets industriels et ménagers, ainsi que d’ordures de plusieurs natures. Pour les évacuer, ce sont plutôt les vendeurs qui se cotisent. Les administrateurs du marché n’y participent que de manière insignifiante.
" Nous déplorons qu’il y ait autant de saletés aux cotés des aliments. Il arrive de nous demander si la sécurité alimentaire dans notre pays n’existe que pour ceux qui achètent régulièrement dans les supers marchés ", s’interroge une mère de famille rencontrée au sortir du marché Gambela.
Quant au Grand marché de Kinshasa, appelé communément « Zando » par les kinois, la situation est encore plus alarmante. Plusieurs blocs d’ordures sont rassemblés sur l’avenue Bokassa, dans sa partie comprise entre les avenues Bas-congo et Dodoma.
La même situation est perceptible à l’intérieur des pavillons où les vendeurs et vedeuses ne se contentent que de mettre de la propreté à leurs places d’activités respectives, en abandonnant les ordures balayées dans la cour du marché. C’est grâce, à certaines ong œuvrant dans le domaine de l’environnement que ces immondices sont déversées sur l’avenue Bokassa où des camions viennent les transporter à destination d’une usine de recyclage à N’sele.
" Au-delà d’autres frais, nous payons chaque jour 300 fc de ticket et 100 Fc pour la salubrité. Et chaque samedi nous payons 500 fc par table pour des travaux d’évacuation des immondices et des ordures. Mais nous fustigeons le fait que nos autorités ne font pas grand-chose dans ce domaine. Car l’insalubrité continue de croître au sein de ce marché", indique Gérard, P., vendeur au pavillon 7, du Grand marché de Kinshasa.
Les observateurs avertis rencontrés en appellent à la conscience tant des autorités municipales que des commerçants en vue d’un assainissement aussi rigoureux que régulier au sein des marchés de la ville de Kinshasa. Orly-Darel NGIAMBUKULU