LES EXPERTS ÉMETTENT LE VŒU DE PARACHEVER L’ARCHITECTURE DE LA DÉCENTRALISATION

Jeudi 14 avril 2016 - 05:41
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Experts en décentralisation et étudiants des Facultés de sciences Politiques et de Droit de l’Université Catholique du Congo (UCC) ont échangé sur la gestion de l’espace public kinois par les gouvernements central et provincial à Kinshasa au cours d’un colloque organisé mardi 12 avril par les Facultés de sciences Politiques et de Droit de cet Alma Mater en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer dans l’enceinte de la bibliothèque centrale de cette université.

Les professeurs Kasongo, Obotela Noël, Ingole Georges, experts en décentralisation , Me Belade Wapu directeur de cabinet de la ministre provinciale du Genre, ont , à travers leurs interventions respectives, montré que dans le cadre de la libre et double administration ( centrale et provinciale ) il existe, à la faveur des textes des lois, des domaines de collaboration, d’intervention propre à chaque gouvernement. Mais qu’il y a aussi des frictions et des contradictions dans l’exercice de ces lois sur le terrain pratique.
Aux dires du doyen de la faculté de droit de l’UCC, le professeur Philémon Mwamba, si les gouvernements provinciaux peuvent se plaindre à l’endroit du gouvernement central d’empiètement parfois sur leurs prérogatives, que pourront dire les Entités Territoriales Décentralisées (ETD) à l’endroit des gouvernements provinciaux. Ce, face à la même question des prérogatives relatives à la libre administration locale.
Des domaines précis ont été pris pour illustrer ces cas d’empiètement, notamment celui de la gestion des immondices développé par le professeur Obotela. Les domaines des routes, des infrastructures, des marchés publics et celui des voiries ont été exposés par l’expert Ingole Georges. Les uns ont évoqué comme raisons des contradictions et frictions, les lacunes et insuffisances des textes y afférents. Alors que les autres parlent de l’architecture qui est incomplète sur la décentralisation en RDC.
Le professeur Philémon Mwamba a estimé, pour sa part, que ce sont des actes parfois délibérés du centre qui ne veut pas voir la périphérie devenir réellement indépendante et jouir de son autonomie en tenant à contrôler en permanence la périphérie.
Il a émis le vœu de voir parachever l’architecture de la décentralisation en RDC avec l’élection de tous les gouvernants à tous les échelons afin que chacun et chaque institution soit apprécié à sa juste valeur. Car tant qu’il y aura d’un côté des gouvernants élus et d’autres nommés et ne rendant compte qu’à ceux qui les ont portés là où ils trônent, la libre administration d’une ville comme Kinshasa posera toujours problème avec la guerre d’ immondices partout, des routes ressemblant aux champs de bataille. Les différentes autorités de cette double administration se jetteront toujours la balle au moment de dissiper la culpabilité.

SATISFECIT DE L’ASSISTANCE
Pour l’assistance satisfaite, ce colloque a été non seulement utile, mais très bénéfique dans la mesure où elle a acquis et renforcé ses connaissances. Me Belade a plaidé pour une appropriation de la décentralisation par tous, car le processus est participatif.
Le Professeur Obotela a évoqué les tenants et les aboutissants de la guerre d’immondices et au-delà de cette question, la problématique de la salubrité à laquelle la ville de Kinshasa autant que d’autres villes du pays sont confrontées. Il a également salué en passant divers efforts déployés dans le cadre de la lutte avant de formuler une série des recommandations aux usagers et institutions responsables à tous les niveaux.
Il a expliqué comment le gouvernement provincial de la ville de Kinshasa éprouve des difficultés pour poursuivre les activités de la gestion des immondices dans la capitale après la fin du financement par l’Union européenne du programme PARAU, et réclame depuis lors l’appui du gouvernement central.
La libre administration est un principe consacré par la Constitution. Dans les conditions prévues par la loi, des collectivités s’administrent librement par des élus et disposent d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs compétences a indiqué le professeur Kasongo. Elle permet de garantir un espace de liberté dans lequel les Entités territoriales peuvent agir. Allusion faite aux dispositions ? soupçonnées de ne pas la respecter.
Un véritable débat autour de la question de transfert des compétences exclusives ou partagées entre instances de la décentralisation, des provinces et entités territoriales décentralisées.
Auparavant, le Représentant résident de la Fondation Konrad Adenauer avait échangé l’expérience de la ville allemande de Berlin et de l’ensemble du processus analogue dont Kinshasa pourra tirer des enseignements à travers un cadre d’échange éventuel. Alfred LUKAMBIL