Le ministre de la Fonction publique blackboulé par l’auteur de la question orale

Vendredi 12 juin 2015 - 11:49

Réagissant aux préoccupations des sénateurs sur le traitement réservé aux secrétaires généraux

Vingt-quatre heures seulement ont été accordées au ministre de la fonction publique Jean Claude Kibala pour répondre aux préoccupations soulevées par les sénateurs consécutivement à la question orale avec débat posée audit ministre par le sénateur Florentin Mokonda Bonza sur le traitement réservé aux secrétaires généraux de l’administration publique.

Dans sa prestation d’hier devant la plénière du sénat le ministre de la fonction publique a beau s’époumoner. Il se fait malheureusement qu’il n’a pas rencontré les préoccupations des sénateurs, à en croire l’auteur de la question orale. Son argumentaire a ainsi été rejeté en bloc. Comme qui dirait dans une épreuve académique que le ministre a été blackboulé, il n’a donc pas satisfait.

Les arguments du Ministre

Sur la question relative à l’équilibre géopolitique dans la nomination des secrétaires généraux. Il a été constaté que certaines provinces sont lésées.

Le ministre soutient que depuis son arrivée aux affaires il n’a jamais opéré la moindre mise en place des secrétaires généraux.

Cette compétence est dévolue au président de la République parmi les agents revêtus du grade de Directeur ayant réussi à un concours. L’administration publique étant apolitique, neutre et impartiale, l’agent doit compter sur ses compétences et ses mérites pour accéder à un grade supérieur, a dit le ministre.

Concernant la maitrise des effectifs, le ministre a donné un indicateur. Entre 2006 et 2012, 7 provinces ont été recensées bio métriquement.

A ce jour les statistiques renseignent un effectif total de 793.615 agents. Un système de gestion intégré des ressources humaines permettra d’éliminer les doublons et les fictifs dans le fichier paie.

A propos de la suspension des secrétaires généraux et de leur réintégration, le ministre a indiqué que la décision de suspension est prise au niveau sectoriel. Le ministre de la fonction publique n’intervient que suivant certains cas précis notamment lorsque l’action disciplinaire est clôturée par une proposition de révocation ou lorsque la suspension a été prononcée par arrêté du ministre utilisateur.

Quant au rôle et la compétence du conseil de discipline, le ministre a défini la mission de cet organe qui consiste principalement à émettre, à l’attention du ministre de la fonction publique, un avis technique sur la peine de révocation.

Sur le registre de la mise à la retraite des agents, la fin de carrière se réalise conformément aux textes et règlements en vigueur, suivant l’art 73 du statut, 55 ans d’âge ou 30 ans de carrière sont requis. Malheureusement ce critère n’a toujours pas été respecté.

D’où l’accumulation des effectifs des agents éligibles à la retraite. Le rajeunissement de l’administration publique est utilisé comme palliatif parmi les axes de la réforme de l’administration publique.

Concernant la question liée à la pléthore des effectifs constatée dans les grandes agglomérations du pays, le ministre a noté que pour un pays aux dimensions continentales, 700.000 agents ne suffisent pas pour une administration de proximité plus efficace.

Au sujet de l’école nationale d’administration, celle-ci a démarré ses activités le 1er juillet 2014 avec une première promotion de 60 élèves recrutés à l’issue d’un concours en deux épreuves écrites et orales. En rapport avec le traitement des dossiers, le ministre a reconnu la lenteur administrative dans ce domaine

En guise de conclusion

Au terme du débat général et après la réponse du ministre, la parole a été donnée à l’auteur de la question orale pour conclure. Ce dernier n’a pas été tendre envers le ministre dont il a rejeté en bloc les arguments.

Le ministre a escamoté la plupart des questions, a-t-il fait remarquer d’entrée de jeu. Il n’a pas saisi la perche que je lui ai tendue, ignorant le principe de la continuité de l’Etat.

Selon le ministre, la suspension de la plupart des secrétaires généraux a pour soubassement des manquements observés, ce qui ne cadre pas avec des investigations menées qui ont constaté de nombreux cas d’irrégularité.

Le ministre a reconnu l’illégalité dans certains actes de gestion du gouvernement mais les responsabilités ne sont pas établies. Aucun chiffre avancé sur le nombre exact des S.G retraités. Au sujet de l’honorariat, le ministre s’est montré évasif, a constate le sénateur Mokonda.

Il est de notoriété publique au regard de ce qui précède que le malaise qui prévaut au sein de l’administration publique est profond. Mokonda Bonza recommande par conséquent au 1er ministre d’abroger les arrêtés pris par les ministres sectoriels à l’encontre des S.G, de veiller à l’équilibre géopolitique, de revoir les cas des S.G emprisonnés, de revoir le barème de rémunération…

Le mal étant profond, l’auteur de la question orale a promis de revenir sur le dossier à la prochaine session de septembre. C’est sur cette note que le ministre a quitté l’hémicycle assurément affecté par des conclusions de l’auteur de la question.

Par G.O