LE LIVRE DE MATATA REÇOIT L’ONCTION DU CARDINAL MONSENGWO

Vendredi 18 mars 2016 - 05:23
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" Cet ouvrage constitue pour tout Congolais une véritable éducation à la citoyenneté et un outil précieux ", a déclaré le Primat de l’Eglise catholique à l’occasion du vernissage de « Pour un Congo émergent » dans l’amphi de l’UCC.
Instant de satisfaction et d’auto-interpellation ? Séance académique sur le développement ? Ode à la communication ? Vernissage ? Bénédiction ? A n’en point douter, la présentation, hier à l’université catholique du Congo (UCC) , du livre entretien de Matata Ponyo intitulé " Pour un Congo émergent " a ressemblé à toutes ces séquences. Gros plan sur une messe officiée par le Primat de l’église catholique en personne.

Concert de satisfecit .Quintessence de l’ouvrage, les " enjeux du développement économique " sonnent comme en écho dans certains auditoires de la plus importante université catholique du pays. Un sujet cher à l’UCC, dira le Recteur Abbé Jean Bosco Matand, où par la volonté des Evêques la faculté de l’économie et développement avait été créée. Cet ouvrage est à la fois une interpellation à tous les fils du Congo et un témoignage que ce pays n’est pas condamné à la mort, renchérit le Recteur.
Le Président du conseil d’administration de l’UCC Mgr Ambango ne dit pas autre chose lorsqu’il estime l’ouvrage du Premier ministre Matata est recommandé aux jeunes.
Et à tout seigneur, tout honneur c’est au Cardinal Monsengwo en personne que revient la palme du satisfecit : " Ce livre, qui interpelle chaque citoyen, constitue pour tout Congolais une éducation à la citoyenneté et un outil précieux ". Egal à lui-même, le légendaire Laurent Monsengwo n’en a pas moins encouragé les gouvernants à entreprendre des réformes nécessaires pour une société humaine plus juste et plus prospère ".
Séance académique sur le développement, la grand-messe d’hier a été l’occasion pour tous les officiants en commençant par l’auteur de placer le curseur sur les enjeux du développement économique. Ainsi, dans ce livre de 235 pages passées en revue par le doyen de la Faculté d’économie et développement, la troisième partie présente les réformes entreprises pour redresser la RDC avec à la clé des succès dans le secteur minier, sur le front de l’Indice du développement humain (IDH) où notre pays a gagné 10 places. L’auteur relève l’amélioration du doing business avec notamment la facilité de création d’entreprise du fait du guichet unique et de la suppression de quantité de formalités administratives.
Pour autant, l’ouvrage évoque aussi des domaines où les efforts tardent à donner des fruits. C’est le cas de l’accès à la justice par tous, de la corruption, de l’accès à l’eau potable…Si Matata est l’auteur principal de ce livre entretien qu’il a illuminé de son expérience d’économiste de… "carrière ", la touche de l’intervieweur participe, incontestablement de la valeur ajoutée de l’ouvrage. Kibambi Shintwa, pas moins, comme un catho au confessionnal, a avoué avoir déployé des trésors de ficelles du métier pour " tirer les vers du nez " au Premier ministre. Grand moment à la fois d’éloquence et de communication que la " partie" livrée hier par l’immense Kibambi, monstre sacré de l’écran et icône du 20 heures quand le JT s’apparente à une véritable messe.
Lorsqu’est venu le moment du vernissage de l’ouvrage par le primat de l’Eglise catholique en RDC, les habitués de ce genre de cérémonie ont réalisé qu’il s’agissait venant d’un prince de l’Eglise plutôt d’une bénédiction. Une bénédiction appuyée de la part d’un prince de l’église connu pour être avare de compliments. De bon augure pour l’ouvrage. Peut-être aussi pour son auteur .Du livre uniquement ? Peut-être pas que… Sacré Mapon ? On n’en était pas loin hier tant la présence physique du Cardinal du début à la fin de la cérémonie était en elle-même un big-event.José NAWEJ

Deux vedettes à l’UCC
Rarement, l’expression " porter sur les fonts baptismaux » ne s’est déclinée dans tous les sens du terme. Tel est le cas pour le livre - entretien du Premier ministre Matata. Sa présentation avait tout d’un baptême. Avec un baptiseur pas comme les autres. Le Cardinal en personne. Un événement en lui-même. Mieux événement dans l’événement. Laurent Monsengwo n’étant pas homme à s’afficher souvent dans des manifs publiques qui sentent quelque part du gouvernemental. Non seulement, il a baptisé l’ouvrage, mais en plus il y est allé de son discours…écrit. Donc préparé. L’Archevêque de Kinshasa n’a pas non plus été discret lors du cocktail. Distribuant des bénédictions aux uns et des sourires aux autres. Hier à l’UCC, il y avait deux vedettes. On devine lesquelles.

ADRESSE DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, MATATA PONYO Mapon VERNISSAGE DE L’OUVRAGE " POUR UN CONGO EMERGENT "
Distingués invités,

Je voudrais, de prime abord, remercier l’Université Catholique du Congo qui a bien voulu abriter la cérémonie de vernissage de mon ouvrage. Mes remerciements s’adressent aussi au Recteur de l’Université ainsi qu’au doyen de la faculté d’Economie et Développement. Ceci témoigne de l’intérêt particulier que les dirigeants de l’Université accordent à la réflexion sur les sujets d’intérêt national, particulièrement les questions du développement. Je suis d’autant plus honoré que cette cérémonie se déroule dans le milieu universitaire. En effet, depuis que j’exerce les fonctions de Premier Ministre, c’est pour la nième fois que je suis reçu par une institution universitaire afin de partager avec la communauté estudiantine, le corps enseignant et les autres membres de la communauté professionnelle sur des sujets de développement.
A l’extérieur du pays, j’ai été à l’Université du Ghana à Accra pour parler des performances économiques et sociales remarquables réalisées par la République Démocratique du Congo au cours de ces dernières années. En Egypte, j’ai été à l’Université du Caire, la plus antique et l’une des plus prestigieuses universités du Continent, pour exposer sur l’importance du leadership et de la bonne gouvernance dans le domaine du développement économique.
En RDC, j’ai été à l’Université de Lubumbashi, à l’Université de Kinshasa, à l’Université Protestante au Congo, et aujourd’hui à l’Université Catholique du Congo, la plus grande université catholique et l’une des meilleures de notre pays. Comme toujours, ce sont des questions de développement qui sont au centre de mes interventions et échanges.
L’ouvrage qui vous a été présenté ce jour, et qui a été préfacé par Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, est une des réponses à la problématique du développement de notre pays. Fort intéressé par la trajectoire économique exceptionnelle qu’emprunte notre pays depuis quelques années, le très renommé journaliste Kibambi Shintwa, a voulu savoir quels sont les ressorts invisibles et apparents qui soutiennent ces performances, et que devons-nous faire pour prétendre à l’émergence de notre économie au regard des contingences d’origine interne et externe. Au-delà de quelques sujets périphériques liés au parcours de l’auteur qui ont été abordés par le journaliste, le coeur de l’ouvrage porte sur les enjeux du développement économique.

Mesdames et messieurs,
Distingués invités,

Au moment où notre pays accédait à l’indépendance, le 30 juin 1960, les artisans de cette victoire politique, mus par les aspirations les plus nobles, formulaient le voeu d’oeuvrer avec le plus grand dévouement pour faire passer les populations congolaises du Tiers-monde à la prospérité. C’est avec une foi profonde que notre héros national, Patrice Emery Lumumba, déclarait le jour de l’indépendance, je cite : " J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique ".
Cependant, plus de cinquante ans après, il faut bien nous rendre à l’évidence. Notre jeune nation a dû faire l’apprentissage d’une grande leçon de l’Histoire : le développement ne peut reposer sur une génération spontanée, il n’est pas dans l’ordre naturel des choses. Il n’est pas non plus le résultat des beaux discours, encore moins des slogans. Le développement doit être voulu et désiré ardemment afin d’amener les dirigeants à opérer des choix en dehors des sentiers battus.
Ces choix sont souvent faits de renoncements personnels au profit du bien commun. Ils exigent souvent de naviguer à contre-courant, de faire des arbitrages courageux entre la voie de la facilité, du conformisme et celle du changement. A travers cet ouvrage, j’ai voulu vous rappeler une sagesse de vie que l’écrivain américain Robert Frost résume parfaitement, je cite : " Deux chemins s’ouvraient à moi dans le bois. J’ai choisi de suivre la voie la moins empruntée, et cela a fait toute la différence !"
Ceci me pousse à partager avec vous mon intime conviction : il n’existe pas de modèle de développement préconçu, une taille unique qui conviendrait à toutes les sociétés. En effet, chaque pays, chaque peuple doit emprunter son chemin, mais alors le bon, pour parvenir à la destination unique appelée " développement ".
De nombreux grands penseurs l’ont aussi enseigné. Le philosophe chinois Lao Tseu n’a-t-il pas dit, je cite : " tu dois trouver ta voie ". Dans l’une de ses oeuvres, Augustin d’Hippone, devenu Saint Augustin a dit, je cite : " Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais chemin d’un pas ferme ".

Mesdames et messieurs,
Distingués invités,

C’est cet engagement original pour le développement et le redressement économique de la République Démocratique du Congo qui m’a animé dès mon entrée au Gouvernement en février 2010, en qualité de Ministre des Finances, et qui continue à m’animer depuis ma nomination comme Premier Ministre en avril 2012.
Je tenais à le partager avec mes nombreux compatriotes qui croient au renouveau du Congo, mieux, à son destin. Je pense en particulier à la jeunesse congolaise dont vous représentez l’échantillon dans cet auditoire, et qui semble parfois perdre l’espoir, alors que l’avenir est entre nos mains, mieux, entre leurs mains ! À travers cet entretien avec Kibambi Shintwa, j’ai voulu transmettre cette flamme en toute honnêteté et sans démagogie. Car, il est important pour chacun d’entre nous de prendre conscience des exigences induites par les enjeux du développement.
En réalité, il nous est donné à tous, à un moment donné de nos vies, d’assumer notre part de responsabilité sur le long, laborieux et exaltant chemin du développement de nos nations.
Ces moments viennent une fois dans la vie, et il vaut mieux ne pas passer à côté. De fait, il est des opportunités que l’on se doit de transformer en résultats durables pour la communauté, sous peine de passer le restant de ses jours à repenser à ce qu’on aurait dû faire et que l’on n’a pas fait !
Notre pays est, en effet, doté de potentialités naturelles fabuleuses, et nous disposons aujourd’hui d’un capital humain sans égal. Fort de ces certitudes, je me suis appuyé sur la sagesse humaine qui veut qu’un voyage de 1000 kilomètres commence par le premier pas.
A cet égard, je reste convaincu que l’éveil de notre nation passe par l’adhésion du plus grand nombre aux valeurs cardinales que sont la vision, le travail, la discipline, le sacrifice, l’abnégation et le patriotisme. Forte de ces valeurs, une société est armée pour relever les défis de son développement, quels que soient ses handicaps de départ. Ainsi, l’économiste Ernst SCHUMACHER disait dans son ouvrage " Small Is Beautiful ", je cite : " l’expérience montre que des pays ont pu sortir d’une destruction quasi-totale et rebâtir rapidement une économie prospère, et que ce qui caractérise ces résultats n’est pas l’importation des technologies, mais le niveau de l’éducation, d’organisation et de discipline de l’ensemble de la population ".

Mesdames et messieurs,
Distingués invités,

De cette vérité que je viens d’emprunter à Schumacher, il en découle une autre plus profonde : le développement n’est pas en premier lieu un problème d’économistes, mais de tout citoyen ! Pour ma part, je me suis résolu, sous le leadership du Président de la République, Joseph KABILA KABANGE, à qui je rends mes hommages les plus déférents, à engager le pays sur la voie des réformes nécessaires, en vue de marquer un point de rupture avec le passé. Dans la conduite de l’action publique, mon aspiration a toujours été de contribuer à inscrire le pays dans une trajectoire de changement historique par les réformes, la volonté et parfois l’audace. C’est cela même le sens profond de la révolution de la modernité prônée par le Chef de l’Etat. Il est important que tout le monde sache que les pesanteurs, les résistances, le scepticisme, voire le pessimisme, sont le lot quotidien de ceux qui ont choisi de porter les réformes ! Cela est notamment la conséquence d’un contexte où de nombreux concitoyens, malgré leur profonde croyance religieuse, ont perdu la foi en l’avenir, après avoir enduré de longues années de souffrance, de conflits et d’instabilité politique.
Pourtant, aujourd’hui, le ciel s’éclaircit et la République Démocratique du Congo est en train de transformer son potentiel économique en une opportunité de développement qui bénéficie à l’ensemble des populations. Les ambitions de notre pays, comme la plupart des autres pays africains, sont d’atteindre l’émergence économique en deux décennies. De ce fait, l’enjeu institutionnel majeur est de faire entrer la République Démocratique du Congo dans le cercle vertueux de la bonne gouvernance et des réformes.
Cela exige de nous, acteurs politiques, sociaux ou économiques, de bâtir un véritable consensus, au-delà des courants et des divergences idéologiques, sur les processus décisionnels et la masse critique des réformes auxquelles nous devons nous astreindre dans la durée.
Il s’agit d’éviter de tomber dans le cercle vicieux de la contestation gratuite, du perpétuel recommencement, voire du retour en arrière à l’occasion de crises politiques. D’autres nations ont bâti leur développement en plusieurs siècles. Par contre, nous, nous n’avons d’autre choix que de le réaliser en quelques décennies, et cela est possible.

Distingués invités,
Les lecteurs de ces lignes pourront se rendre compte des avancées indéniables qui ont été réalisées, en dépit des points de vue de certains sophistes qui prétendent mieux interpréter les agrégats macroéconomiques et sociaux de notre pays. Ces lignes doivent plutôt inciter à l’optimisme. Les progrès sont réels. Et la croissance est davantage inclusive. La preuve est qu’en 2014 la République Démocratique du Congo a gagné 11 points dans le classement de l’indice de développement humain du PNUD. Une telle progression annuelle n’a jamais été vécue dans l’histoire de cette institution des Nations Unies qui vient de fêter son cinquantenaire le 24 février de cette année. Mais ce qui a pu être fait hier et aujourd’hui devra être préservé pour constituer la pierre angulaire de nos actions et de nos efforts dans la longue marche résolue vers le développement qui a repris en 2001 sous le leadership du Président de la République dont l’engagement pour le progrès est indiscutable.
Telle dans une course de relais, ce témoin devra être transmis de génération en génération pour que chaque étape parcourue soit une avancée de plus pour la République Démocratique du Congo. Comme le dit une sagesse africaine, je cite : " Seul, on court plus vite, mais ensemble on court plus longtemps et plus loin ! "
Comme nous pouvons le constater, les avancées économiques et sociales dans notre pays sont indéniables et doivent tout autant être préservées que la paix et la stabilité politique. Car ces facteurs restent la clé de voute sans laquelle aucun progrès n’est envisageable dans la durée. Pour ce faire, cette vision du Congo émergent, chère au Président de la République et à toute la population congolaise, doit constituer l’architecture d’un authentique projet de société partagé dans un véritable élan de " vouloir vivre collectif " propre à toute nation telle que définie par le philosophe et politicologue français Ernest Renan. Ainsi, il nous faut consacrer notre " vouloir vivre " et, surtout, notre " agir collectif " dans un pacte de tous les Citoyens autour de l’intérêt général, considéré comme un " contrat social " cher à Jean-Jacques Rousseau.
Il s’agit donc pour ceux qui s’intéressent vivement à la gestion de la cité de pouvoir faire les bons choix de politiques publiques susceptibles de transformer nos économies, en vue de l’accélération de la croissance et de sa meilleure redistribution. Ainsi, la définition et le pilotage de la stratégie nationale de développement doivent fédérer les acteurs politiques, économiques et sociaux, en vue de favoriser la capitalisation durable des opportunités pour l’émergence et le développement de notre pays. Dans tous les cas, l’heure n’est pas au relâchement ni à la satisfaction. En tant que nation, nous devons être capables de générer des rendements croissants par un processus cumulatif des acquis politiques, économiques et sociaux. Ceci requiert une planification mûrie et consensuelle du développement, car " échouer dans la planification, c’est assurément planifier son échec ". Et la population ne nous le pardonnerait pas.
Pour terminer, je voudrais profiter de cette tribune pour partager avec vous cette vérité sur la lecture. Chers étudiantes, chers étudiants, ne vous fatiguez jamais de lire, même quand vous ne serez plus à l’Université et que le monde professionnel vous aura absorbé. Car les meilleurs secrets pour le progrès personnel et des nations se trouvent dans les livres. C’est dans les ouvrages que les hommes les plus éclairés cachent le mystère de leurs réussites ou de leurs trouvailles. La lecture est donc un fonds d’investissement. Je vous invite, chers étudiantes et étudiants, à investir dans ce fonds porteur de bonheur pour vous-mêmes et pour la communauté.
Merci pour votre attention !