Même si le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, et le président national de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, restent muets sur le sujet, il n’y a plus de mystère autour des pré-négociations entre leurs émissaires autour du format et du contenu du projet de Dialogue politique entre forces politiques congolaises autour du processus électoral. Pendant que ces deux poids lourds de l’espace politique se trouvent engagés dans la voie de la recherche d’une piste de sortie pour la crise congolaise, le « Front du refus du dialogue » continue d’insister sur l’impératif de la poursuite de la Tripartite CENI-Majorité-Opposition pour baliser la voie des élections, tout en sachant que telle n’est pas la vision de Joseph Kabila et d’Etienne Tshisekedi, ni celle de nombreux acteurs politiques acquis à l’option du Dialogue.
Il convient de souligner que dans l’entendement de la plupart des partis et acteurs politiques pro-dialogue, dont l’UDPS, il n’a jamais été question d’un dialogue fourre-tout. On peut signaler que le très controversé opposant Ne Muanda était le seul, avec quelques « Faucons » de la Majorité présidentielle, à soutenir la thèse du « glissement », avant d’y renoncer le dernier week-end, suite au désaveu populaire dont il est l’objet depuis deux mois.
S’agissant des membres de l’Opposition partisans du Dialogue, ils se sont toujours exprimés en termes précis, archiconnus de l’opinion nationale. On relève, à titre de rappel, qu’avant de confirmer leur participation à un tel forum, ils exigent qu’un consensus soit préalablement dégagé autour de son format (nombre réduit de participants), du lieu de sa tenue (Kinshasa de préférence), de sa durée (environ deux semaines), de la médiation (internationale ou nationale), de son ordre du jour (contentieux électoral de 2011, restructuration de la CENI, audit externe du fichier électoral, financement des élections, enrôlement de nouveaux majeurs, libération des prisonniers politiques et d’opinions, réouverture des médias fermés, respect de la constitution, tenue des élections présidentielle et législatives nationales selon les délais constitutionnels, etc).
La Communauté internationale favorable au dialogue
Curieusement, depuis plus de deux mois, la classe politique congolaise tourne en rond, au point que le Président de la République, qui a repris à son compte l’idée du Dialogue, déjà consignée dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba depuis février 2013, hésite à appeler ses compatriotes autour de la table des négociations. L’on espère que les anti-dialogue vont revoir leur position, compté tenu de l’adhésion de la communauté internationale au schéma d’un compromis politique destiné à faire avancer le processus électoral présentement au point mort.
Selon le message adressé aux protagonistes de la scène politique congolaise, à partir de Genève, par les Envoyés Spéciaux de l’ONU, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, des USA, de la Belgique et de la Grande-Bretagne dans les Grands Lacs, la communauté des Nation a hâte de les voir trouver rapidement un accord autour du calendrier électoral, avec comme priorités la participation de toutes les personnes éligibles au vote et là tenue des élections présidentielle et législatives nationales dans les délais constitutionnels. Ceux à qui Kinshasa fait des appels du pied pour le financement des élections et à qui tout le monde quémande le soutien dans la course aux mandats électifs ayant estimé que le Dialogue est l’unique voie de sortie de la crise congolaise, il n’ya plus, en principe, de raison de diaboliser ceux qui y ont déjà souscrit.
Sans dialogue … le glissement
En fait, lorsque l’on scrute les propos et attentes des uns et des autres, l’on note que l’écrasante majorité d’acteurs politiques tant du pouvoir que de l’Opposition ont conscience que s’ils ne parviennent pas à s’entendre autour du calendrier électoral, le «glissement» tant décrié serait inévitable. Ceux qui insistaient sur la nécessité, pour la CENI, d’exécuter sans faille son « calendrier électoral global », sont obligés d’admettre que celui-ci a déjà implosé avec le report sine die des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces nouvellement démembrées.
Et, pour ôter les derniers doutes des esprits, les échos en provenance de la Cour Constitutionnelle, où était longuement entendu le Premier ministre Matata le jeudi 03 septembre 2015, font état de l’incapacité du gouvernement de financer le processus électoral. Autrement dit, la classe politique congolaise devrait absolument se mettre’ d’accord autour du réaménagement du calendrier électoral, de manière à mettre une parenthèse sur les élections non contraignantes constitutionnellement (locales, municipales, urbaines, législatives provinciales, sénatoriales) au profit de celles dont la tenue (présidentielle’ et législatives nationales) est «verrouillée » par la loi fondamentale. Si le Front du refus commet l’erreur de mal jouer sa partition, la brèche de la prolongation des mandats d’actuels animateurs des institutions de la République sera largement ouverte. Plus le temps passe, et davantage se précise la perspective d’un « glissement » de fait.
Par Kimp