Le FMI en précampagne présidentielle en RDC !

Lundi 26 janvier 2015 - 13:24

L’approche de 2016 fait se lever le voile sur les ambitions et les rêves jusqu’alors larvés pour le fauteuil présidentiel. Ce qui, normalement, fait partie du jeu démocratique, et donc à encourager dans la perspective de consolidation de la jeune démocratie congolaise.
Parmi les volontés de plus en plus affichées dans la course, on cite Monsieur Freddy Matungulu Mbuyamu M’fumu IIankir, tout premier ministre des Finances, Economie et Budget de Joseph Kabila Kabange en 2001, à son accession à la magistrature suprême.
Après presque deux années passées à la tête de ce méga ministère, l’opinion se souvient de la fracassante démission de Freddy Matungulu, qui regagna alors son poste au Fonds monétaire international (FMI) où il preste actuellement comme économiste.
Mais ce qui étonne plus d’un c’est la méthode de son entrée en course. En effet, Matungulu, au lieu de s’insérer normalement dans le jeu politique pour mobiliser partisans et population autour de ses idéaux (s’il en existe), il a opté de distiller des analyses dithyrambiques s’encensant, sur fond de critiques acerbes et véhémentes contre les institutions nationales, particulièrement contre le gouvernement, curieusement dirigé par un de ses élèves. A cet effet, il ne se passe plus une semaine sans que Matungulu ne verse des tribunes dans Jeune Afrique ou dans les journaux de la place.

D’aucuns s’étonnent que cet économiste, jusque là respecté pour son travail ayant permis de casser l’hyperinflation et d’amener le pays au Point de Décision du PPTE en 2002, s’illustre par des attaques aux arguments abscons, notamment sur le caractère inclusif de la croissance économique en constante évolution engendrée depuis quatre ans. Face à cette stratégie politique aux contours dénués de toute moralité et d’honnêteté, l’étonnement s’amplifie quand on sait que l’ancien ministre est professeur d’économie.

Si mérite indéniable il y a pour le temps qu’il a passé à la tête du ministère des finances, comme nous l’avons relevé ci-dessus, il serait absurde de méconnaître, ne fût ce que par honnêteté intellectuelle et devoir moral, le travail abattu par la République depuis son départ.

L’on se souviendra qu’à son entrée au gouvernement, le pays faisait face à une hyperinflation, à une succession de taux de croissance négatifs, à une inefficacité généralisée des régies financières, à une corruption sans précédent, tous ces facteurs, reconnaissons-le, héritage de l’époque Mobutu.

Qui plus est, avec un budget d’à peiné environ 400 millions USD (2002), le pays était fortement dépendant des mannes de ses partenaires au développement, dont principalement la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.

Tout le monde se souvient de l’époque où pour évacuer les immondices entassées au niveau de l’échangeur de Limete, il fallait attendre un don de la Banque africaine de développement. Le pays devait se soumettre à toute sorte de conditions et humiliations des experts de ces institutions pour accéder à une cagnotte juste de 5 millions USD.

Si Freddy Matungulu s’était attaqué avec plus ou moins de succès sur l’axe principal de la politique monétaire, ce ne serait pas exagéré de souligner qu’il n’avait pas réussi, en deux ans, d’engager le pays sur les fronts de la mobilisation des recettes, de l’amélioration du budget national, de la lutte contre la corruption, moins encore d’inscrire le pays sur une vision responsable de son développement. L’argument selon lequel le pays était en guerre suffirait-il à expliquer sa politique monétariste pour croire tirer le pays du gouffre laissé par le régime politique précédent? Nous pensons que ce serait trop simpliste.

Alors, la vraie question que tout observateur se pose est celle de savoir si l’ancien ministre Matungulu a la même lecture économique et politique que tout le monde, ou s’il est tout simplement happé par l’anomie politique comme stratégie dominante de la sphère politique congolaise. Comment pense t-il bâtir sur le refus d’admettre les évidences reconnues par tous, y compris les institutions internationales, dont le .FMI auquel il appartient?

D’un taux d’inflation 15,8% laissé par le ministre Matungulu, la RDC, sous la conduite du Chef de l’Etat Kabila, a fait des performances exceptionnelles en la matière. Engagé sur une phase de maîtrise dès 2003, avec un taux de 4,4%, le pays fait preuve d’une stabilité sans pareil depuis plusieurs décennies. Ces efforts ont culminé à partir de 2010, l’année où la RDC a atteint le point d’achèvement, essentiellement du fait de réalisation des critères quantitatifs du programme conclu et suivi par le FMI. En cette année, le Congo a réalisé un taux d’inflation de 9,8% en 2010, contre 53,4% en 2009. Il sied de retenir qu’entre 2002 et 2014, la RDC a connu une de ses plus longues périodes de croissance ou de création de richesses (14 ans). Notons également qu’avec des taux d’inflation de 1% en 2013 et 2014, la RDC est devenue un modèle en la matière, tant au niveau africain (la moyenne africaine en 2013 était de 5%) qu’international.

Il en est de même du taux de change du franc congolais par rapport au dollar américain, qui affiche, depuis 2010, une stabilité profitable non seulement aux opérateurs économiques, mais aussi et surtout aux ménages dans le contexte d’une économie encore extravertie.

Le Budget est passé d’environ 400 millions en 2002 (année Matungulu) pour atteindre 7 milliards en 2014, et 8 milliards en 2015, avec une part de plus en plus croissante en faveur des dépenses allouées aux secteurs sociaux, Il sied de faire valoir que le budget du secteur de l’éducation, en termes relatifs, est passé de 2,8 en 2002, pour atteindre 6,5% en 2009; 13,8 % en 2013 ; 16,054% en 2014, et 19% en 2015.

Grâce aux économies budgétaires successivement réalisées à partir de 2010, la RDC s’est lancée dans un vaste et ambitieux programme de développement, essentiellement sur autofinancement. En 2013 et 2014, le gouvernement a financé la construction/ réhabilitation des écoles, des hôpitaux, des routes nationales, l’acquisition des locomotives neuves, des bus de transport en commun, l’agriculture pour une enveloppe de 400 millions USD.

Même si les salaires progressent encore lentement, mais avec la bancarisation qui demeure une des réformes phare du pays, on note la parfaite régularité de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat. Les diplomates qui étaient, il n’y a pas longtemps clochardisés, contribuent aujourd’hui à redorer l’image du pays, grâce aux frais de fonctionnement et à leur paie convenablement transférés.

S’il est vrai que beaucoup reste à faire, cela relèverait de l’immoralité de la part d’un ancien ministre, doublé de titre de professeur d’économie de s’attaquer aux institutions du pays, au motif que rien n’est fait, et que lui seul détiendrait la fameuse potion magique transformatrice du pays. Ce n’est pas fortuit qu’un adage dit “ à la naissance le nain est normal, c’est en grandissant qu’il rapetisse “. (In Brèves de comptoir 2000). C’est facile de rester à Washington et de professer la voie libératrice de l’économie redistributive congolaise. Mais faut-il encore que Matungulu soit à l’œuvre pour faire les preuves, que du reste il n’a pas su accomplir alors aux affaires.

Pourquoi l’ancien ministre Matungulu ne s’inscrirait-il pas dans une approche citoyenne et morale pour faire valoir sa réelle contribution politique au progrès du pays, en lieu et place de diatribes, s’obstinant à refuser des évidences?
Là encore où le bas blesse, c’est que malgré les obligations de réserve qu’il doit observer en tant que fonctionnaire international, l’ancien ministre se lance, tel un opposant en exil à préparer sa campagne présidentielle.

Point n’est donc besoin de s’étonner dès lors que selon certaines indiscrétions, l’ancien ministre ferait passer à qui veut l’entendre qu’il aurait le soutien de la direction générale du FMI, et de certains hauts responsables évoluant au sein des institutions internationales, dans le cadre de son repositionnement pour la prochaine présidentielle.

Cela conduit à déduire que le Fonds monétaire international a jeté le voile, en positionnant un de ses experts pour bien mener sa mission en République Démocratique du Congo. Serait-ce déjà la nouvelle stratégie du Fonds pour mieux accomplir son mandat?
S’il en est ainsi, nous pensons que “ qui trop embrasse mal étreint “.
LRP

 

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