La FENAPHACO sensibilise le personnel soignant à la prise en charge des femmes handicapées à Mont Ngafula

Mardi 18 août 2015 - 10:36

Grâce à l’appui de » NED » et » Handicap International «

Un communiqué distribué lundi 17 août à la presse par le coordonnateur de la Fédération nationale des associations des personnes handicapées du Congo (FENAPHACO) indique que ce réseau a organisé la veille, dans la commune de Mont Ngafula, une conférence de sensibilisation sur le thème » Lutte contre la discrimination faite aux femmes handicapées dans la ville de Kinshasa « .

Cette conférence a eu lieu grâce à l’appui des ONG » National Endowment for Democraty » (NED) et » Handicap International « , dans la salle des conférences de la paroisse catholique Saint Norbert au quartier Masangambila. Elle a été marquée par la présence de 250 personnes, dont les femmes et hommes handicapés, les membres du personnel soignant, les responsables des confessions religieuses et les leaders communautaires des communes de Mont Ngafula et Selembao,.

Dans son mot d’ouverture, Olivier Saya Mandja, Bourgmestre de la commune de Mont Ngafula, a félicité la FENAPHACO pour l’initiative qui vise la meilleure prise en charge des soins de santé des femmes handicapées vivant dans la capitale congolaise.

Associer les handicapées à la formulation des politiques spécifiques

Premier intervenant, le coordonnateur national a recommandé de tenir compte des divers types de handicaps (selon qu’il s’agit d’incapacités sensorielles, physiques, psychiatriques, cognitives, etc.) ainsi que des divers types de violences, et de formuler les recherches et programmes en conséquence, dans les efforts de réduction de ces pratiques.

Me Pindu-di-Lusanga Patrick a également souhaité voir les programmes de santé formuler des politiques spécifiques s’appliquant au travail avec les femmes et filles handicapées, estimant que les prestataires des soins devraient recevoir une formation spécialisée.

Aux établissements de santé, il a recommandé de mener des activités de diffusion communautaire ; d’améliorer l’infrastructure physique pour adapter les locaux aux besoins des femmes et filles handicapées ; de reconnaître les vulnérabilités particulières à la violence que présentent les femmes et filles handicapées ; d’établir des protocoles de dépistage qui tiennent compte des tactiques particulières des actes de maltraitance envers les femmes et filles handicapées, comprenant notamment la manipulation des médicaments, l’exploitation financière, la destruction des appareils et accessoires fonctionnels ou la privation de tels appareils, la négligence ou le refus d’aider les personnes pour leurs soins d’hygiène personnelle et la maltraitance axée spécifiquement sur le handicap de la victime ; de veiller à ce que le dépistage de la violence à l’égard des femmes et filles ait lieu dans le cadre d’une interview initiale privée, si possible sans les aides-soignants. » Car, a poursuivi le coordonnateur national, certains de ceux-ci sont auteurs de violences… «

Absence de matériel approprié

Pour leur part, le Dr Lodumbe Otshumba Micheline et Me Pengele Marie Hélène ont expliqué que chaque minute, plus de trente femmes sont gravement blessées ou rendues infirmes sur le lieu de travail et sont généralement ignorées des recensements…

» Est-il normal qu’en RDC, depuis l’accession à l’indépendance nationale, il n’y ait pas de cabinet gynécologique avec des tables d’examen accessibles aux femmes handicapées ni dans le secteur public, ni dans le secteur privé ? « , s’est interrogé Me Pengele Marie Hélène. Elle a évoqué le cas du Programme national congolais de dépistage du cancer du sein qui reste difficilement accessible aux femmes Handicapées et celui de la recherche-action menée par la FENAPHACO en 2014 indiquant que la documentation relative au programme n’est pas accessible aux femmes qui ont des troubles visuels ou des difficultés d’apprentissage.

» Conséquemment, a martelé Me Pindu, les femmes qui ont des handicaps n’ont pas recours aux mammographies et utilisent beaucoup moins les autres outils de prévention et de dépistage. » Il a aussi relevé le Rapport Mondial 2013 sur les femmes handicapées de World Women for Disabilities qui estime à près de 786 femmes handicapées mortes dans les hôpitaux de la RDC pendant les accouchements par manque de moyens et de suivi du personnel soignant qui monnaie le traitement, alors que 93% des femmes handicapées vivent dans la pauvreté au Congo.

Institutionnaliser l’égalité des soins de santé

C’est pourquoi, la FENAPHACO insiste sur la nécessité d’institutionnaliser l’égalité multidimensionnelle dans le système des soins de santé, en tâchant d’envisager des indemnisations plus dissuasives et proportionnées dans les affaires de discrimination concernant les soins de santé ; de renforcer l’aide linguistique gratuite dans les établissements des soins de santé et lorsque les informations médicales sont données ; d’encourager davantage les actions positives pour les personnes confrontées à un risque de discrimination multiple, en finançant des programmes de proximité communautaires mobiles ciblant différentes communautés ethniques et différents groupes œuvrant en leur sein pour l’égalité de traitement , ou en consacrant plus de temps aux consultations médicales femmes vivant avec Handicap.

La FENAPHACO appelle aussi le gouvernement congolais et les partenaires extérieurs à donner aux professionnels des soins de santé des formations sur la discrimination multiple, de même que sur les compétences culturelles et la compréhension des handicaps ; à recueillir systématiquement des statistiques dans le domaine de la santé qui puissent donner une image détaillée de l’intersection de diverses caractéristiques, dont des données sur l’appartenance ethnique et sur le handicap conformément à la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.

Dans le même ordre d’idées, la FENAPHACO invite le gouvernement et les partenaires extérieurs à créer un organisme chargé de la promotion de l’égalité, couvrant un certain nombre de motifs de discrimination, afin d’accroitre l’efficacité de la lutte contre la discrimination multiple.

» Par ailleurs, l’échange d’informations entre les organismes chargés de la promotion de l’égalité et les organes chargés du traitement des plaintes médicales devraient être renforcé, de même que la connaissance de la législation en matière de lutte contre la discrimination au sein de ces organes « , a-t-elle conclu.

Par Marcel Tshishiku

 

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