Le voyage pour le pays de l’Oncle Sam fascine les jeunes à Kinshasa. C’est du moins ce qu’atteste l’engouement observé dans les cybercafés depuis le lancement, il y a de cela deux semaines, de cette énième édition de la Dvlottery.
Faute de débouchés, beaucoup de jeunes à Kinshasa ne jurent que par le voyage pour l’Occident. Désireux de se rendre à tout prix dans cet eldorado, ils sont nombreux à tenter leur chance à travers la DVlottery.
"C’est ma troisième fois de tenter ma chance à travers la Dvlottery, indique Geneviève N., une étudiante rencontrée devant un cyber café à Barumbu. Je prie le ciel de m’accorder la grâce de gagner, cette fois-ci, et de rejoindre mes amies qui sont déjà aux Etats-Unis grâce à cette loterie".
UNE AUBAINE POUR LES CYBERCAFES
A Kinshasa, les cybercafés usent des toutes les astuces marketings pour s’attirer l’afflux des clients. Outre les calicots avec les photos de la famille de Barack Obama, ils collent des affiches mentionnant des photos de gagnants des éditions passées, brandissant leurs passeports visas.
Installés dans les communes populaires, les cybercafés ont fixé la participation à cette loterie à 5 $. La plupart de ceux qui sont implantés dans les quartiers nantis de la ville de Kinshasa ont fixé le tarif à 10$ pour mode individuel et 15$ pour le couple.
Les jeunes kinois, quant à eux, préfèrent jouer à la prudence. "Je conseille à mes amis de ne jouer qu’au sein des cybercafés qui ont enregistré un nombre important des gagnants dans les éditions antérieures", confie Geneviève B.
FUITE DES CERVEAUX
Ceux qui se rendent dans les cybercafés pour accéder au site web de la Dvlottery afin de prendre leur inscription sur la liste des postulants, tâchent de remplir en ligne un formulaire et de se faire capturer. Une fois la capture faite, la photo en format passeport est jointe au dossier.
A observer de près, force est de constater que la plupart des postulants à la Dvlottery sont des personnes qui détiennent des titres académiques. Il y a plus des gradués et des licenciés des universités congolaises que des diplômés d’Etat. Une situation qui inquiète plus d’une personne, car ces intellectuels sensés servir la nation congolaise vont être exploités pour le bien d’un autre pays.
"Je suis détenteur d’un diplôme de licence en Relations internationales de l’Université Pédagogique Nationale depuis 2011, rapporte Gerard K. Ne trouvant pas un emploi à revenu décent ici au pays, je préfère aller travailler aux Etats-Unis où les conditions nécessaires sont réunies".
MOBILISER ENTRE 2.500 ET 3.000$
Opportunité d’immigration légale offerte par le Congrès américain à la jeunesse de l’Afrique subsaharienne, la Dvlottery permet d’octroyer aux citoyens du monde des visas de résidence aux Etats-Unis à travers une loterie. Les candidatures y sont acceptées sur base des critères retenus par les autorités américaines.
Les candidats retenus sont appelés à payer quelques frais relatifs à l’octroi du visa et le billet d’avion. Ce qui, selon les estimations des personnes ayant bénéficié de cette loterie, pourrait osciller entre 2.500 et 3.000$. Une fois au pays de Barack Obama, ces gagnants de la Dvlottery bénéficient d’un emploi avec un revenu, ainsi que d’un logement après avoir été hébérgés par une famille d’accueil. Orly-Darel NGIAMBUKULU Correspondance particulière