La CENCO en mission de plaidoyer en Occident

Vendredi 6 février 2015 - 11:48

Alternance démocratique en RDC
Le changement politique et la gestion transparente des ressources naturelles clairement exprimés

» De la nécessité de l’alternance démocratique en Afrique » : c’était le thème d’une conférence-débat ayant eu lieu le mardi 6 janvier dernier à Paris. C’était sous l’égide, entre autres, de Secours Catholique-Caritas France. Parmi les intervenants, Mgr Fridolin Ambongo, président de la commission Justice et paix de la conférence épiscopale nationale du Congo(CENCO).

Dans son intervention, le prélat catholique était clair par rapport au processus de l’alternance démocratique en RD Congo et souhaite le départ de Joseph Kabila en 2016.

Dans un entretien accordé à la Radio Vatican, avec notre consœur Manuella Affejee, Mgr Fridolin Ambongo raconte : » On sait que la question de l’alternance politique est brûlante en République démocratique du Congo.

Fin janvier, le vote sur le projet de réforme de la loi électorale, en faveur du président actuel, avait provoqué de violents heurts entre forces de l’ordre et opposants à cette loi ; des violences qui s’étaient soldées par plusieurs morts et blessés, et entraîné de nombreuses arrestations. Le calme semble aujourd’hui être revenu dans le pays, notamment à Kinshasa, épicentre de la contestation, mais reste fragile « .

Mgr Ambongo a évoqué la situation présente et les interrogations qui demeurent. » Il y a quand même une accalmie à Kinshasa, parce que les gens attendaient cela. Depuis que cette loi a été modifiée, il y a une accalmie. Cependant, il y a eu beaucoup d’arrestations. Tous ces gens qui ont été arrêtés et jetés en prison sont considérés généralement comme des malfaiteurs, des pillards, etc. Ce n’est pas vrai.

De notre point de vue, il y a peut-être des gens qui ont fait des dégâts mais il y a des personnalités qui sont injustement arrêtées. Pour nous, ce sont des prisonniers d’opinion politique. « , a-t-il dit.

Nécessité d’une alternance démocratique en RDC

L’homme de Dieu a expliqué l’objectif de sa mission en occident. » Il y a deux objectifs que nous poursuivons avec notre mission de plaidoyer, ici, en Occident. C’est d’abord du point de vue politique : la nécessité d’une alternance politique, démocratique dans nos pays, notamment en République Démocratique du Congo, au Congo-Brazzaville, au Burundi et puis demain, au Rwanda et dans les autres pays qui sont concernés.

Le premier objectif est donc cet effort-là. Nous voyons quand même que nos différents peuples d’Afrique sont aujourd’hui politiquement mûrs.

Il y a une maturité politique de la part du peuple qui n’accepte plus qu’on le traite, qu’on le manipule comme on faisait autrefois, il y a de cela des décennies.

Aujourd’hui, le peuple s’est dressé, il veut prendre sa destinée en main et il dit non à toutes ces manœuvres qui visent tout simplement à maintenir au pouvoir des individus.

Le deuxième objectif de notre visite, c’est un plaidoyer auprès de puissances occidentales pour qu’elles puissent adopter une loi contraignante sur la gestion de ressources naturelles chez nous, un peu sur le modèle de la loi américaine appelée loi Dodd-Frank, parce que nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de vraie démocratie dans nos régions si nos ressources naturelles sont seulement gérées par des groupes, parfois même des groupes mafieux, et qui ne profitent qu’à une petite oligarchie au mépris de l’intérêt général du peuple.

Démocratie et transparence dans la gestion de nos ressources naturelles : voilà les deux objectifs de notre plaidoyer. « , a expliqué Mgr Ambongo. Ce dernier compte voir la communauté internationale jouer un rôle possible, pour accompagner le peuple dans sa démarche vers l’alternance démocratique.

» Nous pensons que l’Europe a un rôle déterminant dans ce qui se passe chez nous. Toutes les dictatures en Afrique ont été soutenues par des puissances occidentales. Pour que le système, que ces dictatures en Afrique puissent fonctionner, il faut qu’il y ait un parrain quelque part.

Alors, en allant parler à ces parrains – ce qui nous fait beaucoup de bien aujourd’hui – on voit que l’Europe est dans une situation de changement. L’Europe ne cautionne plus les dictatures et elle n’accepte plus cette velléité de changement constitutionnel pour le maintien au pouvoir d’un homme. Je crois qu’une page vient d’être tournée. « , a conclu Mgr Ambongo.

Par Godé Kalonji Muk

 

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