Les autorités de Kinshasa ont annoncé lundi qu'elles procéderaient bientôt à un enterrement groupé de cadavres entreposés dans la morgue de la capitale congolaise, à la suite d'une polémique provoquée par la récente découverte d'une fosse commune qui alimente de nombreuses supputations.
Les enterrements collectifs se font "régulièrement" à Kinshasa, a souligné le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, indiquant que les corps restant à la morgue centrale de la capitale, qui en comptait 168 samedi, seraient "enterrés peut-être dans sept jours, peut-être dans dix jours, peut-être dans deux semaines".
M. Thambwe, qui s'exprimait devant plusieurs ambassadeurs étrangers et responsables congolais est revenu sur la fosse commune découverte récemment à Maluku, au nord-est de la capitale de la République démocratique du Congo.
"Je ne parlerai pas de fosse commune parce que +fosse commune+ suppose exécution, massacre, charnier. J'utiliserai le terme de tombe commune", a souligné le ministre.
La fosse de Maluku n'est "pas un charnier". "Ce sont des gens qui ont été enterrés, et on les a enterrés conformément à la règlementation qui date de l'époque coloniale" belge, a-t-il ajouté, invitant les ambassadeurs et la presse à visiter la morgue générale de Kinshasa dans l'après-midi.
Dans un entretien à l'AFP, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a déclaré qu'il y avait "eu peut-être des erreurs administratives dans le processus de l'enterrement".
"Mais dans le fond, a-t-il ajouté, je crois qu’il n’y a rien à craindre parce que l’enterrement des personnes était justifié [...] la morgue centrale a demandé des autorisations requises pour pouvoir procéder à l’enterrement et c’est ce qui a été fait".
Selon les autorités, 600 personnes meurent chaque jour à Kinshasa. "Lorsqu’on fait deux mois ou trois mois sans enterrement, vous pouvez vous imaginer le nombre de corps qui sont appelés à l’enterrement", a encore déclaré M. Matata.
Selon les autorités de la ville-province de Kinshasa, 421 corps - 300 mort-nés ou fœtus, 23 corps abandonnés, 34 indigents et 64 personnes non identifiées - ont été enterrés dans la nuit du 18 au 19 mars près du cimetière de Maluku pour désengorger la morgue centrale.
La découverte de la fosse a alimenté des rumeurs selon lesquelles celle-ci pourrait abriter des victimes des troubles de janvier. Plusieurs dizaines de personnes avaient alors été tuées - essentiellement à Kinshasa - lors de manifestations contre un projet de révision de la loi électorale.
L'Union européenne a demandé une enquête "crédible" et "transparente" sur la fosse, de même que l'ONU, l'opposition et de nombreuses associations congolaises, et les organisations de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch et Amnesty International.