L’insalubrité qui a élu domicile dans la ville de Kinshasa pousse à crier haut et fort. Le peuple congolais en général, et les Kinois en particulier, doivent à comprendre que pour de nombreuses raisons, l’être humain est appelé à vivre dans un environnement sain et confortable. L’assainissement du milieu dans lequel il vit doit être une préoccupation pour tout un chacun.
Malheureusement, on se rend compte que beaucoup de familles kinoises font toujours bon ménage avec la saleté. Les normes d’hygiène sont bafouées. L’insalubrité est tellement encrée dans leur mode de vie que, pour les enfants qui naissent et grandissent, il apparait comme une notion très floue.
Cette façon de vivre s’observe particulièrement dans les familles qui habitent le long des rivières et de grands canaux d’évacuation des eaux usées. On peut citer les rivières Kalamu, Ndjili, Gombe, Bitshakutshaku, etc. Traversant pour beaucoup d’entre elles plusieurs communes, elles offrent au passage un spectacle désolant et épouvantable. De part et d’autres des rives, des maisons de fortunes fabriquées les unes avec des sachets, les autres avec des cartons, et pour les plus fortunés de tôles, servent d’habitation pour un nombre non négligeable de familles.
On peu bien prétendre que c’est par manque de moyens matériels ou financiers que ces ménages se retrouvent dans ces conditions aussi difficiles, à la merci de n’importe quelle intempérie, même la moins dangereuse. Mais qu’en est-il de l’hygiène ? L’on se demande si l’insalubrité est la résultante obligatoire de la pauvreté. Faut-il nécessairement avoir de l’argent ou manger à sa fin pour balayer sa cour ? Ou nettoyer le vase (dans le jargon kinois pot) de son enfant après qu’il s’y soit soulagé ? Ou encore ne pas vider une vase pleine d’excrements dans la rivière ou le caniveau ?
Il suffit pour vous rendre compte passer par exemple le long de la rivière Bitshakutshaku, où on peut voir comment est-ce que les hommes et les femmes se sentent à l’aise tout en étant entouré d’un côté, des pots remplis des matières fécales ou entachés de saletés. Et d’un autre côté, par des odeurs nauséabondes qui empestent de partout, polluant ainsi l’air. On remarque aussi que des enfants jouant torses nues, à même le sol, dans la saleté, mangent lsans se laver les mains.
Pour ces riverains, leur milieu de vie s’est transformé en un endroit à multiples usages. Il sert en même temps de poubelle et de fosse septique pour les uns, ou carrément de toilette pour certains d’entre eux qui n’ont pas de toilette. En polluant ainsi leur environnement, on a l’impression que ces habitants ignorent qu’ils s’exposent à des maladies des mains sales telles que la diarrhée, la fièvre typhoïde, ou le paludisme. Ce dernier demeure encore la cause première de mortalité en RDC. C’est d’ailleurs cette même pollution qui contribue de manière considérable, au bouchage des caniveaux à travers la ville, conduisant ainsi à des cas d’inondation après de grandes pluies. Curieusement, les personnes les plus touchées ou sinistrées sont celles qui habitent justement le long de ces rivières. Elles ont donc intérêt, ne serait-ce que pour leur sécurité, de promouvoir un environnement sain.
Iragi Maroy