Le retour du Raïs hier à Kinshasa devrait augurer du second round des échanges entre les sociataires de la Majorité présidentielle.
Avec le retour de Joseph kabila à hier Kinshasa, Kingakati est désormais relancé. Le Raïs a, en effet, séjourné du dimanche 29 à hier lundi 30 mars à Addis-Abeba en Ethiopie pour participer au sommet du Comesa.
Prévue pour la fin de la semaine dernière, la deuxième rencontre dite Kingakati 2 entre les membres du bureau politique, les chefs de partis politiques, de groupes parlementaires, les personnalités et autres membres de la Majorité présidentielle. Pourtant, l’opinion attendait beaucoup de cette réunion au regard des prises de bec et autres désagréments enregistrés au début de la grande rencontre immunisée contre la langue de bois et autres tabous dénoncés au sein même de la famille politique du chef de l’Etat. Tout était d’ailleurs parti de la lettre de sept formations politiques (le désormais célèbre G7) adressée à l’Autorité morale, ce qui avait conduit le Raïs à convoquer la rencontre dite Kingakati 1 pour laisser ses partenaires politiques se dire des vérités.
Des vérités, il y en a eues suffisamment à Kingakati 1. Et même de dures alors. Car, après avoir introduit la première rencontre de Kingakati et face aux tensions qui régnaient au sein de la Majorité présidentielle, Joseph Kabila Kabange avait jugé utile de se retirer de la salle des réunions pour laisser les différents cadres de sa famille politique discuter librement et sans aucun tabou. Il s’en était suivi des prises de bec comme il fallait s’y attendre parce que chaque camp s’est complètement défoulé en disant tout haut ce qui se chuchaitait tout bas. En tout cas, des vérités, ce n’est pas ce qui a fait défaut lors de la première rencontre à la ferme présidentielle.
KINGAKATI 2 TRES ATTENDU POUR LA SUITE DES EVENEMENTS
Après la pluie, c’est le beau temps, dit-on. C’est dans ce cadre que la deuxième rencontre dite Kingakati 2 devrait contribuer à fixer les esprits. Car, tous les sujets sont attendus lors de la deuxième et stratégique réunion de Kingakati. Qui conduira la Majorité présidentielle aux prochaines élections, surtout à l’élection présidentielle en décembre 2016 ? Lorsqu’on sait que Joseph Kabila, au terme de la Constitution, ne devra pas se représenter parce qu’arrivé fin mandat. C’est de la sorte que la question du dauphin du Raïs commence à être posée. Ce qui, hier, était rangé dans la catégorie des tabous. Et face à la tentative du groupe de sept partis politiques dit « G7 », de créer une plateforme électorale, il était nécessaire de se dire des vérités pour que du choc des idées jaillisse finalement la lumière.
Même si la rencontre tant attendue n’a pas eu lieu comme prévu, la nécessité pour les membres de la Majorité présidentielle d’accorder leurs violons revêt une importance capitale à moins de deux ans de la grande échéance politique. Question d’éviter des sons discordants parmi des gens condamnés à vivre ensemble pour éviter tout reniement. Car, en sa qualité d’Autorité morale, le Raïs n’a nullement intérêt à voir ses partenaires passer leur temps à se tirailler à l’approche de grandes manœuvres politiques. C’est dire que Kingakati 2 est appelé à colmater les brèches afin de préserver la cohésion et l’unité au sein de la famille politique. Apparemment, ce n’est qu’une question de temps, mais la réunion demeure d’actualité afin de mettre le cap sur la prochaine bataille électorale.
KINGAKATI 2 : CETTE SEMAINE, C’EST POSSIBLE
Même si, jusqu’à ce jour, aucune annonce ou communiqué n’explique le report intervenu à propos de Kingakati 2, certaines sources laissent entendre que cette rencontre pourrait avoir lieu cette semaine pour permettre à la Majorité présidentielle et pourquoi à la Majorité dans son ensemble d’arrêter des stratégies nécessaires pour affronter les scrutins prévus tant cette année que l’an prochain. Apparement, c’est le sommet du Comesa en Ethiopie, auquel il a participé, de dimanche à lundi dernier, qui n’a pas permis au raïs d’organiser la deuxième rencontre.Une équipe en compétition évite d’aller en ordre dispersé pour ne pas réduire ses chances de réussite. Et « l’union fait la force » n’est pas un adage indésirable au sein de la famille politique à laquelle appartient le chef de l’Etat. Il s’agit désormais d’approfondir la réflexion et de présenter les stratégies arrêtées en prévision de grandes échéances électorales.
Kingakati 2 est donc au centre de tous les enjeux et dangers pour la MP. Bien entendu, la tradition veut que la paix revienne finalement au sein de la Majorité. Car, cela s’est observé à plusieurs reprises même si, au départ, les violons ne semblaient pas s’accorder. La discipline aidant, les partenaires du Raïs finissent toujours par parler le même langage. Mais, aucune frustration ne doit être négligée lorsqu’on veut préserver l’unité. Que des gens se défoulent avant qu’on arrête des stratégies communes, cela constitue toute une tradition dans la vie des hommes. Raison de plus pour espérer que la seconde rencontre, celle qui demeure très attendue, se déroule dans un climat serein et empreint de compréhension après les déclarations de politique générale.
LE RAÏS AU CENTRE DE LA STRATEGIE DE L’OPPOSITION
Surtout que, misant sur la fin du mandat de Joseph Kabila, l’Opposition a choisi d’appuyer sur l’accélérateur en sollicitant le soutien des puissances occidentales et ce, à commencer par les Etats-Unis d’Amérique où viennent de séjourner. La stratégie pour les opposants consistent à demander aux grandes puissances de maintenir des pressions sur le Raïs afin de s’assurer qu’il ne briguera pas un troisième mandat et qu’aucun glissement n’intervienne pour repousser à plus tard la présidentielle prévue en décembre 2016. Confortés par l’absence de toute révision électorale, les opposants appuient sur l’accélérateur à fond dans l’unique but d’éviter le glissement tant redouté et donc contrer toute tentative éventuelle de la Majorité de retarder ou de repousser les échéances.
Cela ne doit pas passer inaperçu au sein de la Majorité présidentielle qui doit être prête à tout combat, même sans le Raïs. L’avantage aujourd’hui pour les partenaires politiques du chef de l’Etat, c’est que tous les sujets sont abordés, même et surtout ceux qui fâchent. Car, si aucun effort n’est fourni pour rassurer les uns et les autres et leur apporter des garanties, il est possible que des fissures se poursuivent au sein de la famille politique au rythme des sons discordants menaçant tout l’édifice. C’est ce que Joseph Kabila avait compris pour convoquer la rencontre dite Kingakati 1. Mais, le reste doit aussi suivre, c’est-à-dire la grande rencontre appelée à battre le rappel des troupes pour préserver l’unité au sein de la famille. M. M.