La Monusco confirme, Kinshasa dément et Bujumbura reconnaît la présence de son armée.
Une affaire qui est sur toutes les lèvres et qui fait monter la tension dans la population du Sud-Kivu est la présence des soldats burundais à Kiliba, territoire d’Uvira à quelque 20km de la frontière. Ils y ont installé leur PC avancé, bivouaquent imperturbablement et commettent des exactions donc des violations des droits de l’homme sur les habitants, selon des rapports des Ongd et des structures de la Société civile locales.
Ces soldats sont en grand nombre, à en croire les mêmes sources qui précisent par ailleurs qu’ils ont justifié leur présence à Kiliba par un Accord secret signé entre les deux gouvernements, c’est-à-dire la RDC et le Burundi. Pourtant dans un premier temps, Kinshasa et Bujumbura ont, chacun de leur côté, rejeté purement et simplement ces informations les qualifiant de totalement fausses et infondées.
Même la Monusco qui est bien implantée dans le secteur a donné la main au feu qu’il n’y a pas un seul soldat burundais à Kiliba. Cependant un officier des Casques bleus parlant sous anonymat a, lui, confirmé cette présence des soldats burundais en avançant que le commandement de la Monusco préférait s’aligner sur la position des deux gouvernements.
Vendredi dernier, revirement total. C’est le général Abdallah Wafi, Représentant spécial adjoint chargé des Opérations à l’Est de la RDC lui-même en personne qui a éventré le boa sur « Rfi », la radio mondiale. Il soutient qu’à la Monusco, ils ne sont pas du tout resté silencieux sur cette question.
DES OPERATIONS CONJOINTES
Le problème est d’abord de savoir si la présence des soldats burundais est mauvaise. Ils sont là depuis des années pour des opérations conjointes avec les Fardc contre les rebelles burundais du FNL qui opèrent sur le territoire congolais. Comment alors qu’on sait que cela fait plus d’un an que les FNL n’ont jamais été inquiétés par qui que soit ?
Wafi estime que là il s’agit de la responsabilité de tous y compris la Monusco. Quant aux tracasseries et exactions perpétrées par des soldats burundais présents à Kiliba sur les Congolais, Abdallah Waffi en a été saisi par la Société civile mais aucune enquête n’a été menée pour étayer ces accusations.
Réplique immédiate et spontanée le même jour sur le même média par le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mede Omalanga qui apporte un cinglant démenti aux propos du Représentant spécial adjoint de la Monusco. Il n’y a pas un seul militaire burundais sur le territoire congolais plus précisément à Kiliba, a-t-il dit.
Il pense que le général Wafi fait la confusion avec des officiers burundais qui viennent pour des réunions d’échange des renseignements avec leurs homologues de la RDC. La troupe, non. Samedi, c’est le porte-parole de l’armée burundaise qui s’exprime sur les ondes de la radio onusienne « Okapi ».
Il confirme lui la présence des soldats burundais sur le territoire congolais suite à un Accord signé par les deux gouvernements en rapport avec la traque contre les rebelles des FNL. Il n’a cependant pas donné les effectifs de ce contingent burundais déployé en RDC, il est resté vague se bornant à alléguer qu’ils ne sont pas en grand nombre.
Pour ce qui est de diverses exactions sur la population congolaise commises par ces militaires burundais présents à Kiliba, le porte-parole de l’armée burundaise dit ne pas en avoir eu connaissance, donc pour lui c’est faux, il n’y a pas eu de pareils cas.
DEMENTI DU GENERAL KASONGA DES FARDC
Nouveau démenti du côté de la RDC par la même voie. Pas par la bouche du porte-parole du gouvernement central, mais par le général de Brigade Richard Kasonga, porte-parole des Fardc. Faux et archifaux.
Il rejette ces affirmations du Burundi et souligne qu’il n’y a pas un seul Accord à ce jour signé entre les deux gouvernements pour autoriser la présence des militaires burundais en RDC. Pas un seul. Ce qui n’exclut pas, renchérit-il, qu’il y ait des mouvements des troupes synchronisés entre les deux pays, mais pas la présence de soldats burundais.
Avec cette sortie du bois du général Kasonga qui remet les pendules à l’heure, la confusion est totale. C’est à ne rien comprendre. Un fouillis qu’il faut démêler. Le Burundi reconnaît lui-même la présence de ses soldats à Kiliba en Rdc en évoquant un Accord que la RDC, l’autre partie, méconnait.
C’est simple, que Bujumbura produise cet Accord qui est en sa position afin de mettre fin à la polémique qui est en passe de virer à un litige entre les deux pays. Si cet Accord est une affabulation comme on le soutient à Kinshasa, la conséquence est grave dès lors que toute présence militaire non autorisée des soldats burundais en RDC devient une agression en règle.
Dans ce cas, avant la saisine des instances régionales et internationales, la RDC doit d’abord bouter hors du territoire national ces forces burundaises qui en fait occupent bien Kiliba et commettent effectivement des exactions contre les populations civiles. Ces Burundais se comportent comme en terrain conquis sans titre ni droit en plein 21ème siècle. Bizarre. KANDOLO M.