Les Chefs de l’Etat congolais et tanzanien ont coprésidé le samedi 18 octobre 2014, dans les installations de Tanzania Military Academy (TMA), à Arusha, la cérémonie de clôture de la session 54/13 des sous-officiers en provenance de la RDC. Cela au terme d’une formation dispensée dans le cadre de la coopération structurelle RDC-Tanzanie. La cérémonie s’est déroulée en présence des personnalités politiques des deux pays et des officiers supérieurs des armées gouvernementales congolaises et tanzaniennes, auxquels se sont joints quelques attachés militaires étrangers.
Arrivé par avion quelques heures plus tôt dans la célèbre ville d’Arusha à partir de l’aéroport de Kilimanjaro, le Président Joseph Kabila Kabange a joui d’une attention particulière de la part de son homologue tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete, question de donner à l’événement du jour la solennité méritée.
Effectivement, dans cette coquette ville, cette solennité est dans trois symboles. Premier symbole : créé par la Chine (populaire) en 1976 sous l’autorité alors du Président Julius Nyerere, le complexe de l’académie militaire de la Tanzanie dispensait à l’origine une formation politique et une formation militaire. La Tanzanie avait offert son espace aux révolutionnaires et aux libérateurs des pays dits de la Ligne de front : Angola et Mozambique pour se libérer de l’emprise coloniale du Portugal, Zimbabwe de l’emprise coloniale de la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud et Namibie de l’emprise de l’apartheid. Ce n’est pas tout. C’est en Tanzanie que s’étaient retrouvés des révolutionnaires comme Laurent-Désiré Kabila de la RDC, Milton Obote et Yoweri Museveni de l’Ouganda.
Deuxième symbole : le Président Jakaya Mrisho Kikwete y a fait lui-même ses études avant d’être retenu en qualité d’instructeur. Retraité au grade de Lieutenant-colonel, il a préservé cet outil mis désormais au service exclusif de la formation militaire. Troisième symbole : voici exactement 100 ans que la 1ère Guerre mondiale fit monter en terres tanzaniennes les premiers soldats de la Force publique congolaise. De 1914 à 1917, rapportent les historiens, " 1.895 soldats et 7.124 porteurs congolais périrent au combat ou d’épuisement" aux côtés de 58 militaires européens. Un lourd tribut.
Que la Tanzanie, aux côtés de l’Afrique du Sud et du Malawi, se soit alors empressée de mettre en 2013, soit 99 ans après, ses troupes à la disposition de la Brigade d’intervention de la Monusco, voilà de quoi féliciter ce pays pour son sens de gratitude et de responsabilité avéré. Surtout quand on sait que les actions militaires combinées Fardc et Monusco ont permis d’écraser le M.23, au prix de plusieurs militaires tanzaniens morts ou blessés.
SANS DES CONGOLAIS EN TANZANIE, SANS DES TANZANIENS EN RDC L’adage chinois dit que "Si tu me donnes du poisson, j’aurai toujours faim, mais si tu m’apprends à pêcher, je n’aurais plus faim". A quelques exceptions près, il peut s’appliquer aux Fardc, engagées dans un programme de réforme étalé sur 15 ans, dans le but précis de doter à terme la RDC d’une armée réellement forte et républicaine. D’où l’impératif du renforcement des capacités.
La formation n’est pas prévue qu’en Tanzanie. D’autres pays la dispensent également aux militaires congolais. Bien plus, tout ne doit pas nécessairement se faire à l’étranger. Le programme prévoit le réaménagement des centres d’instruction existants et la création des nouveaux centres à l’intérieur du pays. Il faut avouer qu’actuellement, l’armée congolaise a un sérieux problème d’effectifs dont plus de la moitié est à l’âge limite de retraite.
Pour la rendre performante et la sécuriser afin de mieux défendre le pays, le programme est basé sur trois priorités : formation, acquisition d’équipements adéquats et amélioration des conditions sociales.
La cérémonie d’Arusha concerne la formation. Recrutés sur concours dans toutes les garnisons de la RDC, 479 sous-officiers ont passé neuf mois dans la TMA. Ils sont au total 414 à avoir obtenu leurs brevets dont les deux lauréats qui ont reçu directement des mains de leur Commandant suprême des cadeaux, le troisième lauréat étant de nationalité tanzanienne.
Dans son mot de circonstance, le Président Joseph Kabila a naturellement remercié le Président Jakaya Mrisho Kikwete, son gouvernement et son peuple pour le nouveau fruit de la coopération militaire RDC-Tanzanie. Nouveau en ce que, a-t-il rappelé, des instructeurs tanzaniens avaient déjà fait le même travail en 1998 à la base militaire congolaise de Kamina, à l’époque de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Comme pour souligner la constante qui caractérise les relations entre les deux pays.
UN PARTENAIRE CREDIBLE
Il faut aujourd’hui admettre que la Tanzanie fait partie des pays militairement forts de la sous-région des Grands-Lacs et des régions Sadc et Cirgl. Simplement parce qu’elle a fait du Service national son vivier pour le recrutement de la majorité de ses militaires.
Ayant circonscrit les contours de la géopolitique et de la géostratégie, le Président Joseph Kabila fait partie des dirigeants africains conscients de l’enjeu que représente maintenant la côte indienne du vieux continent. Ces dirigeants savent que le monde est en train de se redessiner, d’un côté, à partir de cette côte (avec toutes les guerres du Moyen et du Proche-Orient, mais aussi la montée en puissance des pays comme l’Inde) et, de l’autre, à partir de la côté pacifique adjacente (avec toute la puissance avérée du Japon, de la Chine et des Dragons réunis, mais aussi toutes les guerres qui affectent le sud asiatique).
Or, toutes les études sérieuses le démontrent suffisamment : l’Est de la RDC passe pour le tendon d’Achille de tout dispositif sécuritaire à mettre en place sur la côte orientale et australe de l’Afrique, cela de l’Egypte à l’Afrique du Sud en passant par le Soudan, l’Ethiopie, l’Erythrée, la Somalie, le Soudan du Sud, le Kenya, la Tanzanie (justement), la Zambie, le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe. Bon nombre de ces pays ont en partage avec la RDC la même configuration : relief, climat, population, coutumes et us, flore, faune, sol, sous-sol etc.
Réputé pour sa discrétion, l’ayant compris et agissant en conséquence, le Chef de l’Etat entreprend les grandes actions d’ordre sécuritaire : planification de la débâcle infligée au M.23, acquisition des équipements militaires déployés le 30 juin 2014 sur le boulevard Triomphal à Kinshasa, formation des militaires congolais au pays et à l’étranger. Il entend cependant faire les choses dans les règles de l’art. 54ème promotion d’élèves étrangers depuis l’ouverture de TMA, la 1ère promotion des élèves en provenance de la RDC s’apprête à rentrer au pays pour partager avec les siens l’expérience acquise.
La cérémonie de samedi 18 octobre 2014 s’est achevée à Arusha sur une double note gaie : photo et repas de famille réunissant les 479 militaires congolais et 23 de leurs collègues tanzaniens de la même promotion aux côtés du général-major Joseph Kabila et du Lieutenant-colonel Jakaya Mrisho Kikwete, deux Présidents de la République ayant renoncé au métier des armes, deux Commandants suprêmes de leurs forces armées respectives, deux acteurs qui connaissent le prix de la guerre certes, mais surtout celui de la paix, deux Chefs d’Etat déterminés à donner à leurs peuples les moyens efficaces de protection et de sécurisation, fondement du vrai développement et de la vraie démocratie. D’Arusha, Omer NSONGO DIE LEMA