L’absence du Gouverneur Moïse Katumbi et de Gabriel Kyungu, président de l’Assemblée provinciale, à la rencontre organisée par le Chef de l’Etat hier lundi témoigne du profond malaise qui secoue le pouvoir actuel à l’approche de l’échéance 2016
La rupture semble définitivement consommée entre Joseph Kabila et les principaux animateurs du pouvoir exécutif et législatif au Katanga, notamment le Gouverneur Moïse Katumbi Chapwe, et le Président de l’Assemblée provinciale Gabriel Kyungu wa Kumwanza.
L’absence remarquable de ces deux personnalités à la rencontre que Joseph Kabila a organisée avec les notables du Katanga hier dans la capitale du cuivre est un signe qui ne trompe.
Des sources concordantes indiquent que Katumbi et Kyungu ont décliné cette invitation, confortant ainsi leur position par rapport à la volonté à peine voilée de l’actuel chef de l’Etat de vouloir s’octroyer un troisième mandat à la tête du pays en violation de l’actuelle Constitution et contre vents et marées.
Très populaires au Katanga, Katumbi et Kyungu l’ont encore démontré devant la face du monde, à l’occasion du retour à Lubumbashi du Gouverneur du Katanga, après que ce dernier ait passé trois mois à Londres pour de raison de santé. Car, le richissime président du TP Mazembe aurait été victime d’un empoisonnement qui l’a obligé à aller aux soins en Occident.
Revenu au pays, le Gouverneur bien aimé des Katangais n’a pas caché son opposition à un troisième mandat que la MP cherche à octroyer à Joseph Kabila par tous les moyens. Soutenu en cela par le puissant président de l’Assemblée provinciale du Katanga.
Depuis lors, ces deux personnalités ont pris leur distance de la MP et ne se font plus voir. La visite du ministre de l’Intérieur Evariste Boshab et celle de Joseph Kabila en personne n’ont pas suffi pour les convaincre à sortir de leur « cachette ». Le Chef de l’Etat qui s’est rendu le week-end à l’improviste à la ferme privée de Moïse Katumbi, dans l’espoir d’y trouver ce dernier serait rentré bredouille !
Face à cette situation, l’agacement aurait même poussé le parti présidentiel (PPRD) à retirer la présidence de l’interfédérale du PPRD/Katanga à Moïse Katumbi pour la confier à un certain Sholi.
S’adressant pour sa part aux autres notables du Katanga ayant répondu à son invitation, Joseph Kabila a minimisé la crise, se contentant de dire que « le chien aboie, la caravane passe ». Car, pour lui, la vie doit continuer normalement et que l’heure est plutôt au travail tant qu’on n’est pas encore arrivé à l’échéance 2016.
La crise qui secoue la MP n’augure rien de bon pour le pouvoir actuel. Et le plus dur est sans doute à venir. La presse nationale et internationale a largement diffusé lundi l’information selon laquelle une importante réunion regroupant des personnalités politiques et notabilités originaires du Katanga venues de partout a eu lieu lundi autour de Joseph Kabila à Lubumbashi !
On indique à ce propos que tout a été fait par la Majorité présidentielle pour que rien ne puisse transpirer de cette rencontre qui avait cette particularité de soumettre à une sorte d’inquisition un membre de cette famille politique qui s’est montré » rebelle » à la discipline interne de celle-ci, à savoir le gouverneur de province Moïse Katumbi Chapwe.
En effet, au terme d’un séjour médical de près de trois mois passé à l’étranger, Moïse Katumbi Chapwe est revenu à Lubumbashi le 23 décembre de l’année écoulée où il a prononcé un discours opposé à la tentative actuelle de maintien de Joseph Kabila au pouvoir après la fin de son mandat en décembre 2016 !
Selon des indiscrétions enregistrées autour de ladite rencontre, les poids lourds de la Majorité présidentielle lancés à l’assaut du gouverneur » rebelle » n’ont pas réussi à faire revenir ce dernier à de meilleurs sentiments. Bien au contraire !
Un marché difficile…
Fort du soutien massif de la population qui le considère jusqu’à preuve du contraire comme le rédempteur de son Katanga natal, Moïse Katumbi Chapwe aurait déclaré aux émissaires de Joseph Kabila qu’il ne pourrait pas renoncer à sa position actuelle tant que sa province serait concernée par les dispositions de l’article 4 de la Constitution qui prévoit la création de nouvelles provinces et entités territoriales par démembrement ou par regroupement dans les conditions fixées par la Constitution et par la loi !
En d’autres termes, Joseph Kabila doit accepter de partir de la tête du pays en décembre 2016 en échange du démembrement de la province du Katanga.
Or, dans l’entendement de ce dernier, rien ne peut l’éloigner du pouvoir avant longtemps. Pour le gouverneur Moïse Katumbi Chapwe et ceux qui pensent comme lui, la violation intentionnelle de l’article 220 de la Constitution qui fixe le mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une fois doit entraîner automatiquement l’inapplication de l’article 4 de la même Constitution (à la seule province du Katanga) avec toutes les conséquences politiques que cela comporte !
Comme on peut le constater, Joseph Kabila est mis sérieusement en difficulté par les siens au Katanga. Quelle marge de manœuvre lui reste-t-il encore pour récupérer le Katanga qui, visiblement, lui tourne déjà le dos ? Nous y reviendrons.
Joseph Kabila en difficulté au Katanga