Le masque a fini par tomber avec le retrait de cette province des militaires du Burundi venus sur invitation de Kinshasa alors que le gouvernement congolais démentait cette présence militaire étrangère sur le sol congolais.
Le détachement de l’armée burundaise présent à Kiliba au Sud-Kivu s’est retiré de cette partie du territoire d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, à l’Est de la RDC.
En effet, des camionnettes de l’armée burundaise remplies de matériel et d’hommes ont été aperçus hier mardi entrain de franchir la frontière à la mi-journée, a pu constater un journaliste de RFI (Radio France Internationale). Aucune confirmation officielle pour le moment de la part des gouvernements burundais et congolais qui avaient toujours démenti cette présence. Et pourtant, le gouvernement de la RDC par l’entremise du ministre des Médias avait démenti l’information selon laquelle les troupes burundaises seraient à Kiliba sur invitation de Kinshasa.
Même la Monusco qui est censée être bien informée de tout mouvement des populations avait démentie cette information.
La Mission des Nations Unies pour le Congo (Monusco) ainsi que les gouvernements burundais et congolais démentaient toujours officiellement la présence d’hommes en armes et en uniformes militaires burundais dans l’Est du Congo. Et pourtant, ils étaient bien là, dans la plaine de la Ruzizi (Sud-Kivu), comme RFI a pu le constater.
Selon plusieurs sources, il existerait un accord secret entre Kinshasa et Bujumbura pour permettre à l’armée burundaise de mener des opérations contre des rebelles. Une explication qui ne correspond pas vraiment à la réalité du terrain.
Depuis le début de l’année 2014, il n’y a eu aucune opération conjointe entre les armées burundaise et congolaise. Les rebelles se présentant comme les Forces nationales de libération (FNL) sont dans les moyens plateaux du territoire d’Uvira. Les forces burundaises de défense étaient dans la plaine de la Ruzizi. C’est bien plus bas et pourtant elles ont été attaquées à plusieurs reprises ces derniers mois par les rebelles burundais. Aucune opération terrestre n’a eu lieu en représailles.
Confirmation du colonel Gaspard Baratuza
L’armée burundaise avait confirmé la présence de ses troupes dans la région d’Uvira, au Sud-Kivu. Son porte-parole, le colonel Gaspard Baratuza, a déclaré vendredi 3 octobre à la presse locale que ces militaires se trouvent sur le sol congolais pour aider les Forces Armées de la RDC (FARDC) à combattre les groupes rebelles retranchés dans les hauts plateaux d’Uvira.
Mais l’armée congolaise a nié toute présence d’armée étrangère sur le sol congolais pour des opérations conjointes.
Ces derniers mois, plusieurs témoignages avaient fait état de la présence des militaires burundais à Uvira.
Le porte-parole de l’armée burundaise ne donne pas l’effectif des troupes burundaises sur le sol congolais. Mais il affirme que le nombre de ces militaires n’est pas très élevé.
Le colonel Gaspard Baratuza affirmait que ces troupes ne devraient inquiéter personne, expliquant qu’elles opèrent dans un cadre légal d’échange d’informations entre le Burundi et la RDC pour préserver la paix et la sécurité.
Par contre, la société civile de Kiliba accusait ces militaires burundais de commettre des exactions contre les civils. Cette accusation est rejetée par le porte-parole de l’armée burundaise.
Démenti du général Kasonga
De son côté, le ministère congolais de la Défense nationale indique avoir appris «avec stupéfaction qu’il y aurait sur le sol congolais, aux alentours de la cité de Kiliba, dans le Sud-Kivu, la présence des militaires d’un pays voisin».
«Il n’existe actuellement aucun accord avec un quelconque pays voisin autorisant des opérations militaires conjointes sur le sol congolais», a déclaré sur la télévision publique le porte-parole des FARDC, le général Kasonga. Il a ajouté : « Cela n’est pas à confondre avec des rencontres bilatérales localisées d’échanges d’informations entre les commandants des unités voisines au niveau de nos frontières.
Cela ne doit pas non plus être confondu avec des patrouilles synchronisées qui peuvent être menées simultanément de part et d’autre de nos frontières. Chaque partie opérant sur son territoire».
Avec le retrait des militaires burundais mardi, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco) ainsi que les gouvernements burundais et congolais sont confus car, Kinshasa et Bujumbura démentaient toujours la présence d’hommes en armes et en uniformes militaires burundais dans l’Est du Congo. La Monusco, après avoir démenti cette présence, a fini par la reconnaitre.
Et pourtant, affirmait RFI le 1er octobre dernier, ils sont bien là, dans la plaine de la Ruzizi, au Sud-Kivu.
Par Godé Kalonji Mukendi