Dans son adresse à la Nation acceptant officiellement la médiation internationale, le chef de l’Etat a évité de parler de sa succession, alors que son second et dernier mandat expire dans quelques mois.
Joseph Kabila vient enfin d’autoriser officiellement à sa famille politique d’aller au Dialogue et de se mettre autour d’une même table avec l’Opposition politique et la Société civile, afin de baliser la voie à l’organisation des élections apaisées. C’est l’essentiel que tout observateur averti aura retenu de la communication télévisée faite par le chef de l’Etat le week-end dernier, peu avant que n’expire l’ultimatum lancé par l’UDPS qui menaçait de ne plus prendre part au Dialogue politique si celui-ci était convoqué après le 29 novembre 2015.
Dans cette allocution que l’auteur a présentée comme une adresse à la Nation, plusieurs Congolais attendaient aussi d’entendre Joseph Kabila se prononcer enfin clairement sur son avenir à l’issue de son second et dernier mandat qui arrive bientôt à terme. Mais rien de tel n’a été dit. L’autorité morale de la Majorité actuelle qui est restée muette à ce sujet a préféré une fois encore entretenir le flou sur son avenir politique après l’échéance 2016.
Dans le camp de l’Opposition, pendant ce temps, ceux qui ne lui reconnaissent pas le pouvoir de convoquer le Dialogue dès lors que cela est prescrit dans l’Accord-cadre conclu à Addis-Abeba y voient déjà une volonté délibérée de l’actuel chef d’Etat de se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution actuelle.
Comme si cela ne suffisait pas, Joseph Kabila qui vient pourtant d’accepter que la médiation du Dialogue soit pilotée par la communauté internationale, ne s’est pas privé de rappeler à cette dernière que “l’organisation des élections est une question interne qui relève de la souveraineté de chaque Nation “.
Joseph Kabila s’est même permis de proposer subtilement sa feuille de route de ce qu’il attend du Dialogue en évoquant notamment l’éventualité de voir les Congolais accepter l’allègement du mode de scrutins pour faire face au coût financier des élections dont le budget global est estimé à plus d’un milliard de dollars us par la Commission électorale Nationale indépendante (CENI).
Cette feuille de route est en totale contradiction avec le sens que l’UDPS, parti cher à Etienne Tshisekedi, et les autres composantes de l’Opposition congolaise donnent au Dialogue. Car, à Limete, on continue à soutenir que le Dialogue qui doit se tenir sous la médiation internationale vise essentiellement à résoudre la crise politique née des élections chaotiques de novembre 2011 et son corollaire qui est la légitimité du pouvoir. Tout en considérant que les prochaines élections devront se tenir dans les délais constitutionnels et dans le respect de la Constitution.
Comme on le voit, et à la lumière des pressions que l’Opposition et la Société civile avec en tête l’Eglise Catholique entendent exercer pour contraindre le pouvoir à respecter la Constitution, les violons sont encore loin de s’accorder entre les différents protagonistes, aussi bien au sujet du profil des personnes appelées à prendre part au Dialogue que sur l’ordre du jour de ces assises. Le plus difficile est donc à venir.
Par DMK