Ces miliciens détiennent leurs otages dans le parc à Okapi d’Opulu
Il se passe des choses bizarres en Ituri. Ce ne sont pas les miliciens du « Front de résistance patriotique de l’Ituri » (FRPI) de Cobra Matata qui sont à l’affiche. Mais les « Simba » du seigneur de guerre Paul Sadala alias Morgan, mort l’année dernière au moment de sa reddition. Sa milice a été reprise en main par un de ses lieutenants du nom de guerre de « Manu ». C’est lui qui a opéré le week-end dernier le kidnapping de ces 50 femmes.
Le chef de bande a conduit ses otages dans la forêt du parc à Okapi d’Epulu, à Mambassa, en Ituri. L’Administrateur de ce territoire a confirmé ces faits devant la presse. Alors qu’on croyait inactive la milice « Simba » de Morgan Sadala, on apprend de sources locales que celle-ci contrôle les activités minières illégalement exercées dans cette forêt dense.
Elle vit des prébendes tirées de ces activités et aussi des prises d’otages comme celle de 50 femmes. Ces miliciens Simba, dirigés par Manu, pratique le braconnage à grande échelle dans la réserve d’Epulu où elle se livre à l’abattage du gros gibier.
Ses animaux de prédilection sont l’éléphant, prisé pour ses défenses en pointe d’ivoire, et le rhinocéros pour sa corne tant recherchée dans le commerce illégal. Ces 50 femmes enlevées et détenues en forêt par les Simba de Morgan Sadala passent des moments difficiles.
En tout cas, ce n’est pas pour travailler dans les champs ni dans les mines que ces miliciens les ont enlevées, sinon ils auraient ciblé des hommes. Mais on sait bien que c’est pour servir d’esclaves sexuels à cette milice sanguinaire des Simba opérant de longue date à Mambassa.
LA PAIX AU BOUT DU FUSIL
Ce kidnapping de la cinquantaine de femmes est la preuve patente qu’en Ituri, la paix n’est encore palpable qu’au bout du fusil. On n’est pas encore sorti de l’ornière là où on parlait à tort des avancées significatives. 50 femmes enlevées et conduites en forêt ! Cela rappelle les tristes exploits des islamistes nigérians de Boko Haram.
Il faudra bien que les Fardc mettent les bouchées doubles pour neutraliser les Simba de Manu et surtout libérer les 50 femmes enlevées.
A l’Est de la Rdc, il y a à ce jour deux zones de grande instabilité. Il y a toujours l’Ituri où continuent à régner en maîtres absolus les miliciens du FRPI de Cobra Matata et les Simba de Sadala Morgan. Il y a aussi le Nord-Kivu encore en proie à des tempêtes.
L’Ituri, avec 50 kidnappés, montre si besoin en est qu’il est toujours sur les travers d’autres seigneurs de guerre qui ont tenu les populations en coupes réglées. Certains sont passés par la CPI. Il s’agit de Thomas Lubanga Diyilo de l’UPC, de Mathieu Gujolo du FNI, de Germain Katanga du FRPI et de Bosco Ntanganda de l’UPC.
C’est au Nord-Kivu où on enregistre un grand nombre des groupes armés nationaux et étrangers. Ici, la paix est toujours sujette à caution. Et pour cause ? Les groupes armés étrangers sont les Ougandais des ADF/NALU et les Hutu rwandais des FDLR.
FDLR PESENTES SUR UNE LARGE BANDE
Les ADF opèrent depuis 1996 dans le territoire de Beni jusqu’à Kamango, au pied du massif Ruwenzori, leur fief où ils ont été défaits par les Fardc. Ils ont toutefois repris du service avec l’enlèvement de 10 personnes à Beni-Mbao la semaine avant et la tuerie sauvage de 12 personnes, égorgées jeudi dernier, à Oïcha, 20 km de Beni.
Tandis que les FDLR font main basse sur une large bande allant de Rubero (300km de Goma), à Masisi, en passant par le parc des Virunga sous leur botte et où ils se livrent au braconnage ainsi qu’à la production du bois de chauffe. Il y a aussi une multitude de groupes armés nationaux locaux qui pullulent dans le petit périmètre de Masisi-Walikale, non loin de la frontière rwandaise.
On peut relever les plus féroces parmi eux. Il s’agit de Maï-Maï dénommé « Nduma defense of Congo » (NDC) du chef de guerre Cheka, allié aux FDLR, qui connaît à ce jour une dissidence. Il y a aussi l’« Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain » (APCLS) de Janvier Kalairi. Lui et Cheka disposent d’un armement lourd.
D’autres seigneurs de guerre opèrent dans le même périmètre comme le chef Maï-Maï La-Fontaine ou Raïa Mutomboki,le Maï-Maï Nyatura, etc. C’est bien trop ! Dur dur donc pour les populations locales… KANDOLO M.