(lemonde.fr)Sindika Dokolo, gendre du président angolais dos Santos et grand collectionneur d’art contemporain a décidé de faire revenir en Angola les œuvres du patrimoine ancien qui ont quitté le pays depuis l’indépendance. Il espère fédérer autour de son initiative quelques grandes fortunes.
Pourquoi souhaitez-vous engager cette bataille ?
Je m’intéresse depuis quelques années à l’art classique africain. Je n'ai pas de pièces d'art contemporain chez moi – je ne considère pas l'art contemporain comme décoratif – mais j'ai une relation spéciale, intime, avec l'art classique africain. Je suis en train de rechercher les œuvres qui ont disparu d’Angola. Je travaille notamment avec le marchand Didier Claes, basé à Bruxelles. Au musée de Dundo, qui a été rénové par le gouvernement angolais, on trouve des pièces qui ne sont pas du niveau des chefs d'œuvre que l'on trouve ailleurs dans le monde. Or, les archives prouvent la présence, avant l'indépendance, d'œuvres de très grande qualité qui ont disparu. L'Angola n'a jamais répertorié ses pièces et la plupart des acheteurs sont de bonne foi : ils ont acheté des pièces de grande valeur qui ont été grimées pour brouiller les pistes... Voici ce que je propose aux propriétaires des pièces volées : soit mes avocats, soit une indemnisation au prix exact auquel ils les ont achetées. J'ai déjà retrouvé deux masques tshokwe. Je veux réunir vingt ou trente grands comptes fiscaux en Angola pour monter un fonds avec un pool d'avocats pour identifier les pièces volées.
Pensez-vous que les acheteurs accepteront votre proposition ?
L'idée n'est pas de les déposséder. Je les invite à venir restituer la pièce en Angola. Le mois prochain, je vais organiser une cérémonie avec le roi des Tshokwe à Dundo. Les grandes institutions occidentales comme le Louvre possèdent une statuette Tchibinda Ilunga, le héros mythique de la civilisation tshokwe, mais pas l'Angola ! Alors qu'en 1975, le pays en avait plein et que cette statuette a aujourd'hui une valeur marchande disproportionnée. Pas moins de 30 millions de dollars... C'est à nous, Africains, de réclamer ce patrimoine. Il faut qu'en Angola, on prenne conscience de la valeur de nos racines.