Greenpeace ne lâche rien

Jeudi 5 mars 2015 - 15:38

Hier à 7 h 30, des activistes de Greenpeace déposaient une grume de bois tropical devant le ministère de l'Écologie, à Paris. Un tronc de 4 tonnes que l'organisation affirme avoir acheté à La Rochelle. Ce bois proviendrait d'une concession de la province de l'Équateur, en République démocratique du Congo où, dit l'organisation, « nos investigations ont mis en évidence de nombreuses irrégularités ». Motif de l'action : inciter l'État français à prendre les mesures contre l'importation des bois illégaux.

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L'objectif que Greenpeace n'a pas atteint au printemps à La Rochelle, le premier port français importateur de bois exotique, l'organisation le recherche à présent au plus près de l'État. Le 22 mai, des membres de l'organisation entraient par effraction dans le port et le hangar d'un importateur rochelais et plaçaient sous « scellé » des palettes d'origine douteuse, importées d'Amazonie brésilienne. Le mois suivant, l'organisation perturbait l'escale d'un cargo chargé de bois, en provenance de la République démocratique du Congo.

À l'époque, les contrôles opérés par l'administration devaient démentir fermement les allégations sur l'origine illégale de ce lot. Les importateurs soutenus par l'association Le commerce du bois, habilitée depuis à réaliser des audits sur les importations, dénonçaient après coup les erreurs de Greenpeace. Hier à Paris, le chargé de campagne forêt, était reçu par la directrice de cabinet de Ségolène Royal. « Nous avons aujourd'hui la confirmation que le ministère de l'Écologie n'a aucun dispositif en place pour mettre en œuvre des contrôles », commentait Frédéric Amiel.

La nature du contrôle

« La grume déposée devant le ministère a été achetée avec le concours d'un sympathisant, sculpteur sur bois. Évidemment sans que mention soit faite de notre organisation », expliquait un militant. Lequel précisait que l'association avait porté plainte contre X devant le procureur de la République de La Rochelle pour défaut de diligence raisonnée et mise en marché de bois illégal. Une information que le parquet n'était pas encore en mesure de nous confirmer. Le règlement de l'Union européenne, applicable depuis mars 2013, vise à écarter du marché communautaire les bois et produits dérivés issus d'une récolte illégale. Les importateurs doivent mettre en place une procédure de diligence raisonnée (elle minimise au maximum le risque d'importation de bois illégal) pour s'assurer de la légalité de la marchandise et susceptible d'un contrôle a posteriori de l'État. Le reproche de l'organisation porte sur l'incapacité actuelle de l'État à mettre en œuvre ces vérifications. S'il ne discute pas le fond de la démarche, le président du directoire du Grand Port rochelais, Michel Puyrazat s'interroge sur le déplacement du curseur du contrôle. « Jusqu'où peuvent aller l'ingérence et le contrôle ? Jusqu'au niveau du tampon qui est apposé en Afrique ? C'est toute la difficulté de cette diligence raisonnée. Les importateurs en ont assez de ces actions de Greenpeace, d'autant que la dernière en date était totalement infondée. »

P. B.

http://www.sudouest.fr/2015/03/05/greenpeace-ne-lache-rien-1848858-1391.php