Elle est réputée pour son audace et son franc-parler en public comme en privé. Conseillère nationale, ex-3ème vice-présidente de l’Assemblée Nationale centrafricaine, Gina-Michèle Sanzé a le profil d’une femme leader. Portrait.
Brune, taille athlétique, Gina Sanzé est une femme de poigne. La trentaine révolue, cette originaire de la préfecture de la Kémo est une battante. Talentueuse, ambitieuse, elle utilise à bon escient son audace pour percer dans les institutions publiques et régionales, là où d’autres femmes ont du mal à accéder.
Son passé est assez éloquent pour ceux qui doutent de sa détermination. En effet, quand elle quitte son pays, à l’âge de 13 ans, pour aller poursuivre ses études au Lycée Polyvalent de Toulouse, puis à la Faculté des Sciences Sociales de Toulouse, Gina Sanzé est décidée à réussir.
UNE FRONDEUSE HORS PAIR
Une fois dans la vie professionnelle en France, elle est désignée à maintes reprises déléguée du personnel pour défendre les intérêts de ses camarades travailleurs dans les négociations avec le patronat. "Pour assumer une telle responsabilité, il fallait, selon elle, avoir la tête sur les épaules, être une résistante, pour ne pas subir la foudre des patrons, surtout si ces derniers ne veulent pas céder face aux revendications des travailleurs".
Arrivée à Bangui, Gina-Michèle Sanzé a dû batailler dur pour être élue député de la circonscription de Dékoa en 2011. Elle a même dû affronter le lobby des conservateurs pour siéger dans le bureau de l’Assemblée Nationale. "Quand une personne a la compétence, la capacité de faire quelque chose, il faut lui laisser l’opportunité de postuler à des postes de responsabilité", clame la conseillère nationale.
Frondeuse, elle ne recule devant aucun danger quand elle est convaincue du bien-fondé de sa démarche. "Face aux difficultés, il ne faut jamais baisser les bras, confie-t-elle au journal ’’Légué-Ti-Siriri’’. Ces difficultés ne peuvent que vous booster pour aller de l’avant". Pas étonnant que, grâce à sa combativité, Gina Sanzé a réussi à être élue vice-présidente du FOCUS Afrique Centrale au Parlement Panafricain. Une première dans l’annale de cette institution pour une citoyenne centrafricaine.
"LA DESTINEE DE LA RCA EST ENTRE LES MAINS DE SES PROPRES ENFANTS"
"Forte de l’amour pour ma patrie, je ne lésine pas sur les moyens pour la défendre à l’extérieur, chaque fois que je prends la parole", lâche-t-elle. Préoccupée par la crise qui mine son pays, Gina Sangé s’est toujours voulue optimiste : "La destinée de la RCA est entre les mains de ses propres enfants. Si les fils et filles de ce pays décident d’être ensemble, de montrer à tout le monde qu’ils sont soudés, la paix va certainement revenir et tout redeviendra comme avant".
C’est sans doute par amour pour sa patrie que Gina Sanzé a créé la Fédération des Femmes pour la Reconstruction des Préfectures. Une association qui rassemble les femmes de l’arrière-pays autour de différents projets de développement de chaque préfecture. Disciplinée, organisée, elle ménage bien son temps pour continuer à rester active aussi bien dans son association que dans son parti, ainsi qu’au Conseil national de Transition (CNT) et dans son foyer.
"MON DEFAUT, C’EST LE FRANC-PARLER"
Femme de caractère, elle sait se faire respecter. "Gina Sanzé est une femme respectueuse, mais elle ne se laisse pas marcher sur les pieds", témoigne son collègue, le Conseiller National Faustin Bambou. Abondant dans le même sens, ses parents, ses ami(e)s et ses collaborateurs soutiennent qu’elle est ’’dure de caractère’’.
"Mon défaut, qui fait sans doute ma force, c’est le franc-parler, comme d’ailleurs ma collègue, la Conseillère Emilie-Béatrice Epaye, avoue Gina Sanzé. J’aime, en fait, la franchise dans la collaboration, être directe avec les gens… J’apprécie la rigueur, le professionnalisme et faire montre du respect pour l’autre. Par contre, je déteste le mensonge, la paresse, l’oisiveté et toute tentative d’intimidation". Yves KALIKAT et Etienne VIKOMA