« Femmes et engagement politique en RDC » est l’intitulé d’un nouvel ouvrage collectif écrit par une dizaine de femmes Congolaises : Nzuzi wa Mbombo, Lukiana, Thérèse Olenga, Matshoko Matshi…. Conçu sous forme d’étude globale sur la situation de la femme congolaise de l’époque coloniale jusqu’aujourd’hui et publié par la Fondation Konrad Adenauer Stiftung « FKAS » en décembre 2014, ce livre est une compilation des articles tirés des réflexions menées par ces dames, des séminaires auxquels elles ont pris part. Dans l’introduction, Vera-Anna Touché, l’experte allemande des questions politiques, fait un tour d’horizon complet de la situation de la femme congolaise, ou mieux du combat mené par la gent féminine pour s’émanciper, des efforts déployés par nos décideurs politiques pour amener le sexe faible à apporter sa pierre à l’édification du pays, des guerres qu’a connues la RDC et formule une série des recommandations pour inverser la tendance.
Dans «Mesures et mécanismes d’application des lois en faveur du genre en RDC, les instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux portant protection des droits des femmes et de l’enfant, le rôle de la femme politique en RDC, la manifestation de l’ambition politique et son engagement au processus électoral, regard critique sur la participation des femmes à la vie politique en RDC….. Dieudonné Been Masudi, chercheur et consultant en droits de l’homme et les auteures s’attardent sur les instruments juridiques relatifs au genre aux niveaux régional, national et international. Mais aussi des contraintes à l’application des lois et mesures en faveur du genre, de la sous représentation des femmes dans la vie publique et politique. Le lecteur va « redécouvrir » également dans cette œuvre collective la vingtaine d’infractions liées aux violences sexuelles, à savoir, la zoophilie, les mutilations sexuelles, la diffusion des films ou documents pornographiques aux mineurs….
Dans les pages qui lui sont réservées, Catherine Nzuzi revient sur la nomination de la première universitaire congolaise Sophie Lihau Kanza au poste de ministre d’Etat, la création en 1967 de l’Union des Femmes Congolaises avec à sa tête feue Mayakapongo, la désignation des 7 femmes bourgmestres dans la capitale… L’élan imprimé par Mobutu va se poursuivre et aboutir à la nomination d’autres « pionnières » à des postes ministériels. Il s’agit de Mafutamingi, mère d’Oliver Kamitatu, Ekila Liyonda, Mayuma Kala, Wivine Nlandu et tant d’autres. Il y a eu des femmes ambassadeurs, dans l’armée. Mais c’est dans la magistrature qu’on a dénombré le plus grand nombre des femmes.
Deborah Nzege, chargée des programmes à la FKAS, tourne son regard sur le travail accompli par l’ONU sur le combat de femmes. En 1946, l’ONU avait créé la Division pour l’avancement des femmes « DAW » pour défendre l’égalité des sexes et déclaré 1974 année internationale des femmes et l’année fêtée mondialement par la gent féminine et s’est terminée à Mexico en 1975.
Nzege s’attarde sur la 4 ème Conférence internationale des femmes à Beijing en 1995.
Le champ politique congolais reste encore un monde masculin, lit-on. En effet, en jetant un regard sur les statistiques, on constate qu’on a enregistré très peu de Congolaises dans les différents gouvernements et parlements et autres institutions citoyennes. De 1970 à 1975, on a eu 12 femmes ministres, 11 de 1975 à 1977, 7 de 1977 à 1982,8 de 1982 à 1987. Dans la foulée de la tenue du dialogue intercongolais, 14 % des sièges ont été attribués aux femmes à l’Assemblée Nationale et 2,5 % au Sénat….
Jean- Pierre Nkutu