Média d’Etat, car jouissant du financement direct de son gouvernement, Radio france internationale (Rfi) semble avoir reçu la consigne de « descendre » à la manière de snipper la République Démocratique du Congo, tout au moins son chef d’Etat, en la personne de Joseph Kabila Kabange. Coïncidence fortuite ou non, les tirs s’accentuent à l’approche du XVème sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) prévu à Dakar les 29 et 30 novembre prochain.
Les attaques médiatiques actuelles s’apparentent à l’assassinat de la personnalité politique perçue la veille du XIVème sommet de la francophonie tenu à Kinshasa les 13 et 14 octobre 2012. Toutes les batteries avaient été actionnées pour dissuader les chefs d’Etat et de Gouvernement à se rendre au Congo-Kinshasa. Deux ans après, et au regard des tirs accentués, on en viendrait à penser, mieux à croire que notre pays ne méritait pas ces assises, pas plus qu’il ne mérite de passer le relais au Sénégal.
CHRISTOPHE BOISBOUVIER AU CŒUR DES ATTAQUES
Le nouveau motif du crime trouvé : la révision de la constitution. Pour s’en rendre compte, il suffit d’entendre les interviewés de son émission-vedette : « Invité Afrique ». Tous ou presque n’échappent plus à la question-piège : l’article 220 « pour un troisième mandat pour le Président Kabila ».
La plupart des invités s’engouffrent dans le débat sans cependant relever l’élément essentiel, à savoir l’inexistence d’une initiative formelle de révision du fameux article. Car aucune des institutions (Président de la République et Gouvernement), aucun des acteurs institutionnels (députés et sénateurs), aucun des pétitionnaires habilités par l’article 218 n’y fait allusion ; le seul article soumis par le Gouvernement à l’Assemblée nationale étant le 187.
De deux choses l’une : ou c’est Rfi qui propose ce sujet à ses invités, et ceux-ci acceptent de l’évoquer, ou ce sont les invités qui le font, et Rfi s’en frotte les mains. Récupérée par l’Opposition et la frange de la Société civile proche galvanisées toutes les deux par les événements du Burkina Faso, l’entreprise de démolition, dont Rfi sinon Boisbouvier connaît les commanditaires sans en identifier les raisons ou vice-versa, inciterait d’aucuns à croire à une connexion, que dis-je à une conspiration commune.
A DIRE VRAI, IL N’EN EST RIEN
A l’instar du coeur, l’Etat a ses raisons que la raison ne connaît pas. Déjà - juste pour la petite histoire - Rfi avait accompagné les Zaïrois à se débarrasser de Mobutu entre 1990 et 1997. La veille de ce qui devait être le IV° sommet de l’Oif à Kinshasa en 1991, elle avait tellement entraîné dans le boycottage les « Kinois » mus par l’Opposition d’alors que Paris récupéra les assises qui se tinrent à Chaillot. Encore pour la petite histoire, Rfi avait accompagné certains Congolais à préparer le terrain à l’élimination physique de Laurent-Désiré Kabila. Un chef d’Etat occidental eut même l’audace de déclarer « bon débarras ».
De là à croire que la Radio mondiale aime le Congo plus que les Congolais, seuls les compatriotes naïfs ou méchants pourraient l’admettre. Peuple mature, et il l’est dans tous les sens du terme, les Congolais devraient se demander pourquoi cette intensité des tirs croisés sur le Président Joseph Kabila (qui n’a jamais initié la révision de l’article 220 de la Constitution) pendant que ceux de ses pairs qui ont franchi le Rubicon sont moins visés. La réponse est dans la Bible : on ne jette des pierres que sur l’arbre qui porte des fruits. Surtout quand il s’agit de fruits en maturation.
Ces fruits, ce n’est pas le diamant ou l’eau, le cuivre ou l’environnement, le pétrole ou le bois dont l’exploitation est ouverte à des nouveaux horizons. C’est l’homme congolais que l’on ne veut pas voir prendre conscience de tous ses atouts. C’est l’homme dont on veut détourner l’attention de l’essentiel pour focaliser celle-ci sur l’accessoire. C’est l’homme qui vient de réaliser - juste pour l’exemple - l’exploit de vaincre Ebola à Djera sans de gros moyens ; ceux-ci ayant plutôt été destinés aux trois pays d’Afrique occidentale atteints.
A-t-on observé que Rfi fait peu cas de l’apport des experts RD Congolais en Guinée-Conakry, en Sierra Leone et au Liberia pendant qu’elle renchérit sur la contribution des Occidentaux - Français en tête - et, dans une moindre mesure, des Cubains et des Chinois ? Cet exemple, à lui seul, porte un message clair et net : les « commanditaires » ne veulent pas voir les Congolais debout et dignes, et cela fait bientôt 54 ans et demi. Etre debout et digne, c’est d’abord le devoir citoyen de Joseph Kabila Kabange.
« LA RDC APPELEE A ASSUMER SON LEADERSHIP »
Aussi, dans le cadre du XVème Sommet de l’Oif de Dakar - cette Oif dont Rfi semble avoir reçu mission de nous interdire d’être un acteur majeur - la RDC se doit de jouer sa partition. Celle d’assumer un leadership dicté par sa position géographique et géostratégique qu’elle n’a jamais choisie : être le point des rencontres entre l’Afrique francophone, l’Afrique anglophone, l’Afrique lusophone, l’Afrique arabophone et l’Afrique swahiliphone. Elle doit présenter au monde les atouts d’une position qui la rend incontournable. Elle doit communiquer le plus efficacement possible. L’histoire (nous) renseigne l’existence d’un certain droit de préemption sur l’ex-Congo belge. Peut-être que Rfi, sinon Boisbouvier, a pour consigne de nous y ramener, à défaut de nous y amener.
Dans ce contexte, les tirs croisés sur Joseph Kabila pour un article 220 - pourtant non soumis à la révision constitutionnelle - sont une diversion à laquelle, hélas !, certaines forces politiques et sociales, et non des moindres, donnent leur caution comme elles ne cessent de le faire depuis 1960. D’ailleurs, depuis 1960, elles ne rendent jamais compte de rien au peuple congolais. Omer NSONGO (Correspondance particulière)