Si, pour le rapporteur de la Ceni, il n’y aura aucune contrainte financière, nombre d’observateurs s’interrogent si le Gouvernement pourra seul financer les scrutins.
Où trouver environ 1,5 milliards de dollars américains, ou plus exactement 1,142 milliards USD, pour financer l’organisation des élections en RDC prévues de 2015 à 2016 ? Voilà la question qui est au centre du débat aujourd’hui après la publication du calendrier électoral global par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Car, avec un budget national ’environ neuf milliards de dollars américains, dont cinq milliards USD sur fonds propres et quatre milliards USD constitués d’apports extérieurs, la RDC ne semble pas à même de prendre totalement en charge les scrutins prévus par le calendrier global tant attendu. Mais, la Ceni, par la voix de son rapporteur Jean-Pierre Kalamba soutient que le Gouvernement sera à la hauteur, là où bon nombre d’observateurs, au vu de la faible capacité de mobilisation des recettes, sont plutôt d’un avis contraire, réalisme oblige.
Le rapporteur de la Ceni, Jean-Pierre Kalamba, soutenait hier qu’il n’y aura aucune contrainte financière pour la tenue des élections. Car, indique-t-il, le budget de 1,142 milliards USD, couvre une période de trois ans. Des fonds avaient été déjà décaissés au compte de la Ceni lors du budget 2014. Et, dans le budget 2015 en cours, il est aussi prévu des fonds pour l’organisation des élections et il en sera de même pour 2016.
La Ceni, ajoute son rapporteur, ne sera pas confrontée à un manque de moyens financiers pour la mise en œuvre du calendrier global dans le respect des délais. C’est comme si le Gouvernement congolais pouvait débloquer environ 400 millions USD par an pour réunir environ 1,5 milliards USD en trois ans et ainsi mieux se tirer d’affaire jusqu’en 2016 pour les scrutins prévus. L’affaire, à en croire le rapporteur de la Ceni, serait donc déjà dans la poche.
NOMBRE D’OBSERVATEURS SEMBLENT DUBITATIFS
Pour bon nombre d’observateurs, la déclaration du rapporteur de la Centrale électorale congolaise n’est pas parole d’évangile. Car, expliquent-ils, sur les cinq milliards USD de fonds propres dans le budget 2015, il ne faudrait pas considérer qu’il serait facile au Gouvernement d’extraire environ un milliard cinquante millions USD pour gagner le pari des élections. D’ailleurs, la quote-part du Gouvernement pour 2014 ne s’élèverait qu’à environ cent millions USD. Somme jugée insignifiante à cette allure de décaissement pour atteindre, même en trois ans, le budget de toutes les élections. Sinon, en trois ans, la RDC n’aurait réuni qu’environ trois cents millions USD et donc loin, très loin des moyens attendus. Pour les observateurs, seul le Gouvernement congolais ne réunira jamais le budget prévu par la Ceni pour organiser les élections dans les délais comme promis par la Ceni.
C’est là que l’on souhaite une contribution de la communauté internationale qui a tant insisté pour la publication d’un calendrier complet des élections en RDC et surtout pour la tenue des élections dans les délais. Car, soulignent les observateurs, il ne s’agit pas seulement d’exiger la tenue des élections dans les délais, mais aussi et surtout d’aider à la tenue effective de ces scrutins. Logiquement, la RDC n’étant pas en mesure, face aux multiples priorités, de réaliser seule ces opérations, la communauté internationale devrait mettre la main à la pâte pour que les objectifs assignés à la Ceni soient atteints dans les délais. Sinon, faute de moyens, il sera difficile à la Centrale électorale congolaise de tenir ses promesses. Or, toute idée de glissement étant suspectée, il est donc question d’avoir des moyens nécessaires pour organiser les scrutins dans les délais.
L’ONU S’ENGAGE A FINANCER LES ELECTIONS EN RDC
" Nous allons une fois de plus voir dans quelle mesure nous pouvons mobiliser la communauté internationale pour apporter ce qui manque le plus, c’est-à-dire l’argent pour financer ces élections. Nous allons donc contribuer à la mobilisation des fonds pour ces élections ", a indiqué hier le porte-parole intérimaire de la Monusco, Charles Bambara, au cours du point de presse hebdomadaire de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation au Congo (Monusco). Pour lui, les Nations unies sont engagées à financer les élections et le chef de la Monusco, Martin Kobler, rencontre régulièrement les ambassadeurs accrédités en République démocratique du Congo pour la mobilisation des fonds.
Et de poursuivre comme pour enfoncer le clou : " Vous savez que les agences des Nations unies sont très mobilisées autour du financement de ces élections. M. Martin Kobler, le chef de la Monusco, rencontre très souvent les ambassadeurs accrédités en RDC en séance de travail pour évoquer cela ". Le porte-parole intérimaire de la Monusco promet que " de plus en plus ces rencontres vont monter en puissance pour que les fonds promis par les uns et par les autres puissent être disponibles pour le déroulement de ces élections ". Comme quoi, l’ONU va s’impliquer pour apporter des moyens nécessaires pour la tenue des élections dans les délais en RDC.
MAIS, A COMBIEN POURRAIT S’ELEVER LA CONTRIBUTION DE L’ONU ?
Nombre d’observateurs ne semblent pas du tout considérer la promesse de l’Organisation des Nations unies comme de l’argent comptant. Surtout lorsque la contribution des Etats-Unis se limite à seulement 20 millions USD, du moins jusqu’ici. A cette allure, il ne serait pas étonnant que la contribution de la communauté internationale ne soit pas aussi significative qu’on l’espère pour tenir le pari de l’organisation des élections prévues par la calendrier global de la Commission électorale nationale indépendante. Car, s’interrogent les observateurs, au cas où l’apport de la communauté internationale ne serait pas suffisant, où trouver le reste d’argent sans tomber dans le cas de glissement ?
C’est donc là que se situe le vrai débat autour des élections en RDC. Et la communauté internationale connaît bien la situation du Congo-Kinshasa pour savoir qu’un budget de 1,5 milliards USD n’est pas facile à réunir. Surtout que les élections, même dans la meilleure des démocraties, ne sont pas une fin en soi. L’Etat a plusieurs priorités pour ne pas orienter ses maigres recettes seulement vers la tenue des élections. C’est dire, en un mot comme en mille, que l’on n’est pas encore sorti de l’auberge parce que rien n’est acquis jusqu’ici et le problème reste entier. KANDOLO M. & M. M.